Le roi du tchinkoumè n’est plus. Anatole Houndeffo de son nom d’artiste «Alokpon» est décédé hier, lundi 24 juin 2013 au Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga à Cotonou. Il y a été admis quelques jours plus tôt à cause, selon ses proches, d’un hématome au cerveau. Mais il n’a pas survécu aux soins intensifs des urgences de cet hôpital. Des sources proches de la famille du défunt soulignent cependant que son mal serait occulte. Une rivalité entre l’un de ses frères autour de l’exploitation d’une réserve de terre de leur maman serait la cause de la maladie du roi du tchinkoumè. Une perte incommensurable pour la musique traditionnelle béninoise. Précurseur du tchinkoumè, un rythme traditionnel de Savalou, département des Collines, Anatole Houndéffo a animé de milliers de scènes de cérémonies et de spectacles. Dans les années 70, l’ampleur qu’a prise ce rythme a amené Stan Tohon à le moderniser. Le roi Alokpon avait à son actif plus d’un soixante d’albums produits depuis 1969. A cet effet, il avait été désigné premier musicien traditionnel du Bénin. Mais l’homme a aussi excellé dans l’agriculture. Il a été élu, dans les années 2000, premier cultivateur de noix d’acajou, d’igname, de manioc et premier producteur de vin de palme dans la sous-préfecture de Savalou. Alopkon s’est installé depuis toujours à Ouèssé, un arrondissement de la commune de Savalou. « Issu de l’ethnie Mahi, Alokpon est un villageois (au sens noble du terme), qui partage sa vie entre l’amour de la terre et le rythme tchinkoumé, dont il est le roi », a écrit l’autre. Selon la légende, le tchinkoumè viendrait d’Abomey, mais la rareté de l’argile autour de Savalou empêchait la fabrication de bonnes percussions, c’est pourquoi la gourde – ou Gota – a été choisie. Cette calebasse géante évidée produit un son de basse sur lequel se calent les 23 musiciens et danseurs de son groupe.