Entre temps plombées par le soulèvement populaire burkinabè qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir, les marches de la majorité présidentielle ont repris au Bénin. Non pas sans avoir reçu un coup de pouce des partis de l’opposition qui, par trois fois, ont rejoint les «mouvanciers» dans cet exercice dans lequel ils excellent depuis 2006. Seulement, le discours tenu lors de ces marches pour soutenir, s’il en avait encore besoin, Boni Yayi est maladroit.
Les membres de la majorité présidentielle ne disent pas souvent la vérité aux populations qu’ils associent à leurs différentes marches de soutien au Chef de l’Etat. Aux vœux de l’opposition de voir les élections se tenir à bonne date, les marches de la majorité présidentielle constituent désormais une occasion pour servir une autre vérité aux populations. Pour la majorité en effet, c’est parce que les partis d’en face voient d’un mauvais œil les réalisations de Boni Yayi qu’ils se soulèvent contre lui. Ce qui n’est pas vrai. Même s’il s’agit d’une action politique, les politiciens doivent la vérité au peuple.
D’abord, l’opposition, désormais rejointe par la Renaissance du Bénin (Rb), un parti participant pourtant à la gestion de l’Etat, ont marché à trois reprises pour réclamer la tenue des élections municipales, communales et locales qui auraient pu être organisées en mars 2013. Ensuite, ces formations politiquent ne souhaiteraient pas un éventuel couplage avec les législatives, vu le retard observé par les premières. Enfin, l’opposition voudrait que les législatives de 2015 se tiennent à bonne date constitutionnelle.
Mais, sur le terrain, c’est un autre discours que tient la majorité présidentielle aux populations, du genre : les réalisations du Chef de l’Etat sont mal vues par l’opposition. Or, sur ce plan, un président de la République est élu pour travailler à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes et au développement de son pays. C’est pour cela qu’on lui accorde des budgets et qu’on ratifie des accords. L’argent de l’Etat est mis à sa disposition pour travailler et produire du résultat. Que Yayi réalise des infrastructures sociales, économiques, énergétiques, routières, sanitaires etc. ne relève que de son devoir de Président de la République. Il en portera le bilan pour toujours. Bon ou mauvais. Ses prédécesseurs, les Présidents Mathieu Kérékou et Nicéphore Dieudonné Soglo sont comptables de la gestion qu’ils ont faite du Bénin. Nicéphore Dieudonné Soglo, s’il faut le citer, en prenant les rênes du Bénin en début des années 90 en tant que Premier ministre puis Président de la République, a hérité d’un pays économiquement à terre : faillite bancaire, social, économique… Les problèmes sociaux, notamment le non-paiement des salaires aux travailleurs sur plusieurs mois, les ont poussés dans les rues pour sonner la fin du régime révolutionnaire par la tenue de la Conférence des forces vives de la Nation. En six ans, Soglo aura redressé le pays et réaliser une croissance économique positive. Aujourd’hui, il est cité en exemple. Le bon exemple ! Le Général Kérékou a ensuite apporté sa pierre à la construction du pays. On lui doit l’unité nationale. Yayi devra aussi travailler à cela. Lui qui a eu la chance de bénéficier de deux mandats. Ses réalisations ne doivent pas être des arguments de division des Béninois. Les Béninois le connaissent infatigable, déterminé, soucieux de leurs problèmes, comme il le laisse croire à travers ses discours plus que les actes. Tout ceci est d’abord pour les populations et à son actif. Mais si cela devrait pousser à la partition du pays, ce serait dommage.
Ses thuriféraires devraient reconnaitre à l’opposition, son rôle dans un système démocratique, qui est entre autres de critiquer pour faire travailler le Président et son gouvernement, de contrôler tous les actes et d’en sortir surtout les points faibles et les mauvais actes. Il revient à Boni Yayi d’apporter les preuves de ce qu’il fait de bien. De là, exposer les opposants comme des jaloux des réalisations du Président comme s’il s’agissait d’une scène de ménage, avilit le débat citoyen. Il faut dire la vérité au peuple.