Les enseignants vacataires des collèges publics sont plus que jamais sur une chaise éjectable. Dans certains collèges, plusieurs d’entre eux, sont déjà en train de recevoir leur lettre de remerciement pour loyaux services rendus à l’enseignement.
La politique du ‘’Ôte-toi de là que je m’y mette’’ règne dans les collèges d’enseignement public, admis à recevoir les volontaires. Le système de volontariat instauré semble ne pas du tout arranger les vacataires qui sont contraints au chômage. Pourtant, l’objectif visé par cette initiative, tout aussi louable, était de combler, dans une certaine mesure, le gap d’enseignants dans les collèges publics. Mais fort curieusement, on assiste à l’effet contraire. Au collège d’enseignement général Océan, ils sont 4 enseignants à commencer effectivement les cours sur les 21 attendus. Au nombre des 4 ayant officiellement pris service, 3 enseignents en sciences de la vie et de la terre (Svt) et 1 en géographie. Avec leur arrivée, rapporte l’enseignant vacataire, Ferdinand Dotchamou, 9 enseignants vacataires ont été du coup remerciés. La raison, selon l’enseignant, est que le volontaire a un statut de titulaire et est autorisé à faire 18 heures de cours, alors que le vacataire n’en a qu’à peine 9. Une fois entrés dans le système, ces volontaires, argumente-t-il, bousculent tous les vacataires existant en ramassant toutes les heures à eux confiées. Donc, au lieu de combler le vide en enseignants, l’arrivée des volontaires élargit le fossé. « Ce qui se passe est quand même dramatique. L’Etat a choisi de trouver de l’emploi à 3 Béninois et met à la porte 9. La situation pour ces amis vacataires est difficile à vivre. Nous leur avons dit de ne pas encore partir. Mais, si les choses restent en l’état, nous allons nous mobiliser », a-t-il fait savoir. Dans certains collèges comme le Ceg Gbégamey, la situation est la même. Même si par endroit, la loi de l’omerta règne en maître, l’amertume et la colère sont parlantes. Des volontaires qui, à la quête de l’emploi, se retrouvent, par la force des choses et peut-être contre leur gré, obligés de déranger la sécurité de leurs collègues vacataires. On est tenté de dire que la formule du volontariat est une machine pour réduire les vacataires au silence.
Les avis partagés sur le niveau
Qu’en-est-il du niveau des volontaires envoyés ? Sur cette question, les avis des enseignants sont partagés. Dans le groupe des volontaires, on dénombre deux catégories. Il y a d’un côté, d’anciens vacataires reconvertis en volontaires et, de l’autre, les volontaires vraiment novices. Par rapport au premier, commente Gilbert Goudémè, enseignant en sciences physiques, le problème ne se pose pas tellement, car ils ont l’expérience requise. Le gros du boulot, commente-t-il, ce sont les enseignants diplômés qui n’ont pas les mêmes aptitudes. Pour la plupart des enseignants titulaires interrogés, il faudra du temps pour que cette catégorie d’enseignants se mette au pas. « L’approche par compétence est complexe. Il faut du temps pour s’adapter. Ils devront se chercher pendant un moment avant de retrouver le rythme. Aussi, faut-il qu’ils soient formés », ont-ils déclaré. Toutefois, certains vacataires, pour l’instant, sont encore à l’abri de toute menace, en raison de la désertion des volontaires après que les chefs d’établissements aient demandé les originaux des diplômes signalés. Dans la plupart des collèges, la moyenne des volontaires ayant effectivement pris service, varie entre 4 et 7 sur la vingtaine ou la trentaine annoncée. « Il y a certains volontaires qui ne peuvent pas revenir, parce qu’ils n’ont pas les diplômes qu’ils ont annoncés. Il y a quelqu’un qui a la maîtrise en géographie mais, on a mis Capes en Spct. Il y a d’autres à qui on a mis Capes en droit, alors qu’on ne fait pas le droit dans l’enseignement général », râle un enseignant vacataire. Dans certains collèges, les enseignants et l’administration ont identifié des approches pour limiter les conséquences. Ces approches consistent à remercier d’abord les nouveaux vacataires et conserver les plus expérimentés. Ceci permettra de jeter à l’eau, les volontaires non expérimentés pour un temps d’observation. Et comme l’effectif est encore réduit, ces anciens vacataires peuvent être encore maintenus en attendant le déluge. Nous avons fait un travail depuis décembre. On a décidé de commencer par remercier ceux qui sont recrutés fraîchement. Ceux-là, on estime qu’on ne connaît pas encore leur méthode de travail. L’objectif est de conserver les plus expérimentés, parce qu’on a eu le temps de les observer et d’apprécier leur compétence», a fait savoir un enseignant qui a requis l’anonymat.