Le président Yayi Boni ne devrait pas être tout à fait heureux, le vendredi dernier. A l’occasion de la présentation des vœux des institutions, il a entendu beaucoup de messages qui se cristallisent à l’abandonner. Les discours les plus percutants ont été ceux du président de la Cour constitutionnelle et du président de l’Assemblée nationale.
Le président de l’Assemblée nationale, Mathurin C. Nago, a utilisé des mots simples, mais pleins de sens pour stigmatiser les agissements du président de la République, Yayi Boni. A l’entame de ses propos, M. Nago a affirmé : « Ce jour est un jour sacré car, il nous donne l’occasion, aujourd’hui comme hier, d’émettre des vœux francs et sincères à l’endroit de ceux qui nous sont chers, ceux dont les responsabilités, nobles et difficiles, engagent le présent et l’avenir de la communauté nationale, afin qu’ils puissent s’acquitter, avec succès et efficacité, de leur délicate mission. » Abordant, dans la franchise, l’axe de son discours relatif aux deniers publics, Mathurin Nago, sans avoir froid aux yeux, a lancé : « Si le Parlement béninois participe pleinement à la mobilisation des ressources financières aux côtés du gouvernement pour le développement du pays, il se fait également le devoir d’en assurer le contrôle de l’utilisation correcte par l’Exécutif, conformément aux dispositions et procédures en vigueur. » Après avoir rappelé les actions menées dans le cadre de la fonction de contrôle de l’action gouvernementale, le président du Parlement béninois a fait observer que « l’Assemblée nationale a tenu à accomplir, avec sérieux et responsabilité, cette mission de contrôle de l’action gouvernementale parce qu’elle répond à la fois à une obligation constitutionnelle et à une exigence de plus en plus forte du peuple. »
Profond regret
Le président Nago a fustigé l’attitude du gouvernement qui ne permet pas au Parlement d’aller au bout de sa mission. Il l’a regretté publiquement en martelant que « ce manque d’intérêt de certains membres du gouvernement se traduit notamment par le peu d’empressement de ceux-ci à répondre aux questions adressées par les députés. Cet état de chose ne favorise pas une saine collaboration entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. » Au professeur d’ordonner : « Le gouvernement, quel qu’il soit, doit se faire l’impérieux devoir de fournir, chaque fois que de besoin, des réponses claires, précises et justes aux représentants du peuple qui constituent un formidable relais pour la vulgarisation et la visibilité des actions gouvernementales. (…) En définitive, il s’agit d’un travail pédagogique et de communication qui permet à l’Exécutif de mesurer l’impact de ses actions auprès de la classe politique et de l’opinion publique et d’y apporter les correctifs, lorsque cela s’avère nécessaire. Ne pas s’y adonner, conformément aux dispositions constitutionnelles et légales, c’est susciter inutilement des frustrations chez les députés, l’incompréhension et les critiques au sein des populations ».C’est en connaissance de cause que le président du Parlement a souhaité, enfin, que l’année nouvelle apporte au président Yayi la sagesse, le courage et l’efficacité nécessaires pour aborder et exécuter, avec succès, la dernière ligne droite de son deuxième quinquennat. Nago a formé le vœu que telle une lumière céleste, l’année 2015 guide les pas de Yayi et éclaire son parcours, sa gouvernance et ses actions pour donner au peuple béninois des raisons légitimes d’espérer en des lendemains meilleurs.
