La marche républicaine en France a eu lieu hier dimanche. Aux côtés de François HOLLANDE, Président de la République française, il y avait plusieurs leaders de nations européennes. Mais en sus de ces leaders dont la présence aux côtés du président Français était remarquée, il y avait aussi la présence de six chefs d’Etats africains ; présence sur laquelle, l’on peut se poser plusieurs questions au regard de son opportunité.
Les chefs d’Etats africains avaient-ils vraiment leur place à Paris hier ? Vu sous un premier angle, les motivations réelles ne semblent pas très perceptibles. Ce qui a réveillé et soulevé la France, c’est la mort de 12 personnes assassinées par le fait d’un acte terroriste accroché à l’islamisme. Or des actes de ce genre, plusieurs citoyens africains en ont été victimes, ou en sont victimes chaque jour dans une proposition encore plus grande. Et ces chefs d‘Etats n’ont jamais montré une telle hargne et une telle solidarité.
A cette analyse faite par certains observateurs, s’est ajoutée une critique relative au fait que la liberté d’expression contre laquelle ont agi les « frères Kouachi », n’est pas moins malmenée dans les pays de ces chefs d’Etats. Peut-être que la répression diverge, mais la répression existe, et ne recouvre pas moins une forme terroriste, si l’on devrait donner au mot en question, un sens plus large.
Cette analyse est propre à conduire à ne pas percevoir les vraies motivations de l’acte posé par ces chefs d’Etats africains. Il faut peut-être écouter le Président Togolais, Faure EYADEMA, lors de ladite marche pour en déceler les vraies raisons : « J’ai beaucoup hésité, deux choses m’ont finalement déterminé : la première, c’est l’extraordinaire mobilisation du peuple français dans plusieurs villes, des mobilisations spontanées, des citoyens, du petit peuple. Il est évident que tout le monde est touché, ressent la douleur du peuple français. Et pour moi qui ai vécu dans ce pays pendant plus de dix ans, j’ai compris que la France était touchée, qu’il y avait une douleur, qu’il y avait un désir de rester debout face à l’événement. La France est un pays ami. Quand on a un ami, dans les moments douloureux comme ça, il faut être il faut être à côté. Ça c’est la première raison. La seconde raison c’est que c’est un acte terroriste qu’on le veuille ou pas. Et nous sommes dans une région où le terrorisme sévit. Pas de la même manière certes, nous le regrettons parfois que les réactions ne soient pas les mêmes, quand ces événements se produisent dans nos pays, au Nigeria, au Kenya ou au Mali. Mais je me dis justement, aujourd’hui c’est l’occasion d’être là pour que nos amis occidentaux comprennent aussi que c’est l’affaire de tous quand il s’agit de terrorisme. Si nous reprochons aux Occidentaux de ne pas être à nos côtés quand il y a des attentats c’est justement l’occasion de venir à leurs côtés pour qu’ils comprennent que c’est le même mal même s’il prend des visages différents, même s’il prend des formes différentes que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient, ou en Europe. C’est le même mal. Et c’est toute la communauté internationale, ce sont tous les Etats qui doivent se mobiliser pour combattre le terrorisme. C’est le sens de ma présence ici en France ».
Compris dans ce sens, les chefs d’Etats africains ne sont-ils pas allés marcher, quelque part dans l’intérêt de leur Etat ? S’il y a un fait, c’est que l’Afrique ploie surtout depuis le début la guerre en Lybie et le bouleversement de l’Etat malien, sous le poids du terrorisme international. Le Nigéria aujourd’hui est devenu un terreau du terrorisme avec Boko Haram qui ne cesse d’étendre ses tentacules. Parallèlement à ces menaces, l’Afrique manque cruellement de moyens pour faire face à ses menaces terroristes, qui n’épargneraient certainement pas en leur temps, aucun Etat.
La logique serait donc simple : les chefs d’Etats africains sont allés marcher, non seulement pour seulement pour montrer leur solidarité à la France, mais surtout pour trouver un parapluie contre le terrorisme qui posent ces jalons sur le continent.