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Fraternité N° 3773 du 12/1/2015

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Entretien avec Emmanuel Tiando, président de la Cena : « Nous attendons la Lépi pour entrer en scène »
Publié le mercredi 21 janvier 2015   |  Fraternité


L’ancien
© Autre presse par DR
L’ancien ministre du travail, Emmanuel Tiando


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Installée depuis le 02 juillet 2014, la Commission électorale nationale autonome (Cena) s’active pour réussir le pari de la bonne organisation des différents scrutins. Dans l’attente de la réception de la liste électorale en cours de finalisation, Emmanuel Tiando, président de la Cena donne ici un aperçu des travaux réalisés jusque là et rassure de l’engagement de son équipe à organiser des élections transparentes et crédibles.

Depuis votre installation à la Cena, quelles sont les tâches que vous avez effectuées ?
Je vous remercie de vous rapprocher de la source pour avoir l’info exacte afin de la porter à la connaissance de vos lecteurs. La Cena a été installée le 02 juillet 2014 et comme vous le savez, c’est une Cena permanente qui a un mandat de 7 ans. Depuis notre installation, nous n’avons pas voulu nous adonner à des conférences de presse, car nous avons décidé de travailler dans la sérénité afin de mieux préparer les élections législatives et communales. Nous avons mené plusieurs activités.
Tout au début, il nous a fallu élaborer notre règlement intérieur, lequel a été déjà adopté. Nous avons aussi voulu nous organiser à l’interne en procédant au recrutement du personnel d’appui conformément aux dispositions du code électoral. Nous sommes aussi allés à la rencontre des autres institutions de la République, surtout celles qui sont concernées par le processus électoral. Et bien entendu, nous avons effectué quelques missions.
A part ça, nous nous sommes intéressés aussi à la préparation du processus électoral. Nous avons engagé le processus de recrutement des coordonnateurs et des assistants des coordonnateurs. En ce qui concerne le recrutement des coordonnateurs d’arrondissements qui constituent la cheville ouvrière de l’organisation des élections selon le code électoral, nous sommes suffisamment avancés et aujourd’hui nous pouvons dire que nous avons reçu les candidatures et nous sommes en train d’effectuer le dépouillement pour pouvoir arrêter la liste. Pour ce qui est de leurs assesseurs, ce processus est déjà engagé et à partir du 20 janvier, nous allons recevoir les candidatures. Certains sont partis à l’intérieur du pays pour recueillir les candidatures.
Nous avons aussi élaboré les documents électoraux. Ils sont de toute nature. Il y a les fiches de dépouillement, les documents liés à la formation. L’autre activité en cours, c’est l’élaboration du calendrier électoral depuis la déclaration de candidature jusqu’à l’organisation du scrutin. Donc, nous pouvons dire en gros que nous avons mené plusieurs activités qui concourent à la bonne organisation des élections.
Il y a aussi la conférence budgétaire que nous avons organisée en liaison avec le ministère des finances. Il s’agissait de définir les moyens à donner à toutes les institutions impliquées dans l’organisation des élections. Toutes ces activités concourent à une bonne préparation du processus électoral. Nous n’attendons que la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Si la liste est disponible et que le corps électoral est convoqué, nous serons en mesure d’organiser les élections sans grande difficulté.
Dans les jours à venir, nous allons poursuivre les tâches initiées, notamment la conception du calendrier électoral et cela implique plusieurs activités. Nous devons former les agents électoraux sur toute l’étendue du territoire national. Cela leur permettra de mieux connaître le code électoral et d’être à même de produire toutes les informations requises pour que les élections soient transparentes et crédibles. En dehors de ça, nous devons continuer les contacts avec les partis politiques et la société civile pour que tout le monde soit au même niveau d’information.

