Pour des célébrations cultuelles et culturelles
(Adeptes et dignitaires au couvent pour honorer les mânes des ancêtres)
La 22e édition de la fête nationale du culte Vodoun a lieu sur toute l’étendue du territoire national demain samedi. C’est la ville de Kétou dans le Plateau qui a été choisie pour abriter les manifestations officielles. Votre journal vous propose ici un grand dossier sur cet évènement qui rappelle aux Béninois, le sens que revêtent les religions endogènes.
« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme ». Cette citation est du journaliste franco-camerounais de Rfi Alain Foka. Le Vodoun fait partie de l’histoire du Bénin et nul n’a le droit d’effacer les pages de son histoire. Selon le dernier recensement, les animistes représentent 17% de la population nationale. Chaque année, les adaptes et dignitaires font le tour des pages de l’histoire de la tradition primordiale vodoun en communiant le 10 janvier dans les couvents. Ils sont parés pour l’occasion de leurs plus beaux habits, de leurs plus beaux bijoux. C’est également ce jour que les différentes divinités du culte sont célébrées et magnifiées dans l’immensité de leur grandeur. Cette année encore, l’évènement aura lieu et les préparatifs vont bon train pour une fête réussie. Sur le plan national, c’est la commune de Kétou dans le département du Plateau qui a été choisie depuis l’année dernière, après Abomey-Calavi pour les manifestations officielles. Mais en dehors de cette ville, plusieurs localités du Bénin vibreront aux rythmes et tambours sacrés de la tradition Vodoun. A Ouidah par exemple, ville chargée d’histoire, un programme est concocté déjà et sera suivi demain pour les grandes cérémonies dans ce cadre. A Abomey, Abomey-Calavi, Comé, Grand-Popo, Houéyogbé, Lokossa etc, la tradition sera respectée. Ceci à travers des sacrifices, des prestations spectaculaires et féériques. Après les fêtes de fin au Bénin, les regards sont automatiquement tournés vers la date du 10 janvier. Seulement, beaucoup de béninois ne connaissent pas les origines de cette fête. C’est l’exemple de cet étudiant au département d’histoire et archéologie de l’université d’Abomey-Calavi que nous avons croisé dans le jardin université ce mardi d’harmattan. Il avoue ne rien savoir sur les tenants de cette fête dont certains de ses camarades ont pu nous donner ses origines. Pour eux, c’est une fête initiée par les Présidents Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou. Jacques Amoussou étudiant à la Faseg nous apprend avec insistance que le 10 janvier est initiative de Nicéphore Soglo pour rendre hommage à la tradition primordiale vodoun qui l’a épargné du pire. Un autre d’une autre faculté déclare : « Au départ, les gens ont dit que les chrétiens ont plusieurs fêtes et que le Vodoun n’a pas de fête. C’est peut-être à cause de cela que les gens ont décidé de la célébration de cette journée. C’est le président Dieudonné Soglo qui a pris en son temps un décret présidentiel. Quand Kérékou est venu, il a introduit une loi à l’Assemblée nationale et elle a été votée par les députés. C’est la continuité de l’œuvre de Soglo ». Dans cette variété de déclaration, il est difficile de savoir exactement celui qui dit la vérité.
Les autres origines de la fête du Vodoun
10 Janvier, c’est désormais connu de tous comme journée nationale de la fête du Vodoun au Bénin. Une fête est initiée par le Président Nicéphore Soglo, certainement reconnaissant aux vodouns grâce auxquels, il fut désenvouté. Décrété en 1992 comme journée nationale des religions endogènes, le 10 janvier est institué en 1994, comme journée chômée payée.Outre cette raison, la fête du 10 Janvier vient réhabiliter le culte Vodoun et valoriser la culture endogène. Une oeuvre poursuivie par le Président Mathieu Kérékou, pour accroitre la visibilité du Bénin reconnu dans le monde entier comme étant le berceau du vodoun. Le Vodoun est une appellation fon qui veut dire en yoruba « dieu ». Il est répandu à travers des pays dans le monde dont le Brésil, le Cuba, le Togo, le Ghana etc.Une chose est sûre, la fête du vodoun a eu lieu pour la première fois en 1992, deux années après la conférence des forces vives de la nation de février 1990, sous le règne de l’actuel maire de la ville de Cotonou.
