Cotonou - Le Bénin s’est doté d’une loi régissant l’information, une première dans ce pays où une multiplicité de textes régulait les médias, et où des journalistes manifestaient leur inquiétude
concernant leur liberté d’expression.
Le texte, adopté jeudi par le Parlement, supprime les peines de prison pour offense au chef de l’état et réglemente l’accès aux sources d’information.
Il régit l’exercice de la profession et est désormais l’unique support législatif de régulation des médias de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, classé au 75e rang sur 180 pays et au 16e rang en Afrique par Reporters sans frontières (RSF) dans son évaluation de la liberté d’informer.
"C’est le couronnement de plus de 10 années de bataille et c’est le lieu de saluer la clairvoyance des députés qui dote ainsi notre pays d’un code moderne", s’est félicité auprès de l’AFP Franck Kpotchémé, président de
l’union des professionnels des médias du Bénin (UPMB).
Mais RSF a aussi relevé un certain nombre de cas où des journalistes ont été sanctionnés dans l’exercice de leur métier.
L’an dernier, le directeur de publication du journal L’Indépendant a été
condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis pour "offense" au président
béninois Thomas Boni Yayi. Le journal a été suspendu pour deux fois trois mois
et l’un de ses journalistes condamné à deux mois de prison ferme.
Le président Boni Yayi a participé le 11 janvier à Paris à la grande marche
pour la liberté après l’assassinat de 12 journalistes de l’hebdomadaire
français Charlie Hebdo par des islamistes.
Mais après son retour un journaliste de la télévision publique, Ozias
Sounouvou, a été accusé par ses supérieurs d’avoir commis une faute grave pour
avoir appelé à plus de liberté d’information au Bénin. "Monsieur le président,
soyez Charlie pour les journalistes de l’ORTB,", avait-il lancé en direct.
"C’est une réelle avancée car ce code met à charge tout détenteur
d’information de les mettre à la disposition du public, ce qui n’était pas le
cas jusque-là", a ajouté à l’AFP Wilfried Léandre Houngbédji, secrétaire
général de l’observatoire béninois de la déontologie et de l’éthique dans les
médias.
Pour Gérard Agognon, secrétaire général du Conseil national de la presse et
de l’audiovisuel, le patronat de la presse au Bénin, la nouvelle législation
représente "un pas important vers la promotion des droits de la liberté
d’expression".
Wilfried Léandre Houngbédji s’est aussi félicité que la nouvelle loi oblige
les propriétaires des organes de presse au repect de la convention collective,
ce qui doit "considérablement améliorer les conditions de vie des journalistes
béninois".
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