Le groupe parlementaire « Union fait la Nation », dans un message en date du 16 janvier 2015, s’est adressé à ses collègues au sein de l’hémicycle. Ce groupe parlementaire de l’opposition désapprouve les injonctions de la Cour constitutionnelle. Par la même occasion, il demande aux autres députés de se joindre à lui pour une lutte qui n’a plus sa raison d’être au regard de la décision Dcc15-001 du 09 janvier 2015.
Le Pouvoir échappera une fois encore à l’opposition si elle n’y prend garde. L’attitude qu’adopte le groupe parlementaire Union fait la Nation (Un) lui sera, une fois de plus, suicidaire. Ainsi s’était comportée l’opposition à la veille des élections de 2011, ce qui a favorisé la confection d’une liste électorale totalement imparfaite. A l’époque, l’opposition, n’avait trouvé le bien fondé de convier ses militants, sympathisants et partisans à remplir les conditions d’électeurs. Du coup, elle a été surprise par les résultats des urnes lorsque le président sortant, Yayi Boni, succédé à lui-même au premier tour. Aujourd’hui encore, l’opposition se lance dans un débat déjà tranché, une semaine plutôt, par la Cour constitutionnelle dans sa décision Dcc 15-001 du 09 janvier 2015. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’opposition béninoise a-t-elle tiré leçon des expériences de 2011 ? Tout porte à croire le contraire. Se fondant sur les préalables d’un dialogue politique infructueux, l’Un « demande qu’au sein de ce Parlement s’engagent des discussions et un vrai dialogue pour favoriser le vote d’une loi permettant l’organisation des élections Locales, Communales et Municipales dans les meilleurs délais. » La cause sera-t-elle entendue avant l’application de la décision de la Haute juridiction ? Car, déjà, le Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi) a reçu les moyens et s’affaire à rendre disponible la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), au plus tard le 23 février 2015. Pendant ce temps, le président de la République procèdera, le 25 du même mois, à la convocation du corps électoral. Le débat de l’Un est-il encore opportun ? Par ailleurs, le groupe parlementaire de Lazare Sèhouéto « ne souhaite pas voir s’instaurer au Bénin des juges qui dictent leurs injonctions aux institutions constitutionnelles et à leurs représentants élus, qui transforment le gouvernement, le président de la République, les députés à l’Assemblée nationale, en modestes employés soumis à leur seule volonté souveraine. » Cette analyse a certainement sa raison d’être. Mais, en tant que structures politiques et respectueuses des principes démocratiques, les forces de l’opposition ont l’obligation constitutionnelle de respecter les décisions de la Cour. L’opposition gagnerait à s’organiser et à convaincre ses électeurs, pendant les 21 jours d’affichage de la liste provisoire, à se rendre dans les centres de vote pour les dernières corrections permettant l’établissement de la Lépi. Mais, faute d’entrain, l’opposition risque de subir le sort de 2011 où il lui a été infligé un K.O historique et retentissant.