Les tueries de «Charlie Hebdo», de Montrouge et de l’hyper Casher et les émotions qu’elles ont suscitées ont tôt fait de décider des présidents africains à répondre à l’appel à la marche silencieuse d’hier, dimanche 11 janvier 2015, à Paris de François Hollande. Sauf qu’il y a bien pire chez ces présidents africains qui se sont montrés impuissants contre ce qui se passe dans leur proche environnement si ce n’est sur leur territoire.
Ils sont six chefs d’Etat africains à prendre part à la marche silencieuse d’hier, dimanche 11 janvier 2015, à Paris. Les présidents Faure Gnassingbé du Togo, Boni Yayi du Bénin, Mahamadou Issoufou du Niger, Macky Sall du Sénégal, Ali Bongo du Gabon et le Malien Ibrahim Boubacar Keïta. Parmi ces six présidents, il y en a qui ont bien des raisons d’y aller. Il s’agit surtout du Malien qui, on le sait, est soutenu par la France dans la lutte contre le terrorisme dans le nord du pays. Alors, la France étant touchée par le même mal, il est normal que le peuple malien soutienne la France par le biais de son président. Macky Sall est bien loin des tumultes islamistes dans le sahel ouest africain. Tout comme Ali Bongo. Mais les autres ? Qu’ont-ils à faire à Paris ? Leur présence était-il nécessaire là-bas ? A priori non. Après la capture des 200 filles nigérianes par Boko Haram, les présidents béninois, nigérien et d’autres ont pris l’initiative de prendre des dispositions avec leur collègue du Nigéria pour arrêter Boko Haram dans ses actions. Mais force est de constater que la secte continue d’agir sans opposition aucune. Les 200 filles ne sont jamais libérées. Les tueries ont continué. Des villages entiers sont décimés et rasés sur la carte du Nigéria. Les militants agissent librement et font même fuir les forces de l’ordre timidement lancées à leurs trousses. Les massacres ne s’arrêtent pas. On en veut pour preuve que l’attentat suicide d’une petite fille samedi dernier dans un marché bondé de Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria, dans l’Etat de Borno qui a fait au moins vingt morts et 18 blessés. Cet attentat seul vaut plus que ce qui s’est passé à Paris en trois jours. Et pourtant ! L’horreur semble ne plus intéresser les chefs d’Etat de la sous région ouest africaine. François Hollande est malin. Il a su mobiliser de l’émotion planétaire autour du terrorisme à Paris. Il est parvenu à mobiliser plusieurs présidents et chefs de gouvernements du monde entier autour de sa marche silencieuse d’hier en hommage aux victimes. Ceci vise à dire non à la barbarie perpétrée par trois terroristes. Mais que font les présidents de la sous région pour obliger les puissances du monde à leur venir en aide contre Boko Haram ? Rien. Ils ont plutôt déposé les armes. Livrant les pauvres populations à elles-mêmes. Les ressources des contribuables sont bonnes pour la balade. Mais pas pour les bonnes décisions. La balade est terminée à Paris. Ils ont réussi à plaire à Hollande. Mais l’épine Boko Haram reste dans leur pied. A eux de savoir s’en débarrasser.
Grégoire Amangbégnon