Entretien avec Fortuné Dégbégni, président du Comité d’organisation de Miss-Bénin : "nous avons décidé de corriger le déficit en communication et d’imprimer un tout nouveau format à l’événement"
Après neuf ans d’organisation régulière de la compétition de beauté Miss Bénin, Fortuné Dégbégni, président du comité d’organisation de cet événement culturel fait le bilan et parle des innovations dont a besoin cette manifestation pour grandir davantage et rendre plus compétitives les élues béninoises au plan international.
Vous avez organisé successivement 09 éditions du concours miss-Bénin. Que pouvons-nous retenir de l’image de cet événement après tout ce temps ?
Le bilan est considérablement positif sur les plans humain, culturel, socio-économique et événementiel.
Sur le plan humain, les filles qui ont effectivement participé au concours Miss Bénin depuis 2006, sont au nombre de 324. Même non retenues comme lauréates, ces filles capitalisent aujourd’hui leurs expériences sur le plan socioprofessionnel.
Au plan culturel, avec l’évènement Miss Bénin réalisé de manière rigoureuse et qualitative, l’espace culturel béninois dispose d’un produit devenu incontournable. Miss Bénin donne l’occasion à plusieurs artistes béninois chorégraphes, musiciens, décorateurs, plasticiens, danseurs… d’utiliser cette vitrine pour se faire connaître, se confirmer, s’affirmer et se vendre. Notre évènement culturel offre aussi la possibilité aux techniciens de l’industrie culturelle de progresser à travers les régies lumière et son, le cadrage des photos et le tournage des séquences. Miss Bénin permet aussi aux télévisions de la place de fidéliser une audience à la beauté. Miss Bénin est donc un puissant promontoire culturel.
Sur le plan socio-économique, au terme de chaque édition, les lauréates repartent avec des lots. Ce qui fait neuf (09) jeunes Béninoises avec un statut social radicalement changé. Aujourd’hui, plusieurs d’entre elles vivent à l’étranger. Celles qui résident au Bénin, continuent d’utiliser chacune, la voiture qu’elles ont gagnée grâce à Miss Bénin.
Sur le plan évènementiel, tous les acteurs et les prestataires de services qui ont œuvré avec le comité sur chaque édition ont acquis une expérience en la matière. Ce qui a permis au Bénin d’avoir des acteurs de la scène mieux aguerris.
Au-delà de ces aspects quantifiables, il y a les objectifs majeurs que nous avons atteints qui sont : toiletter l’évènement Miss Bénin, préserver les acquis, susciter la participation des Béninoises qui répondent aux critères, puis assurer une organisation d’un standard supérieur à ce que les ressources disponibles nous permettraient de réaliser.
Est-ce qu’on peut dire que ce bilan est satisfait ?
Sur le plan moral, l’Association Culturelle Miss Bénin (Acmb) éprouve une satisfaction légitime. Convaincus de la justesse de l’entreprise Miss Bénin, nous sommes fiers de cette satisfaction morale. Depuis 9 ans avez-vous entendu ce qu’on entendait facilement avant : « Ma fille a été chosifiée », « Je suis harcelée », « La gagnante était connue à l’avance », « C’est leurs petites copines qui sont toujours couronnées »…
Sur le plan financier, ce n’est pas encore l’eldorado. Le financement du secteur culturel n’est pas attractif, et chacune des neuf (09) éditions a connu un déficit important. Heureusement que l’appréciation de l’opinion publique est un baromètre qui nous permet de jauger le niveau de la tâche abattue et cela est un peu galvanisant. Au moins, nous sommes convaincus de contribuer dans la mesure de nos moyens, au développement culturel de notre pays.
Certaines personnes estiment que l’évènement manque de visibilité et de compétitivité de l’élue sur la scène internationale. Des réformes ont été annoncées à cet effet. Qu’en dites-vous ?
