Le président de l’Upmb a vivement réagi à la participation du président béninois à la marche de Paris contre le terrorisme. Pour Franck Kpotchémè, Boni Yayi n’accorde pas à la presse béninoise l’attention qu’il faut pour aller défendre la liberté de presse à ce rendez-vous qualifié déjà d’historique en France. Lire la déclaration du président de l’Upmb.
Déclaration de l’UPMB au sujet de la participation du Président Boni YAYI à la marche républicaine de la France à Paris, le 11 janvier 2015 sur l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo
Mesdames et Messieurs
Chères consœurs et confrères,
Comme l’exige la tradition, je voudrais commencer mon propos par nous souhaiter les meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2015 à tous les professionnels des médias du Bénin. Que Dieu le Tout-puissant, ainsi que les mânes de nos ancêtres nous aident à concrétiser nos rêves tout au long de la nouvelle année.
Chères consœurs et confrères,
Je voudrais aussi vous remercier pour avoir répondu à mon appel. J’ai dû recourir à vous, pour la première fois depuis la capitale historique d’Abomey, actualité oblige.
D’entrée, acceptons d’observer une minute de silence en la mémoire de ces 17 victimes fauchées durant ces trois jours douloureux aussi bien pour la France que pour le monde entier sans oublier nos sœurs et frères qui tombent, presque chaque jour, sous les bombes assassines du groupe terroriste Boko Haram au Nigéria . Nous ne le répéterons jamais assez. Nous sommes tous Charlie.
C’est pourquoi nous condamnons avec la dernière rigueur cet acte barbare, cette entrave à la liberté de la presse perpétrée à Paris, le mercredi 07 janvier dernier. Nous avons déjà, à la faveur d’une déclaration conjointe UPMB-CNPA-Bénin, vendredi dernier, condamné cette atteinte inédite à la liberté de la presse. C’est à croire que nous sommes à une autre époque révolue. Surtout lorsque cela se passe dans un pays comme la France, Etat de droit par référence. Comme un seul homme, toute l’humanité doit se lever pour contrer la nouvelle dimension que les chantres du terrorisme donnent à leur honteuse lutte. Aussi, devons-nous remercier tous ceux-là qui, d’une manière ou d’une autre, ont soutenu la presse mondiale dans cette épreuve aussi douloureuse. Une mention bien spéciale à la quarantaine de Chefs d’État qui, aux côtés de leur homologue français, ont marché à Paris, le dimanche 11 janvier 2015 contre le terrorisme et par ricochet, contre cette grave atteinte à la liberté de la presse.
Chères consœurs, Chers confrères,
Parmi cette quarantaine de chefs d’Etat et ces milliers de marcheurs de Paris, il y avait notre chef d’État, le président béninois Boni YAYI. En soi, sa participation à cette marche n’est pas une mauvaise chose. Car, l’UPMB encourage toutes les actions visant à assurer la liberté de la presse sous toutes ses formes. Seulement, à notre entendement, il se pose quelques problèmes en ce qui le président Boni YAYI et la presse nationale. En effet, il est nous constamment revenu de constater avec effroi que notre président de la République n’en fait pas suffisamment pour assurer à ses compatriotes exerçant la profession de journalisme, cette liberté de la presse qu’il est allé réclamer et défendre à Paris pour faire plaisir, dit-il souvent, à son ami François Hollande.
Quelques morceaux choisis pour illustrer notre amertume déjà trop contenue :
1- Les journalistes béninois n’ont jamais reçu autant d’assignations de la part d’un chef de l’Etat comme c’est le cas sous président Boni Yayi depuis son avènement en 2006 ;
2- La fermeture de certains organes de presse sous le régime du président Boni Yayi;
3- L’épée de Damoclès qui plane en permanence sur certains organes de presse qui sont critiques du pouvoir de Boni Yayi;
4- Les tentatives répétées de bâillonnement de la presse béninoise, de violation d’une liberté chèrement acquise sous le régime Boni YAYI ;
5- La trop grande propension du chef de l’Etat à instrumentaliser la Haac, et notamment son président qui le suit, telle une queue, presque partout dans ses déplacements politiques ;
6- L’indifférence du chef de l’Etat après la mort de trois journalistes au Cnhu en l’espace d’un mois au cours de l’année 2014 qui vient de s’achever ;
7- L’actuelle 4ème mandature de la faîtière des journalistes, l’UPMB que j’ai l’insigne honneur de diriger depuis août 2013, à son installation, a écrit pour demander à rencontrer le chef de l’Etat. 17 mois après, cette demande d’audience n’a pas jamais reçu d’écho du Palais de la Marina jusqu’à ce jour et pendant ce temps, on a vu Boni YAYI allé marcher sur la Place de la République à Paris pour la presse française ;
8- A l’occasion des 10 ans de l’UPMB, nous avons encore écrit pour solliciter une audience avec le chef de l’Etat béninois. Nous avons pu joindre son Conseiller spécial qui nous a renvoyé vers son Conseiller technique. Ce dernier n’a pas manqué de nous rassurer. Trois mois passés, rien n’y fit ou, si vous voulez, nous continuons d’attendre ;
9- Le chef de l’Etat Boni YAYI qui a demandé et financer à hauteur de 80 millions de francs les Etats généraux de la presse béninoise de février 2013 ; près d’un an après, n’a pas daigné recevoir les associations professionnelles des médias qui ne sont pourtant pas lassées de continuer par taper à toutes les portes pour que le président de la République reçoive enfin, les conclusions issues de ces assises qu’il a commandées lui-même. En conséquence, du fait que le chef de l’Etat qui avait pourtant promis à l’ouverture officielle de ces Etats généraux de recevoir les conclusions juste au lendemain de la clôture a commencé par marquer son dédain vis-à-vis de la presse nationale, le Comité de suivi dont les membres sont déjà connus n’a jamais été installé depuis près de 12 mois. De sorte que les grands chantiers de la profession qui sont issus de ces assises nationales sont restés bloqués depuis bientôt un an ;
10- Le projet de Code de l’information et de la communication transmis par le gouvernement à l’Assemblée nationale en mai dernier et qui sera en plénière le 19 janvier prochain contient encore plein de dispositions liberticides pendant que Boni YAYI va défendre la liberté de la presse à Paris ;
11- L’Aide de l’Etat à la presse privée n’a jamais été libérée à bonne date ; elle n’a pas non plus encore connue d’augmentation conséquente malgré toutes les sollicitations des Associations professionnelles des médias à l’endroit des autorités gouvernementales ;
12- Chers consœurs et confrères, savez-vous que le chef de Etat béninois ne connaît même pas la Maison des Médias Thomas Mègnassan de son pays à Cotonou depuis neuf ans qu’il est au pouvoir ?
Chers consœurs et confrères,
Voilà autant d’évènements fâcheux dont est victime la presse béninoise de la part du Chef de l’Etat Boni YAYI dont on ne comprend pas souvent les prises de position vis-à-vis de la presse étrangère au détriment de celle du pays dont est le 1er responsable.
Au Bénin, il y a pleins de Charlies….
Confiant en l’avenir, nous gardons l’espoir que le président Boni Yayi, au retour de Paris, va nous aider à trouver les solutions idoines aux maux qui minent la corporation des journalistes de son pays, le Bénin.
Merci de votre aimable attention.
Abomey, le 12 janvier 2015