Le vrai initiateur du 10 janvier
Hounon Gazozo, Sossa Guédéhoungué et Dagbo Hounon, coinitiateurs de la fête du 10 janvier.
« Ces deux sont les tous premiers initiateurs du 10 janvier. C’est après que Sogloa pris une loi pour consacrer cette date et cela a été voté plus tard. Ces médecins traditionnels de haut niveau devraient être consacrés, immortalisés. Si on met leurs statues géantes à l’entrée de Cotonou, le Bénin va encore fait parler de lui dans le monde. Le Bénin est un pays de haute culture que beaucoup respectent ». Telle est la déclaration de HounonGazozo, guérisseur, spiritualiste, adepte du culte Vodoun et secrétaire général du syndicat national des médecins intellectuels traditionnels et assimilés du Bénin (Synamitrab). On laisse donc à chacun le choix des origines de cette fête, à la lumière de ces avis partagés. Quelque soit sa paternité, la fête du vodoun reste une fête nationale pour les béninois, le vodoun en lui-même, est une richesse culturelle valorisée et valorisante.
Les divinités célébrées à la fête du Vodoun
Selon plusieurs adeptes et dignitaires du culte vodoun avec qui nous avons eu des échanges, on ne peut jamais célébrer le 10 janvier sans le Sakpata, le Gou, le Dan et le Hêviosso. HounonGazozo précise qu’unHounonquel que soit sa taille, sa grosseur, ses merveilles, ne peut célébrer le 10 janvier sans accorder une place de choix à ses divinités sur-citées. Et donc, le samedi, à Kétou et partout ailleurs au Bénin, toutes ces divinités et leurs associées seront à l’honneur. Chacune d’elle est caractérisée par des accoutrements et des danses appropriées.
Doit-on continuer à voir le vodoun comme source de malheur ?
Pour les Hounons, Hounongans et adeptes, la réponse est « non ». Pour la plupart, le vodoun ne fait que du bien. Mais dans une interview il y a quelques années à la veille du 10 janvier, Dah Aligbonon, insiste sur le bienfait du vodoun, seulement qu’il y a des gens qui sont tapis dans l’ombre et utilisent cette richesse culturelle pour faire du mal. On comprend qu’en réalité, le vodoun en soi n’est pas le diable, le satanisme. Ces propos sont renchéris par Hounon Gazozo qui avec fermeté déclare « Vodoun organise la société. C’est le vodoun qui a œuvré pour que l’homme soit en harmonie avec le cosmos. Vodoun, ce n’est pas le malheur. Les religions importées tentent de mettre ça dans la tête de leurs fidèles.Le 10 janvier, c’est la fête nationale de tous les béninois. Parce qu’il n’y a pas de famille au Bénin, où on ne retrouve pas de Vodoun. Aujourd’hui, nous avons des chrétiens et évangélistes toutes tendances confondues. Ils ont leurs racines dans la tradition avant de la nier. Même s’ils nient, ça demeure têtu. Alors, le 10 janvier est consacré à la retrouvaille, à la prière pour les fils du Bénin, pour les autorités afin qu’elles soient inspirées pour bien gérer le pays. Ceci est marqué par des manifestations cultuelles et culturelles. Que les gens cessent de diaboliser le vodoun ».
Le vodoun, une religion endogène et non un culte endogène
Il n’est pas rare d’entendre des gens dire, «le culte vodoun ». Cela est souvent constaté tant chez les avertis que chez les profanes. Mais en réalité, c’est une déformation linguistique nous informe un Hounon. Pour ce dernier, le culte est l’ensemble des différentes étapes de la célébration d’une messe. Le vodoun est au-delà. C’est un ensemble, ce sont les mathématiques, la chimie etc. Il ne faut donc pas le réduire à un culte.