Nous avons effectivement lu dans certains journaux de la place, des articles relatifs aux déficiences dues au manque de ressources financières ainsi qu’à la qualité morale des membres du comité d’organisation. La critique est facile pour qui ne se joint pas à l’œuvre. Remédier au déficit de communication et assurer la compétitivité de l’élue sur la scène internationale font partie des objectifs que nous nous sommes fixés. Nous savons tous que « Paris n’a pas été construite en un jour ». Considérant la perception du citoyen lambda sur Miss Bénin aujourd’hui, force est de reconnaître que beaucoup de tâches ont été abattues. Selon les avis des membres de l’Association qui savent très bien de quoi il est question, s’il y a des réformes envisageables, elles ne peuvent être que financières. Toute autre forme de réforme sera superflue et injustifiée.
Le processus de la 10ème édition du concours Miss-Bénin est enclenché depuis octobre 2014. Quelles sont les innovations qui marqueront cette édition ?
A chaque édition, nous apportons des innovations, et par la même occasion, nous nous attelons à atteindre un ou plusieurs objectifs selon les ressources financières que nous parvenons à mobiliser. Pour cette édition 2015 qui marque la 10ème édition qu’organisera l’actuel Comité, nous avons décidé de corriger le déficit en communication et d’imprimer un tout nouveau format à l’événement Miss Bénin.
Comment êtes-vous parvenu à avoir l’exclusivité de l’organisation de Miss Bénin ?
C’est une longue histoire sur laquelle je ne saurais revenir dans les moindres détails. Il faut juste retenir qu’au lendemain de Miss Bénin 2005, plus personne ne voulait toucher à Miss Bénin. Fort de mon expérience dans l’organisation des Kora et de Miss Malaïka, j’ai demandé à reprendre en main l’organisation de Miss Bénin. Les responsables en charge de la Culture, au vu de mon expérience, m’ont demandé d’attendre, le temps de s’assurer que le Comité d’organisation de l’édition 2005, ou une autre structure n’était plus intéressée. Il a fallu attendre Juillet 2006 pour que me soit confiée l’organisation.
Quel est l’apport financier du gouvernement béninois dans l’organisation de Miss-Bénin ?
Nous ne cesserons de remercier le gouvernement pour le soutien financier et moral qu’il apporte à l’organisation de Miss Bénin. Ce soutien n’est pas fixe. Selon les années, il peut être plus ou moins encourageant. Cependant, nous souhaitons que le gouvernement revoie à la hausse son soutien à l’organisation de Miss Bénin pour nous permettre, d’organiser un événement qui fera notre fierté à nous tous. Nous avons un potentiel culturel qui ne demande qu’à être exploité et les belles, intelligentes et instruites jeunes filles béninoises ne sont pas rares dans notre pays.
Sans l’appui financier du gouvernement, l’Association Culturelle Miss Bénin peut-elle organiser le concours ?
La question est pertinente. Il n’y a plus de pays où le gouvernement est directement impliqué dans l’organisation des Concours de beauté. Au Bénin, compte tenu entre autres de la faible densité du tissu économique, le gouvernement doit encore accompagner la structure en charge de l’organisation du Concours. A notre connaissance, en Afrique, tous les gouvernements soutiennent l’organisation du Concours National de Beauté. La question ne se pose pas par rapport au soutien ou non du gouvernement, mais plutôt par rapport à la consistance de ce soutien.
De quoi a besoin actuellement l’organisation de Miss Bénin ?
La meilleure des réformes dans le contexte actuel est d’améliorer la capacité financière de l’évènement. Toutes les autres formes d’apports peuvent être considérées sous la forme de conseils, de critiques constructives, de collaboration et pourquoi pas d’adhésion à l’Association Culturelle Miss Bénin. L’Acmb est ouverte à toutes les personnes qui souhaitent y adhérer dans le respect des textes, des règles de probité et d’honnêteté.
Propos recueillis par Isac YAÏ