Par Sébastien LOKOSSOU (Stagiaire)
Les services béninois de contrôles des transactions de volaille ont redoublé de vigilance depuis la réapparition au Nigeria, de foyers de la grippe aviaire. Dans l’après-midi d’hier, mercredi 21 janvier, ils ont mis la main sur des milliers de poussins en provenance du Nigeria, qu’un commerçant s’apprêtait à déverser sur le marché à Gbèdjromèdé.
L’alerte est maximale au Bénin. Et déjà les services de contrôle passent à la vitesse supérieure pour éviter la propagation de la pandémie en terre béninoise.
En effet, les services de contrôle de la direction de l’Elevage ont procédé, hier mercredi 21 janvier, à une importante saisie de poussins en provenance du Nigeria. Au nombre de 2150, ces poussins d’un jour disposés dans 43 cartons perforés ont été saisis à Gbèdjromèdé, lorsqu’un opérateur économique s’apprêtait à les écouler. Selon le directeur de l’Elevage, Byll Orou Kpérou Gado, la marchandise prohibée sera détruite comme l’exige les textes en vigueur. Dès la confirmation de la notification de la réapparition de la grippe aviaire au Nigeria voisin, le Bénin, à la faveur d’un communiqué du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche avait interdit de façon formelle l’importation, le transit et la distribution de volaille, des parties et abats de volaille congelés, des poussins d’un jour, des œufs, des aliments de bétail et toutes autres préparations à base de volaille en provenance du Nigeria. A travers ce communiqué inspiré d’un arrêté interministériel, le ministre béninois en charge de l’Agriculture, Issa Azizou a officiellement mis en état d’alerte, jusqu’à nouvel ordre, tous les services de contrôle des frontières nationales. Mieux, les officiels béninois ont été invités au strict respect dudit arrêté interministériel du 13 décembre 2014 interdisant temporairement l’importation, la distribution et le transit desdits produits. Les services béninois sont donc à l’épreuve et face à la situation, le directeur de l’Elevage rassure les populations à propos de la grippe aviaire.
Il importe de préciser que dans le même communiqué de presse, le ministre en charge de l’Agriculture a également exhorté les corps de contrôle des transactions frontalières, des douanes, de la gendarmerie et de la police à prêter main forte aux agents des services vétérinaires dans le contrôle des transactions de volaille, produits de volaille et aliments de bétail.
La transmission du virus de la grippe aviaire
Causée par un virus en provenance de plusieurs espèces d’oiseaux comme les poulets, dindons et pintades, la grippe aviaire est une maladie reconnaissable par un certain nombre de symptômes. Selon les explications du docteur vétérinaire Byll Orou Kpérou Gado, directeur de l’Elevage, il s’agit d’un virus qui, à l’état naturel, peut se trouver dans l’organisme des oiseaux sauvages sans que ces derniers ne manifestent la maladie.
«A l’occasion de leurs mouvements migratoires, ils peuvent se déplacer avec le virus et le transmettre à tout moment à des oiseaux domestiques», a indiqué le directeur de l’Elevage tout en soulignant que la grippe aviaire peut détruire en moins de 48 heures toute une basse-cour.
Quant au mode de contamination de l’homme, il mentionnera surtout le contact direct avec la volaille.
Mais de quel type de virus est-il actuellement question? Selon les explications de Byll Orou Kpérou Gado, c’est du virus H5N1. Ce virus, poursuit-il, a montré son pouvoir de mutation de sorte que d’autres combinaisons ont existé et continuent d’être identifiées par les scientifiques.
A part le H5N1, il existe notamment le H7N5 dans certains pays asiatiques.
Le directeur de l’Elevage fait également savoir qu’aujourd’hui, le niveau d’alerte est maximal parce que le virus de la grippe aviaire est déjà aux portes du Bénin. Il suffit, dit-il, d’une petite inattention pour qu’il fasse son apparition dans le pays.
Pour lui, il est important de renforcer les mesures de prévention. Il est recommandé aux populations d’éviter toute promiscuité avec la volaille, de bien cuire tous produits de volaille avant consommation.
Le spécialiste invite surtout les éleveurs à faire en sorte que leurs poulaillers ne soient pas orientés dans le sens des vents dominants. En effet, l’air est aussi vecteur de transmission du virus.
Les vendeurs de volaille de Dantokpa très peu préoccupés
C’est en début de semaine, que l’alerte a été donnée par les services vétérinaires du Nigeria. La maladie de la grippe aviaire serait identifiée dans le Nord et le Sud du pays. A Cotonou, quoique le Nigeria est à proximité du Bénin, la nouvelle semble préoccuper très peu les vendeurs de volaille au marché Dantokpa.
Par Faosiya SEFOU (Stag)
Vendeuses de volaille soucieuses, mains à la tempe face aux chants des coqs et des poulets. Voilà l’ambiance dans laquelle se trouvaient hier les vendeurs du marché de volaille de Dantokpa. Au lendemain, de l’annonce de l’alerte faisant état de la présence de la maladie de la grippe aviaire au Nigeria, le marché béninois reçoit déjà un coup dur. L’affluence remarquée autrefois, au niveau des étalages de vente de volaille a considérablement chuté. Il est rapporté du géant voisin, la détection du premier cas de cette maladie contagieuse qui attaque facilement la volaille. Certaines femmes du marché de volaille de Dantokpa affirment déjà que cette nouvelle «est encore une trouvaille des autorités de ce pays pour créer la panique» dans leurs rangs. Pour Amandine Toha, une vendeuse, la volaille élevée chez nous au Bénin est constituée d’animaux sains. Ils sont rarement touchés par une maladie», affirme-t-elle d’un ton très déterminé. «Par contre les poussins élevés en moins de 24 heures sont souvent exposés», poursuit Amandine Toha. Un peu plus loin, dans le même marché, une autre vendeuse réplique que les œufs des poules de chez nous sont suivis 21 jours avant de s’éclore et sont nourris à la vitamine et non uniquement avec la provende. «C’est un faux problème et nous sommes persuadées que nos produits ne pourront jamais être touchés par cette maladie», affirme pour sa part Bénédicte Houngan.
Les consommateurs pensent pour leur part que la vie de la population est désormais entre les mains des autorités. «C’est triste aujourd’hui de savoir que cette maladie est encore de retour. Il y a quelques années, les autorités ont remarqué sa présence dans les pays de la sous-région tels que le Togo, le Nigeria et autres. Il va falloir que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour freiner la propagation de cette maladie au Bénin», fait remarquer Albert Akplogan. «Je pense que la sensibilisation des populations et la sécurisation de nos frontières sont les meilleures armes pour y arriver», propose-t-il.