Même des prophètes ou savants ont été initiés au vodoun dans le couvent
Alphonse Gazozo nous apprend que de grands prophètes ou savants grecs ont été initiés sous le pharaon d’Egypte dans des couvents. Ce gardien de la tradition s’exprime en ces termes avec précision. « Je veux citer par exemple Abraham. C’est en Afrique sous le pharaon d’Egypte qu’il a été circoncis au couvent à 42 ans. C’était une exigence. Il s’appelait Ben. C’est après cette cérémonie qu’on lui a donné ce nom. Au départ, c’est Ib-ra en langue pharaonique. En français, ça veut dire le siège de la conscience, du cœur comme organe. Le dieu du soleil est dans mon cœur. C’est par déformation qu’on l’appelle Abraham. Je ne suis pas la première personne à le dire. Il y a aussi Charles Coovi Gomez. En dehors de Abraham, il y a Moïse qui a été circoncis en Afrique. Jésus est a été en Afrique quand le roi Hérode voulait le tuer. Sa maman a fui pour aller trouver refuge en Afrique. Les ancêtres les ont bien protégés. Si vodoun est source de malheur, pourquoi ils sont allés là-bas ? L’un des touts premiers savants, Thales Milet, est allé en Afrique étudier les mathématiques au couvent. Après lui, il y a Pythagore et bien d’autres. Ça veut dire que le vodoun est incontestable. Et d’ailleurs, vous devez savoir que le vodoun a donné naissance au christianisme, à l’Islam et à toutes les autres religions dites révélées. 2000 ans avant Moïse, 3000 ans avant le christianisme, nous on adorait Dieu. Dieu n’est pas une invention des autres. Ils ne peuvent pas enseigner aux africains ce qu’est Dieu. Quand on prend le papyrus d’Ani, tout est dedans ».
Boni Yayi très attendu à Kétou aux côtés des Hounon et Hounongan
Depuis son accession au pouvoir, le Président Boni Yayi n’a jamais assisté aux manifestations officielles de la fête du 10 janvier, considérée par beaucoup comme une manifestation nationale. Il est vrai que chaque année, le gouvernement donne une enveloppe financière aux dignitaires dans le cadre de l’organisation des manifestations officielles, mais ce n’est pas fini. Certains sont mécontents et exigent sa présence à la fête de vodoun avant la fin de son mandat. Très souvent, le 10 janvier, le Président de la République voyage. On ne sait pas si ce serait encore le cas cette année. En tout cas, jusqu’à l’heure où nous mettons ce dossier sous presse, aucun communiqué officiel n’a signalé un voyage pour Yayi demain. Beaucoup espèrent le voir à Kétou. S’il venait à le faire, ce serait une première. On a souvent vu le Président aux manifestations de la Gaani, et cela poussent certains à dire que c’est un manque de considération vis-à-vis de la tradition, notamment les mânes des ancêtres. C’est du moins l’analyse que fait Gazozo. « La Gaani, c’est une fête traditionnelle, mais il doit savoir qu’entre la Gaani et la fête du vodoun, il n’y a pas de différence. La fête nationale du 10 janvier, c’est le sommet de toutes les fêtes qui s’organisent dans chaque couvent régulièrement chaque année par les phratries ou des royautés. Il doit répondre au 10 janvier, il doit venir. Nous allons lui suggérer même d’ériger un grand Tolègba sur la place de l’étoile rouge. Pourquoi ne pas réaliser la statue des feus Sossa Guèdèhounguè et de Dagbo Hounon, initiateurs du 10 janvier », a-t-il martelé. Il peut être évangéliste comme le disent certains dans l’opinion publique, mais en tant que Chef d’Etat, il doit se mettre au-dessus de la maillée. On attend donc de voir si le locataire de la Marina répondra effectivement à l’appel.
