Situé entre les fleuves Ouémé et Zou, le village Sagbovi dans l’arrondissement de Dovi, commune de Zagnanado, peine à retrouver sa stabilité compte tenu des inondations et crues cycliques auxquelles il est confronté. Depuis les inondations de 2010, l’administration locale a réussi à délocaliser la population du nid des eaux pour un site sur la terre ferme. Mais, depuis, plus rien et les populations de cette localité sont davantage en proie à des difficultés existentielles.
Il sonnait onze heures vingt cinq minutes à Dovi Zounou. Là bas, dans la descente, on observe une agglomération dominée par la couleur blanche semblable à un camp de refugiés. Plus près, la réalité montre une population qui vit sous des tentes et des cabanes à branche de palme. Houéssou Gabin explique : « Ici, c’est le village Sagbovi qui est en reconstruction depuis les inondations de 2010. Nous avons été chassés, par l’eau, de notre village qui est à près de 07 kilomètres d’ici. Le Ministère de l’intérieur nous a donné ces tentes pour nous abriter pendant un moment puis, Plan Bénin nous a construit un puits et une latrine pour nos besoins». Ce qui montre que depuis trois ans, ce village vit sous des tentes, sans école, marché ni hôpital. Un peu en profondeur, une église du christianisme céleste s’est implantée presque au milieu de l’agglomération. Entouré de part et d’autre par des champs où s’entremêlent maïs et plants de manioc, la population de Sagbovi imagine bientôt la vie impossible sur le site si les tentes ne sont pas remplacées par des logis et surtout si l’école primaire n’est pas délocalisée. « Nous étions plus nombreux que ça il y a quelques mois. Mais les tentes qui nous abritent sont fatiguées et déchirées. Beaucoup sont retournés au village malgré eux parce qu’au moins, les cases sont encore debout là-bas. Mais le chemin d’accès est impraticable en saison de pluies », raconte Odile Hountakpadé, ménagère à Sagbovi. Pour Irénée Zodékon, chef d’arrondissement de Dovi, « Sagbovi est un village qui est difficile d’accès, mais qui a une population considérable. C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes battus pour leur trouver ce site de sept hectares juste derrière le village Zounou. Mais, le site n’est pas viabilisé à cause du manque de moyens », a- t’il précisé.
« Nous avons, dans le village d’où nous sommes venus, une école. Mais, comme nous sommes venus ici, l’école ne s’anime plus correctement. Sinon, c’est sous ce hangar que la maîtresse encadre les petits enfants du Ci et du Cp. Car, ces derniers ne peuvent pas faire la distance pour aller à l’Ecole primaire publique de Zounou comme les plus âgés », révèle dame Odile Hountakpadé. Un peu vers la montée du village Zounou, un chantier est en cours. Pascal est maçon sur ce chantier. Mais, il n’en sait pas trop : « c’est un module de trois classes avec direction que nous sommes en train de construire. C’est la mairie qui supervise le chantier et le chef d’arrondissement de Dovi vient souvent nous voir ». A en croire M. Zodékon, la mairie a mis en place un plan d’urgence pour venir en aide aux villages sinistrés. C’est comme cela que ce module de trois classes a été mis en construction pour favoriser la tâche aux enfants du village ». Mais, ce n’est pas encore le bout du tunnel pour Sagbovi. « Nous les femmes, avons besoin de marché et des machines pour transformer nos produits agricoles », a poursuivi dame Odile qui a ajouté : « Si nous, nous sommes restés, c’est parce que le chef d’arrondissement a promis nous aider à avoir de l’aide pour des logements décents. Mais, on ne sait quand ça va venir ». En plus des tentes qui résistent encore, ceux qui ne veulent pas retourner dans le village ont construit des hangars traditionnels avec les branches de palmier qui leur servent d’abris pour le moment.
Le projet des villages écologiques, un espoir pour Sagbovi
Peuplé de près de 1300 habitants, Sagbovi, situé au sud de la commune de Zagnanado, dans l’arrondissement de Dovi peut espérer renaître de façon définitive avec le projet des villages écologiques. C’est une initiative du Ministère de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme financée par la Banque mondiale et qui consiste à réaliser sur la terre ferme des logements et des infrastructures communautaires pour accueillir les populations des villages à risque d’inondation. Pour le projet pilote, trois villages ont été sélectionnés dans tout le Bénin dont Sagbovi. « Nous avons été saisis par le Ministère de l’environnement pour déposer un dossier pour le compte de Sagbovi qui est inscrit dans le projet pilote des villages écologiques. La mairie de Zagnanado a fait ce qui est de son ressort et nous attendons impatiemment le Ministère de l’environnement qui doit exécuter le projet », explique le chef d’arrondissement de Dovi, Irénée Zodékon. Au-delà, l’administration locale de Zagnanado sollicite l’aide des institutions internationales et celle des autorités gouvernementales afin de sortir la population de Sagbovi de la précarité qui plombe la vie quotidienne.
Le C.A Zodékon intensifie « l’initiative de Dogbo » pour le village Sagbovi
Le CA Irénée Zodékon truelle en main montant quelques briques en signe d’exemple à la population de Sagbovi
L’Ecole primaire publique de Sagbovi, un village de l’arrondissement de Dovi à Zagnanado, en bute au fléau de l’inondation, sera dotée, pour la rentrée prochaine, d’un module de trois classes dont la construction a démarré au début du mois de mai sous la vigilante supervision du chef d’arrondissement, Irénée Zodékon.
C’est sur fonds propres que les travaux ont été lancés par la mairie de la localité suite au vibrant plaidoyer du chef d’arrondissement de Dovi. A l’entame des travaux, M. Zodékon a réuni la population pour leur expliquer le bien-fondé de l’initiative de Dogbo et le sens de responsabilité que cela leur confère. Il a, pour donner le bon exemple, truelle en main, monté quelques briques sur la fondation mise en place par les maçons tous originaires de Dovi avant d’insister sur le suivi du chantier. L’Epp de Sagbovi se trouvait sur l’ancien site de Sagbovi qui, de nos jours, est difficile d’accès. « Si nous voulons réellement reconstruire le village Sagbovi, il nous faut faciliter la tâche aux enfants pour leur scolarisation », a laissé entendre le chef d’arrondissement de Dovi. La délocalisation de cette école est l’une des priorités de la mairie de Zagnanado pour faciliter la tâche aux enfants de ce village qui travaillent depuis la rentrée scolaire 2011 sous des hangars en bambou. La fin des travaux de construction de ce module de trois classes est prévue pour mi septembre 2013.