En ce moment où le vent de la révision de la constitution souffle sur le Bénin, peut-on faire confiance aux initiateurs du projet ? Le devoir de mémoire nous interpelle et nous rappelle qu’il y a quelques mois, l’homme du changement avait déclaré : « Je vais mettre le pays à feu et à sang » Une belle phrase sortie toute fraiche du programme de développement de la refondation. Voilà, le vocabulaire inspirant et enrichissant mais surement macabre que l’homme nous a habitué ces sept pénibles années. Yayi Boni, puisqu’il faut l’appeler par son nom, a récréé et réinvité le soi-disant amour de son pays. En 2006, les Béninois voulaient un sauveur, ils ont eu un dieu. Le Messie est mort à Jérusalem, il a été réincarné à Tchaourou. Sous ses airs de prince sans royaume, il vient de mettre le cap sur la révision de la constitution malgré les multiples appréhensions des citoyens toutes tendances confondues.
De Gaulle avait pourtant prévenu « on ne fait pas de politique en dehors des réalités ». Mais face aux 10 millions d’attardés que nous sommes, lui, Yayi Boni élu par K.O chef de l’État, premier Magistrat, Chef suprême de l’armée, Ministre de la défense, Ex directeur de la BOAD, ex – président de l’Union Africaine et que sais-je encore, qu’est-ce qui va foutre de nos opinions : nous sommes trop petits, avait-il dit.
L’homme est prêt à tout pour assouvir ses ambitions. Or il devrait savoir que, ce qu’on fait pour le peuple sans le peuple est contre le peuple. Pourtant l’urgence dans ce pays est bien ailleurs. Le Nigeria et le Togo coupent chaque jour leur part du territoire. Non, cela ne l’intéressait pas, il veut organiser l’insurrection d’abord. L’insécurité galopante avec des coupeurs de route qui ont réussi à tuer de hauts gradés de la police. Non, cela ne l’intéresse guère, il veut soulever les siens contre le reste des Béninois d’abord ! Pour contrer la cherté de la vie, il attend l’hypothétique pétrole, l’uranium ou l’or.
Réviser la constitution pour quoi faire ?
Le pays a des problèmes plus importants : les questions économiques, le chômage de masse, les inégalités sociales méritent qu’on s’y attarde au lieu de prendre tout le pays en otage dans une distraction constitutionnelle et nous éloigner de nos réalités. L’intention de Yayi Boni est claire et derrière son air innocent se cache un venin qui finira par paralyser tout le pays. Sa politique de la terre brûlée qui consiste à nuire systématiquement à tous ceux qui s’opposent à ses intentions iniques n’est que le début de l’apocalypse qui attend le peuple béninois. Si le délit de rencontre a permis à l’homme d’avaler d’un coup de gueule l’expert-comptable Johannes Dagnon et Pamphile Zomahoun ne suffisait pas, l’embuscade tendue au juge Angelo Houssou qui a permis de le ramener chez lui comme un enfant perdu n’a fait qu’officialiser le vrai visage de l’homme et de son régime. La triple sortie des sbires du pouvoir, Eugène Dossoumou, Chabi Sika, Amos Elègbè ces derniers jours et la déportation de Robert Dossou de la cour constitutionnelle montrent que la congrégation FCBE est prête pour la béatification de Yayi Boni. Pour Robert Dossou, il devrait s’en prendre à lui-même. Avec sa longue expérience politique, il devrait savoir, que l’on met au monde un monstre, on ne doit pas avoir honte de se promener avec lui en public.
A vouloir jeter le monstre avec son cordon ombilical dans l’océan, il s’est fait excommunier. Robert Dossou avait la chance de sauver ce pays, mais il s’est contenté, en petit garçon respectueux, de voir passer devant lui le cadavre de la démocratie béninoise sans même une oraison funèbre. A force d’accepter tout et tout à la tête de la cour constitutionnelle, il est devenu la mauvaise graisse. La vraie décision revient à Yayi Boni de choisir entre le destin Alpha Oumar Konaré ou de Nicolae Ceausescu. Il a eu sa chance, un mandat constitutionnel et un autre par procuration. Qu’est ce qui veut encore ? A vouloir être César à tout prix, on meurt en Pompée. S’il veut mourir les armes à la main comme il le dit, il peut le faire dans la discrétion de ses nombreuses maisons ; pas sur la place publique. Ne soyons pas dupe et restons vigilent et prêt à défendre notre pays. Si Yayi Boni ne le sait pas encore, un passage en force dans ce dossier sera pour le Bénin, ce que la liaison entre le nitrate et la glycérine est à la chimie : la dynamite !
Avant tout la nation est le seul bien qui nous reste dans ce Bénin avarié, dans ce Bénin de « l’argent qui corrompt, qui achète, qui écrase, qui tue, qui ruine et qui pourrit jusqu’à la conscience ». Yayi Boni cherchait un prétexte pour concrétiser son rêve de soulever les siens, d’organiser l’insurrection et de mettre le pays à feu et à sang. La révision de la constitution lui en donne l’occasion. L’heure a peut-être sonné pour certains d’entrer dans l’histoire et d’autres d’en sortir.