De passage à l’hôtel Azalaï de la plage samedi dernier pour soutenir le bureau politique du Parti social-démocrate lors de son troisième congrès ordinaire, le président de l’alliance ABT, Abdoulaye Bio Tchané a accepté donner son point de vue sur certains sujet de l’actualité. De la situation socio-politique et économique actuelle au rapport de l’Assemblée nationale sur le Fonds d’appui au développement des communes (Fadec) en passant par la libéralisation de la chaine publique (ORTB) pour des débats d’idées, il est resté objectif comme d’habitude. Tout en réaffirmant qu’il est lui-même et non Ozias Sounouvou, Bio Tchané affirme être pour la défense de la liberté d’expression.
Journal : Qu’est-ce qui justifie votre présence ici aujourd’hui ?
Abdoulaye Bio Tchané : Je suis ici aujourd’hui parce que c’est le congrès du PSD, l’un des plus grands et anciens regroupements politiques que nous avons au Bénin. De plus, j’y compte beaucoup d’amis et suis venu les soutenir afin que nous puissions échanger ensemble sur la situation économique, politique et sociale actuelle.
Justement, parlant de l’actualité politique, la Cour constitutionnelle a rendu publique une décision fixant les dates des prochaines échéances électorales.
Quelle est l’appréciation de l’alliance ABT à ce sujet ?
Vous savez que les décisions de la Cour constitutionnelle sont sans recours et donc, je ne vais pas me mettre à les commenter parce que ça ne nous avance pas. Ce dont je suis content, c’est qu’il y ait déjà une idée sur les élections communales, locales et législatives. Donc, il nous appartient, à chacun, d’internaliser cette décision-là et de prendre des dispositions pour aller à ces échéances-là. Maintenant, il y a une situation au sujet de la Lépi et nous espérons qu’elle sera livrée à temps afin que nous puissions aller aux élections, selon le calendrier établi par la décision de la Cour.
Comment cela s’organise à votre niveau pour les échéances prochaines ?
Nous nous organisons très bien. Nous sommes prêts pour aller à ces différentes élections. En tant qu’alliance, nous aurons des candidats dans certaines communes pour les élections communales et pour les législatives. Nous aurons des candidats sur toute l’étendue du territoire national soit dans toutes les circonscriptions électorales. Et, je puis vous dire que nous attendons avec beaucoup d’intérêt ces échéances-là.
Quelle analyse faites- vous de la situation économique actuelle ?
Vous avez raison de dire que la situation économique est catastrophique parce que tous ceux qui vont dans les marchés s’en rendaient compte, tous les opérateurs économiques s’en plaignent, les petites et moyennes entreprises sont étranglées, et donc, il y a beaucoup d’inquiétude dans nos villes, dans nos villages. Mon message à tout le monde en ce début d’année, c’est d’abord de vous dire bonne et heureuse année, et c‘est aussi de dire qu’il y a espoir parce que nous connaissons les solutions à ces différents problèmes économiques.
On n’a qu’à jeter un regard sur les pays voisins pour se rendre compte qu’on est capable de construire une économie solide, de comprendre qu’il est possible de redresser économiquement notre pays et de comprendre qu’il est possible de donner espoir aux jeunes en leur donnant du travail, des emplois. C’est ça ce que j’allais vous dire et c’est une situation économique très difficile et je crois qu’il y a vraiment de quoi espérer parce que quand il y aura une nouvelle politique, quand il y a un nouveau Gouvernement, je crois que ça doit changer et nous aurons tous l’occasion de nous en rendre compte.
L’autre actualité qui défraie la chronique est le message de notre confrère Osias Sounouvou sur la chaine nationale. Il invitait le président de la République à libéraliser la chaine publique d’abord pour la liberté professionnelle des journalistes puis pour l’instauration des débats contradictoires.
Dites- nous, êtes-vous Osias Sounouvou ?
Ecoutez, moi je suis Abdoulaye Bio Tchané et je peux témoigner de cela. Vous pouvez compter le nombre de fois où je suis allé à l’ORTB. Et, chaque fois que nous y sommes allés, c’est que nous avons dû payer et donc, cet appel est important. Vous savez que quand le dialogue politique a été annoncé, au cours des préparatifs, il y a eu un blocage sur plusieurs préalables dont un, très important, qui concerne ce sujet que vous évoquez. Un des préalables que la plate-forme et d’autres partis politiques exigeaient, c’est qu’il y ait l’ouverture des médias publics à l’opposition et à la société civile. Le Gouvernement a rejeté ce préalable-là, juste pour vous dire qu’il n’est même pas prêt qu’il y ait accès de tous les partis de l’opposition aux médias publics. Donc, je salue le courage et l’initiative de votre collègue, mais je vous dis, je suis Abdoulaye Bio Tchané et je combats pour cette cause-là aussi.
Que diriez–vous du rapport des honorables députés sur la gestion du Fadec par les maires ?
Le Fadec, c’est un aspect de la gouvernance économique de notre pays. C’est l’aspect qui touche la décentralisation et la gestion de la décentralisation. Vous savez, je ne suis pas surpris de ce que je lis et de ce rapport fait par l’Assemblée nationale sur la gestion du Fadec par les communes. C’est la surfacturation, c’est cette corruption qui ne dit pas son nom et qui est à déplorer. C’est aussi le fruit de l’absence de contrôle de ces structures-là.
Il faut accompagner la décentralisation de la formation du personnel, de la responsabilisation du personnel qui gère le Fadec. C’est un fonds public et il faut mettre en place des structures de gestion et de contrôle. Mais, ça ne doit pas être objet de chantage non plus parce que dans beaucoup de cas que nous connaissons sur le territoire national, la gestion du Fadec a été désastreuse et c’est ce que l’Assemblée nationale vient de faire ressortir et c’est ce que nous savions tous, nous qui nous intéressons à la gestion économique de ce pays.
Pensez-vous alors que la loi sur la décentralisation doit être revue tel que le proposent certaines personnes ?
Je ne pense pas que la loi sur la décentralisation est caduque. Mais, je crois que c’est depuis 2010 que nous avons besoin d’approfondir la décentralisation. Et, la gestion du Fadec ne doit pas nous amener à revenir sur la décentralisation, mais au contraire, cela doit nous amener à approfondir la décentralisation en accordant plus de moyens aux structures décentralisées, plus de responsabilité et puis plus de contrôle citoyen. Pas de contrôle forcement public mais contrôle citoyen. J’aurai l’occasion de vous expliquer concrètement comment les populations d’une commune peuvent contrôler comment les fonds publics sont gérés, le Fadec, par exemple, et d’autres ressources collectées par les communes. Il y a plusieurs moyens. Il y a plusieurs expériences autour du monde qui nous permettent d’approfondir la décentralisation et de nous assurer que les réalisations sont faites conformément aux ressources mises à la disposition des communes.