‘’Pour un enseignant volontaire déployé, ce sont deux, trois voire quatre vacataires qui sont systématiquement remerciés. Alors, quelle est cette politique de promotion de l’emploi qui veut qu’on arrache le pain à Pierre, Paul et Jacques pour le donner à Jean ? Cette façon de faire participe t-elle de la réduction du chômage ?’’. Ainsi s’interroge Evariste Tossou, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants temporaires du Bénin. En effet, la mesure de déploiement de volontaires dans différents services publics dont les lycées et collèges pour pallier le problème de sous effectif crée plus de problèmes qu’elle n’en résout, notamment dans le secteur de l’éducation. On note des grincements de dents dans le rang des enseignants temporaires qui se retrouvent du jour au lendemain sans emploi parce que remplacés par leurs frères volontaires, mais aussi des grognes dans le rang des chefs d’établissements contraints à se séparer de ces enseignants qui ont déjà une certaine expérience du métier, pour s’en remettre à des volontaires moins expérimentés, et ceci en pleine année scolaire. Alors, une seule question effleure l’esprit des pédagogues. Quel avenir prépare-t-on à ces milliers de jeunes, dans un contexte où les échecs massifs aux divers examens constituent une préoccupation nationale ? Comment se taire face à ce que d’aucuns qualifient de suicidaire pour le système éducatif national ? Le Syndicat national des enseignants temporaires du Bénin a donc décidé de sortir de son mutisme pour arrêter la saignée. Pour Evariste Tossou et ses pairs, cette mesure est incompréhensible, surtout au lendemain du forum national sur l’éducation. Ils dénoncent par ailleurs une mesure antisociale. ‘’Vise-t-on vraiment la résolution du problème de manque d’enseignants dans nos lycées et collèges ? Comment comprendre que pour 681 volontaires déployés dans les Ceg sur toute l’étendue du territoire national, le département de l’Atlantique-Littoral seul en reçoit 516, alors que la pénurie d’enseignants se fait plus ressentir ailleurs’’, continue de s’interroger Evariste Tossou. Une chose est sûre, la pertinence de cette mesure de déploiement d’enseignants volontaires dans les lycées et collèges reste à prouver si l’on doit en venir à supprimer des centaines d’emplois déjà précaires.