Le dimanche 16 janvier 1977, un aéronef non programmé atterrit à l’Aéroport international de Cotonou. Ceux qui descendent ne sont pas des passagers ordinaires.
Ce sont des mercenaires qui laisseront dans l’avion un certain Gratien Pognon. Aussitôt descendus, les passagers, lourdement armés de fusils de guerre assez perfectionnés, et même de mortiers et de roquettes, se sont divisés en deux grandes colonnes pour progresser vers le Palais de la Marina où Kérékou et la Garde Républicaine épaulée par des soldats de l’Armée nord-coréenne - venus à Cotonou dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays - ont opposé une riposte terrible aux agresseurs dirigés par Bob Denard. Les échanges de tirs ont duré plusieurs heures, l’Armée béninoise bien que matériellement inférieure et atteinte (plus d’une dizaine de morts) a réussi à abattre un des chefs de guerre de Bob Denard et entamé le moral de la troupe qui se replie, et reprend son avion en catastrophe pour partir. Bob Denard est un mercenaire rompu à la tâche, qui a réussi plusieurs agressions du genre aux Iles Comores. Il a été recruté par un groupe de Béninois expatriés et viscéralement contre le régime militaro-marxiste de Kérékou. A leurs têtes, Emile Derlin Zinsou qui a ouvert son carnet d’adresses au groupe, pour l’aider à trouver le financement à ce sinistre projet. Le roi Hassan II du Maroc, les Présidents Bongo et même Eyadema, y ont apporté leurs contributions. Les mercenaires, de plusieurs nationalités (française, guinéenne, sénégalaise…) se sont entraînés au Maroc. L’avion a même fait escale à Libreville pour se ravitailler en carburant, avant de venir à Cotonou. Dans ses mémoires intitulés «En ces temps là…», le Président Zinsou affirme, à ce sujet, que c’est le journaliste Valentin Hodonou qui l’a appelé, ce jour dimanche 16 janvier 1977, de Paris, alors qu’il était dans son HÔTEL À Rabat au Maroc. Il confirme néanmoins être bien impliqué dans ce coup. «Dans la préparation de notre action, j’étais non seulement informé, mais aussi impliqué. Nous étions un groupe de compatriotes dahoméens à préparer une action de libération de notre pays du gouvernement qui y régnait au nom du marxisme-léninisme, à peine lu et pas digéré, un pouvoir insupportable», nuance-t-il. De Bob Denard, il dit ne l’avoir rencontré que trois fois, et bénéficié du soutien de quelques Chefs d’Etats amis. «Bien qu’aucun moyen ne fût à l’époque possible et que les appels que nous recevions étaient pressants et déchirants, je crois que nous avons eu tort d’avoir voulu libérer notre peuple, qui en avait un grand besoin, par une intervention extérieure», regrette-t-il dans son ouvrage.