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Niger : renvoi au 15 janvier du procès d’un opposant accusé de trafic de bébés
Publié le vendredi 2 janvier 2015   |  AFP


Assemblée
© aCotonou.com par DR
Assemblée nationale de côte d’ivoire : séance solennelle d`ouverture de la 1ere session ordinaire 2013
Mercredi 24 avril 2013. Abidjan. Plateau, palais de l`assemblée nationale. Le président de l’assemblée nationale de côte d’ivoire, Guillaume Soro a présidé la première session ordinaire de l’année 2013. Photo: SEM Hama Amadou, président de l’assemblée nationale du Niger


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Niamey - Le procès pour trafic d’enfants présumé de l’ex-président du Parlement du Niger devenu le principal opposant au président Mahamadou Issoufou a été renvoyé pour des questions de procédure dès son ouverture vendredi en l’absence de l’accusé en fuite et qui crie au complot politique.

Le juge du tribunal correctionnel de Niamey a renvoyé au 15 janvier la
suite du procès de Hama Amadou jugé par contumace, et d’une vingtaine d’autres
co-accusés, dont son épouse, qui comparaissaient libres après cinq à six mois
de détention.

La dizaine d’avocats de la défense ont soulevé des objections, mettant
notamment en cause la compétence du juge pénal à juger le dossier sur le fond.
Après une interruption de séance, le juge a renvoyé l’affaire au vu "de la
qualité des pièces, et des éléments de droits fournis".

Issus des milieux politiques, économiques ou militaires nigériens, les
prévenus sont notamment accusés de "supposition d’enfant" dans le cadre d’un
trafic régional. Ce délit, qui consiste à attribuer la maternité d’un enfant à
une femme qui ne l’a pas mis au monde, est passible de deux à huit ans de
prison.

Le présumé délit a été commis au Nigeria voisin, a remarqué un avocat de la
défense, Me Mossi Boubacar. "Est-ce que vous avez, M. le juge, une décision de
justice devenue définitive d’une juridiction du Nigeria comme le prévoit la
loi?", a-t-il demandé.

"Il n’y a pas de victime, il n’y a pas de plaignants, même le Nigeria n’a
pas porté plainte", avait soutenu un autre avocat, Me Souley Oumarou.

L’épouse de M. Amadou, Hadiza, avait pris place dans le box des accusés,
les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil. A ses côtés, le ministre
de l’Agriculture, Abdou Labo, et son épouse, ainsi qu’un colonel d’armée et
son épouse.

Le palais de justice de Niamey avait été placé sous haute surveillance et
tout le périmètre a été bouclé par la police qui filtrait les entrées pour ce
procès qui a pris une dimension politique dans ce pays du Sahel, parmi les
plus pauvres du monde.

- Un procès ’politique’? -

Le climat s’est en effet tendu depuis que Hama Amadou est passé en août
2013 à l’opposition au président Issoufou, dont il avait permis l’accession au
pouvoir en avril 2011 grâce à une alliance de second tour.

Pour ses partisans, M. Amadou est désormais devenu le principal adversaire
du chef de l’Etat pour l’élection présidentielle de 2016.

L’ancien patron du Parlement, déjà remplacé à la tête de l’institution,
avait précipitamment quitté le Niger fin août, après que les députés aient
autorisé son audition par la justice dans l’affaire de trafic de bébés. Un
mandat d’arrêt a ensuite été émis à son encontre en septembre.

Depuis la France, M. Amadou n’a de cesse de dénoncer "un complot" du régime.

"Cette action présumée de trafic d’enfants, aucun élément n’a été fourni
pour l’étayer (...) C’est un dossier politique comme les autres", s’est-il
défendu.

Son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), accuse le pouvoir de
chercher à "abattre Hama".

La majorité défend fermement le bien-fondé de la procédure judiciaire.

"Fermer les yeux, c’est ça qui aurait été politique", a répliqué le
ministre de la Justice Marou Amadou. Pour lui, "ce dossier est un dossier de
droit commun" et "n’est donc pas politique".
- ’Usines à bébés’ -

L’affaire a par ailleurs mis en lumière le phénomène des "usines à bébés",
sortes de cliniques privées accueillant des femmes enceintes avant de vendre
leurs bébés. Ces "usines" sont régulièrement démantelées au Nigeria, grand
voisin au sud du Niger.

Le "réseau" sur lequel le tribunal correctionnel de Niamey doit se pencher
"concerne plutôt des femmes ou leurs époux qui n’arrivent pas à avoir
d’enfants et qui ont recours aux trafiquants", a expliqué à l’AFP une source
judiciaire.

Une trentaine de bébés, dont des jumeaux, sont concernés par ce trafic
entre le Nigeria, où ils ont été conçus par des mères anonymes, le Bénin par
où ils transitent, et le Niger où ils ont été emmenés, a précisé cette source.

Le parquet de Niamey assure disposer d’"indices" qui prouvent que les
"infractions sont établies", grâce à un "travail laborieux et méticuleux" mené
dans ces trois pays.

Pour Nouhou Arzika, un acteur de la société civile, "la procédure
d’instruction a été normale".
Mais l’affaire a vite pris une tournure très politique.
bh/jlb/tsz



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