« Le chef de l’Etat a dit que l’heure est grave. Lui-même a reconnu que l’heure est grave. Il dit à la face du monde jusqu’à quel gouffre il a poussé le Bénin. Et c’est très grave ! On lui a remis un pays et il vient nous déclarer que l’heure est grave. Ça doit retenir l’attention de tout le monde. Il parle de chiffres et on voit que les statistiques dont il parle sont des statistiques tirées, des statistiques, à la limite, artificielles qui ne cadrent pas avec la réalité.
Lorsque le chef de l’Etat parle de ces statistiques, on pense que le Bénin est un eldorado alors que c’est faux. Lorsque le chef de l’Etat parle de croissance de 6% et que depuis 1960, cette croissance n’a jamais été réalisée, c’est du leurre. Les premières heures du renouveau démocratique sous le président Nicéphore Soglo ; à la sortie de ce président en 1995, pour une croissance de -2%, il a fait passer la croissance du pays à près de 6%. Lorsque le chef de l’Etat parle du dialogue, il y a un préalable. C’est lui qui a ouvert un front de division du Bénin, de dislocation du pacte national en prononçant un discours dangereux le 1er août 2012. C’est à partir de ce 1er août 2012 qu’il a mis le Bénin dans cet état. Voilà un chef d’Etat qui, dans ses états, n’a jamais cru qu’il devait quitter le pouvoir. Il a pensé que lui, Yayi Boni, était devenu le Dieu vivant et, qu’en tant que Dieu vivant, lui Yayi Boni, pouvait rester advita eternum au Pouvoir. Il n’a jamais prévu ce qui se passe. Il a fallu la vigilance, la lutte et les risques que beaucoup de patriotes ont eu à prendre pour qu’on arrive à faire échec au plan de révision de la Constitution, pour qu’on arrive à faire échec à son rêve de mandat illimité. C’est dans ces conditions que le chef de l’Etat vient présenter son discours sur l’état de la Nation. Vous comprendrez que, même physiquement, c’est un homme défiguré et déconcentré parce que son rêve, le plus dangereux pour la Nation, a été mis en échec. C’est le discours d’un homme dont la conscience et l’identité sont en crise. C’est le discours d’un homme qui a pris tout le temps pour être pourfendeur de la démocratie. C’est un homme qui vient parler hypocritement des vertus de la démocratie ».
Propos recueillis par Thobias Gnansounou Rufino
(Br Ouémé/Plateau)