Vous avez refusé de recevoir la liste électorale provisoire. Quelles sont les motivations de cette décision ?
Nous n’avons pas refusé de recevoir la liste électorale. Il s’agissait de la liste provisoire et la loi nous interdit de recevoir une telle liste qui n’est que provisoire. L’article 18 du code électoral dit que la Cena reçoit la Lépi et non la Léip. A supposer que nous recevions la liste provisoire, nous aurions violé le code électoral. Et n’importe quel citoyen pourrait saisir la Cour constitutionnelle pour dire que nous avons posé un acte contraire aux dispositions légales. En plus, recevoir la Léip nous servirait à quoi puisque la Cena ne peut pas se servir de la Léip pour organiser les élections. C’est à partir des dispositions du code électoral que nous avons jugé qu’il n’était pas de bon ton que nous recevions la liste provisoire. Nous avons voulu respecter les dispositions légales.

Vous estimez donc que le Cos-lépi a fait une mauvaise interprétation du code électoral…
Je ne vais pas entrer dans cette polémique. Chacun s’occupe de ce qu’il a à faire en fonction du code électoral. C’est cette attitude que nous avons eue. Je n’incrimine pas le Cos-Lépi. Comme la lettre a été adressée à la Cena, nous avons répondu en nous fondant sur la loi. Et le Cos n’a pas eu à contester ce que nous avons dit.

La liste de 2011, peut-on valablement s’en servir pour les scrutins à venir ?
Il faut préciser ce que la Cour a dit. La Cour a dit que la Cena est autorisée. Nous n’en sommes pas encore là. C’est à partir du 25 février que votre question aurait son sens. Aujourd’hui, nous sommes dans un processus de correction de la Lépi. Je ne suis pas pessimiste. Le Cos a demandé 500 millions de plus au gouvernement. Cette requête a été satisfaite et ce montant, c’est pour finaliser la liste. Il n’y a donc pas de raisons de mon point de vue d’être pessimiste.

Il faut bien prévoir tous les cas de figure…
On ne prévoit que ce qui est objectivement prévisible. Aujourd’hui, ce qui est prévisible, c’est que le Cos-Lépi ayant les moyens qu’il a demandés pour finaliser la liste, va remettre la liste le 25 février.

La décision de la Cour constitutionnelle du 09 janvier dernier, comment l’appréciez-vous ?
Je n’ai pas de jugement à porter sur les décisions de la Cour qui, comme vous le savez, sont sans recours. Je suis démocrate. Et la Constitution a conféré à la Cour la fonction de régulateur du fonctionnement des institutions de la République. Par conséquent, en tant que responsable d’une institution, je ne vais pas me permettre de rejeter les décisions de cette Cour. Cela dit, je laisse le soin aux universitaires et autres étudiants de les commenter. Je me contente de les respecter.

Malgré les différentes sensibilités politiques qui composent la Cena, parvenez-vous à travailler en symbiose ?
Ce sont des Béninois qui se sont retrouvés à la Cena pour une mission bien déterminée. Quelle que soit leur coloration politique, ils ont pour mission d’organiser les élections dans la transparence et c’est cela qui nous préoccupe ici. Nous laissons tomber notre appartenance politique et nous nous concentrons sur ce pourquoi nous avons été désignés. Et c’est fort de ça que jusqu’à présent, vous n’avez pas constaté des dissensions en notre sein. Notre souhait, c’est de préserver cette cohésion pour que les élections se déroulent dans de bonnes conditions.

On vous sait très proche du chef de l’Etat. Quelle garantie d’impartialité pouvez-vous donner aux Béninois ?
Avez-vous remarqué jusqu’ici que le président de la Cena a posé un acte en faveur d’un camp ? Ce n’est pas parce qu’on est proche d’un parti politique ou du chef de l’Etat qu’il faut suspecter l’intéressé de position partisane. C’est à travers les actes qui sont posés que vous saurez s’il y a eu des prises de position en défaveur d’un camp.
La Cena demande à tous les Béninois d’être sereins. Nous allons au terme du processus de correction de la liste électorale et je suis convaincu qu’elle sera disponible le 25 février prochain. A partir de ce moment, ce sera le tour de la Cena d’entrer en scène. Et le peuple pourra constater que nous sommes vraiment déterminés à organiser les élections dans de bonnes conditions. Je voudrais rassurer les uns et les autres, car nous sommes là pour travailler dans le sens de la paix et de la quiétude.
Propos recueillis par Moïse DOSSOUMOU

Moïse DOSSOUMOU

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