« …Nous saluons cette décision, parce qu’aujourd’hui, nous avons le dos au mur. C’est une décision de la Cour. C’est difficile à boire, mais nous devons le faire. La responsabilité est collective. Nous avons mis en place cet instrument, le Cos-Lépi, que j’ai l’habitude d’appeler ‘’l’instrument à broyer les milliards’’. Et je crois qu’au titre de l’article 35 de notre Constitution, la Cour constitutionnelle devrait sévir, rappeler ce Cos-Lépi à l’ordre pour la souffrance qu’il cause au peuple béninois. Les décisions ont été prises après analyse d’un certain nombre de dispositions constitutionnelles de notre pays. La Cour ne pouvait pas dire mieux. Elle a dit, et vous l’avez lu dans ses considérants, dans les articles qui motivent la décision. Tel que dit dans le code électoral, le Cos-Lépi doit impérativement déposer l’actualisation de la liste le 15 janvier. Donc, ce n’est pas une date inventée par la Cour constitutionnelle. Si le Cos-Lépi ne le fait pas à la date du 15, la Cour constitutionnelle ne peut pas laisser le pays vers l’impasse l’électorale, au regard de ce que lui confère la loi au titre de l’article 114 de la Constitution. C’est pour cela qu’elle a préconisé des alternatives… »
Clotaire Olihidé, Membre du Parti Alternative Citoyenne
« …Je crois que la Cour Constitutionnelle a fait ce qu’elle devait faire. Je suis de ceux qui pensent que, depuis que l’impasse électorale s’est installée dans notre pays, il fallait qu’un organe puisse indiquer la voie à suivre. Et il y avait trois possibilités. La première, c’est celle d’un dialogue politique qui permet d’avoir des solutions consensuelles qui vont être consacrées dans une loi à l’Assemblée nationale. C’était la meilleure solution de mon point de vue.
La deuxième possibilité, c’est qu’on aille directement à l’Assemblée nationale, donc, que les Députés parviennent à s’entendre. J’appelle ça la solution intermédiaire, parce que lorsque cela se passe ainsi, ce qui sort de l’Assemblée n’est pas toujours digeste. La preuve, si on est arrivé à cette affaire de Cos-Lépi, c’est à cause des lois votées à l’Assemblée.
La troisième possibilité, c’est celle de la Cour Constitutionnelle. J’ai toujours estimé que c’est la solution qu’il fallait privilégier, puisque, connaissant cette Cour depuis quelques années, même si ce rôle lui est dévolu et elle le joue normalement, la solution de mon point de vue aurait été forcément sujette à caution. La Cour a fini par prendre la décision parce que les autres traînaient le pas, et je trouve que c’est normal que la Cour finisse par rentrer dans ses prérogatives, mais comme il fallait s’y attendre, sa décision, pour moi, est tardive. Elle est excessive, sinon abusive. Elle est maladroitement partisane… »
Gustave Sonon, Ministre chargé des relations avec les institutions
« …Le gouvernement ne s’est pas encore réuni pour prendre acte de la décision. Mais en tant que Ministre chargé des relations avec les institutions et simple citoyen, je me permets de dire que la Cour constitutionnelle du Bénin a usé de ses prérogatives pour délivrer le peuple béninois. Parce que, par rapport à l’organisation des élections communales et municipales et les élections législatives, nous somme dans une période de transition que nous interprétons mal. Aujourd’hui, nous avons au moins une institution en charge de l’organisation des élections qui ne fonctionne pas. La Cour a utilisé l’article 114 pour prendre ses responsabilités. On pourrait interpréter le fait que la Cour, en sommant le Cos-Lépi de déposer la liste au plus tard le 15 janvier 2015, a levé toutes velléités de résistance. Ça, c’est ma lecture personnelle. C’est en cela que la Cour a estimé que, en cas de la non disponibilité de la Lépi le 15 janvier 2015, la Cena pourrait prendre la Lépi de 2011. En disant le 15 janvier, c’est bien dit que c’est la version provisoire. Et en appliquant les dispositions relatives au délai des 21 jours, on se retrouverait autour du 25 février 2015. En bon démocrate, il faudrait qu’on se calme et que nous cherchions à internaliser cette décision de la Cour pour le bonheur de notre peuple. L’article124 dit que ses décisions sont sans recours. Contester ou faire quoi que ce soit reviendrait à être antidémocrate. Mais nous constatons de plus en plus en Afrique que nous avons tendance à remettre en cause la légitimité et la légalité de nos élus, alors que le peuple béninois délègue sa souveraineté à des élus par le biais des élections. Ce serait dommage pour le continent africain… »
Joël Aïvo, Constitutionnaliste
« …Cette décision est une bonne décision, parce qu’elle est la seule qui vaille. C’est la seule décision que les circonstances imposent. Il n’y en a pas deux. La Cour n’aurait pas pu prendre une autre décision. Elle ne peut prendre que celle-là. Parce que politiquement, socialement et juridiquement, nous sommes dans une impasse électorale, une crise politique qui se prépare. Cela fait depuis quelques temps que nous ne sommes pas capables de dire quand nous pourrions organiser les élections locales. Nous sommes dans une situation d’imprévisibilité, d’incertitude. C’est une situation qui est indigne d’une démocratie. Le 8 janvier dernier, vous et moi, ne savons quand aura lieu les élections communales et municipales. Comment et quand les législatives auront-elles lieu, encore moins les présidentielles ? Mais le 9 janvier, on eu des propositions. Ce ne sont pas des conditions idéales dans lesquelles on aurait aimé aller aux élections. Les conditions idéales auraient été que la liste soit corrigée, que le Cos-Lépi nous la livre à temps, que la liste soit consensuelle, qu’on ait une date conforme au délai du code électoral. Ce sont là les meilleures conditions qu’on aurait voulues. A défaut d’avoir ces meilleures conditions, la Cour Constitutionnelle, en tant qu’organe régulateur, a l’obligation de nous proposer un chemin et c’est celui que la Cour Constitutionnelle a proposé… »