L’histoire est en train de se répéter, comme au Prd en 1998, est-on tenté de dire à la suite de ce communiqué signé du président de la Renaissance du Bénin. Dans ce communiqué, le parti énumère les raisons qui l’ont poussé à rompre son alliance avec la mouvance présidentielle, et à rappeler son ministre du gouvernement Yayi.
COMMUNIQUE DU PARTI LA RENAISSANCE DU BENIN
Le Bureau Politique National de la Renaissance du Bénin (RB) s’est réuni le lundi 19 janvier 2015 à son siège à Vidolé (Cotonou) pour examiner diverses questions relatives à la situation sociopolitique de notre pays, au positionnement du parti sur l’échiquier politique nationale et à la question de l’organisation des prochaines consultations électorales.
A l’issue de cette réunion, la RB rend public, le communiqué ci-après :
Les raisons de l’adhésion de la RB à la majorité présidentielle plurielle
Au terme de l’élection présidentielle de 2011 et dans la situation de tension qui s’est ensuivie, le Président de la République a souhaité la réalisation d’un large rassemblement des forces politiques en vue de garantir la paix sociale et le développement économique de notre pays. Il a, dans un discours historique à la nation le 13 mai 2011, prôné l’ouverture en appelant « chacun à honorer ses engagements à l’égard de la nation et à mettre les intérêts de la République au-dessus des intérêts partisans ».La RB, dans son souci d’apaisement, de préservation de la cohésion sociale et de l’unité nationale, a en toute responsabilité, répondu favorablement à cet appel. Ce faisant, notre parti a précisé qu’il sera pour le Chef de l’Etat, son gouvernement et les autres forces de la majorité présidentielle plurielle, « un partenaire déterminé, fidèle, loyal mais exigeant en ce qui concerne la consolidation de la démocratie, le respect des libertés fondamentales, la justice sociale et la bonne gouvernance ».
La RB dans la mise en œuvre du partenariat
La Renaissance du Bénin, fidèle à ses engagements, s’est abstenue de toute attaque publique à l’encontre du Président de la République et de sa mouvance. Elle a œuvré de son mieux pour assurer une gouvernance apaisée tant au parlement que sur tout l’échiquier politique. Aussi, le parti a-t-il contribué à :
• Mettre en place les organes dirigeants de l’Assemblée nationale et les Institutions de la République ;
• Voter les lois tant qu’elles ne remettent pas en cause l’Etat de droit, les libertés et les principes fondamentaux de la démocratie ;
• Autoriser les ratifications des accords de prêts et autres conventions.
Nos constats après quatre ans de partenariat
Aujourd’hui, quatre ans après, force est de constater que la paix sociale est constamment menacée, avec un climat défavorable à des performances remarquables de l’économie nationale et au développement de notre pays. Pendant longtemps, le Bénin a vécu au rythme des grèves et des manifestations interdites ou réprimées. Les réformes programmées et entamées au début de ce quinquennat par le Chef de l’Etat, piétinent. La braise des clivages ethniques et régionalistes se ravive, menaçant l’unité nationale et la cohésion sociale. Des Institutions de l’Etat érigées sur la base de la séparation des Pouvoirs et en principe complémentaires, entretiennent entre elles, des relations conflictuelles et électriques. Malgré les chiffres de croissance économique régulièrement annoncés à grand renfort de battage médiatique, la situation économique de notre pays continue de se dégrader (baisse de la production du coton, PVI en berne, Port de Cotonou en perte de compétitivité, panier de la ménagère désespérément vide, etc…) ; les conditions de vie des populations ne connaissent pas d’amélioration sensible ni dans les villes, ni dans les campagnes.
Par ailleurs, l’absence de concertation et de dialogue sincères, caractéristiques de ce régime, a amené au spectacle désolant des attaques publiques ou en sous main dont la RB a été souvent l’objet de la part de la mouvance présidentielle. C’est ainsi que le parti, en s’opposant à la proposition de loi scélérate du retrait du droit de grève aux magistrats et en rejetant toute forme de révision opportuniste de la Constitution pour ne pas perdre son âme, à savoir la matrice des valeurs qui fondent son action politique, s’est attiré des représailles de toutes sortes. Ainsi, il a connu une tentative de déstabilisation de son groupe parlementaire.
De même, la RB dans sa position de veille stratégique, a fait principalement le constat de plusieurs entorses à notre Constitution.
Il s’agit notamment :
• Du recul des libertés.
Les libertés individuelles, d’association et d’expression sont régulièrement bafouées par le régime. Les exemples sont légion. On peut citer :
⎯ la répression sanglante de la marche syndicale du 29 avril 2014.
⎯ Les médias du service public notamment l’ORTB sont transformés en caisse de résonance du seul pouvoir.
• Des menaces sur la tenue à bonne date des élections.
La Renaissance du Bénin est un parti profondément attaché à la démocratie et à l’Etat de droit. Lesquels sont la quintessence des orientations politiques fondamentales dégagées par l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990 et approuvées par référendum par le peuple béninois et fixées dans notre Constitution du 11 décembre 1990. La démocratie et l’Etat de droit, c’est avant tout la possibilité d’une libre expression de la volonté du peuple dans toutes ses formes, notamment à travers l’organisation d’élections libres, transparentes et à bonnes dates.
Or, que constatons-nous aujourd’hui dans notre pays ? L’horizon n’est toujours pas encore totalement dégagé quant à l’organisation des prochaines élections. L’organisation aussi bien des élections municipales, communales et locales que des élections législatives est hypothéquée.
Et pourquoi tout cela ? Essentiellement parce que longtemps, le Gouvernement et le COS-LEPI, les deux principaux protagonistes devant travailler à un déblocage de la situation, se sont accusés et se sont renvoyé la balle continuellement.
Au regard de ce tableau peu reluisant pour l’image de marque qu’avait notre démocratie et considérant que dans plusieurs communiqués médiatisés, la RB a exprimé son désaccord avec ces situations, son Bureau Politique National, fidèle aux idéaux du parti et aux principes qui fondaient son adhésion à la majorité présidentielle plurielle, décide pour compter du lundi 19 janvier 2015 de :
1- Rompre son partenariat avec la mouvance présidentielle ;
2- Rappeler du gouvernement, son ministre en la personne de Monsieur Christian SOSSOUHOUNTO ;
3- Poursuivre le combat, à la suite de l’historique marche du 11 décembre 2014, pour la défense des idéaux fondamentaux de la démocratie aux côtés des forces politiques engagées dans cette cause.