Des dignitaires souvent divisés autour de l’argent
Principal outil de promotion de la paix au Bénin dès sa genèse, la fête du 10 janvier perd d’année en année ses lettres de noblesse. Et pour preuve, la division au sein des dignitaires autour de la subvention à leur octroyer par l’Etat béninois. On a l’impression que les valeurs morales et éthiques dont ils sont les principaux gardiens, disparaissent en face des billets de banque. Des coups bas, des querelles entre adeptes, prêtres du vodoun et dignitaires défraient la chronique à l’approche et même après la fête du vodoun qui devrait être source d’unité et de paix. Mieux, les troubles sociaux ne cessent de s’accroître au Bénin et la sorcellerie qui est un grand secret des initiés du troisième âge, est aujourd’hui la chose la mieux partagée par les moins jeunes. On se demande alors s’il ne serait pas bien que le gouvernement suspende cette aide un jour, pour que cessent les querelles et les grincements de dents.
Encadré
La lumière des saintes écritures sur la fête du 10 Janvier
L’erreur de ceux qui adorent les forces naturelles
Sagesse •13 1 L’incapacité naturelle des humains se révèle dans leur ignorance de Dieu. Tout ce qu’ils admirent de valable ne les a pas amenés à connaître Celui-qui-est. Ils en sont restés aux œuvres et n’ont pas reconnu l’Artisan !
2 Ils ont regardé comme des dieux gouverneurs du monde, aussi bien le feu que le vent, l’air léger, le firmament étoilé, l’eau impétueuse ou les luminaires du ciel.
3 Fascinés par tant de beauté, ils les ont considérés comme des dieux ; mais alors, n’auraient-ils pas dû savoir que leur souverain est plus grand encore ? Car ce ne sont que les créatures de celui qui fait apparaître la beauté.
4 S’ils ont été impressionnés par leur force et leur activité, ils doivent comprendre que leur Créateur est encore plus puissant. 5 Car la grandeur et la beauté des créatures donnent quelque idée de celui qui leur a donné l’être.
6 Mais sans doute il ne faudrait pas trop blâmer ces gens-là : peut-être se sont-ils égarés alors qu’ils cherchaient Dieu et voulaient le trouver. 7 Ils étudiaient les créatures qui les entouraient, et ce qu’ils voyaient était si beau qu’ils en sont restés à l’extérieur.
8 Pourtant, même ainsi, ils ne sont pas excusables : 9 s’ils ont été capables de scruter l’univers, comment n’ont-ils pas découvert d’abord celui qui en est le Maître ?
Conséquences du culte des idoles
Sagesse •14 22 Une telle erreur dans la connaissance de Dieu ne leur suffisait pas. L’ignorance les a amenés à de telles contradictions qu’ils ont regardé comme normaux les pires excès : 23 les meurtres d’enfants offerts en sacrifice, les rites secrets, les orgies furieuses et extravagantes ! 24 Plus la moindre pureté dans leur vie ou leur mariage : on supprime l’autre par traîtrise, ou on le déshonore par l’adultère.
25 Partout ce n’est que sang et meurtres, vols, fraudes, corruption, mauvaise foi, révoltes, parjures, 26 désarroi des gens de bien, oubli des bienfaits, scandales, pratiques contre nature, désordres dans le mariage, adultère, débauche.
27 Le culte de ces dieux qui n’en méritent pas le nom, est le commencement, la cause et le terme du mal.
28 Il y en a qui aiment s’exciter jusqu’au délire, et alors ils rendent des faux oracles. D’autres vivent dans le mal et vont jusqu’à se parjurer ; 29 vu qu’ils s’appuient sur des idoles sans vie, comment auraient-ils peur que leurs faux-serments soient punis ?
30 Mais ils seront châtiés en toute justice pour ce double motif : d’abord, parce qu’ils ont méconnu Dieu en s’attachant à des idoles ; ensuite, parce qu’ils ont fraudé, faisant de faux-serments au mépris de ce qui est sacré. 31 Même si les idoles sont impuissantes, le châtiment réservé aux pécheurs atteindra les impies.
Source : Bible