L’image que m’inspire l’agitation au Bénin autour de la révision de la constitution ; entre un président de la république qui y a découvert tout à coup la panacée nationale, la grande œuvre de son mandat et le peuple sceptique, dubitatif et rétif ; l’image onirique de cette agitation absurde et par certains côtés pathétique traduit la profondeur de notre incapacité de faire face à notre destin, et le recours aux polémiques dérisoires, dilatoires et soporifiques, dont la fonction est de distraction. Il est vrai que la grande spécialité de ce gouvernement aura été la fiction.
Fiction dans des promesses sans lendemain de changement et d’émergence, faites à l’emporte-pièce en surfant sur la vague et la vogue des images vides, d’experts en économie qui savent à quoi tiennent les lois du développement. Surf aussi sur les images ampoulées de Dr en économie et de Banquiers internationaux, riches comme Crésus, qui déverseront des milliards sur le peuple affamé, aguiché, caressé dans le sens du poil de ses rêves d’enrichissement miraculeux.
Fiction aussi d’une réélection truquée, néo-colonisée, magique et symboliquement violente, où on a fait dire aux chiffres ce qui n’existait pas, imposé de toutes pièces la volonté usurpatrice d’un régime dont les suppôts et les sangsues n’avaient pas encore fait le plein du pillage des richesses nationales, d’un homme obsédé de réélection face à la volonté du peuple foulée aux pieds, du peuple tenu pour quantité négligeable ou objet politique inanimé.
Fiction enfin que cette agitation autour d’une révision de la constitution à laquelle manque le critère sine qua non à savoir le consensus de la nation tout entière.
Fictions mais aussi affliction que de voir l’impasse dans laquelle se trouve notre cher pays, le Bénin, au moment où de toutes parts, ses frontières sont rognées par ses voisins sans que l’État défende l’intégrité du territoire ; impasse dont le pathétique est bien traduit par le fait que la seule solution que le gouvernement propose pour trouver du travail aux jeunes, faire reculer la mévente sur les marchés, la pauvreté et l’insécurité dans nos villes, la seule solution à ces urgences sociales et économiques soit la révision de la constitution !
On a compris qu’il s’agissait bel et bien d’une distraction, qui est la mère de toutes les fictions, car leur but et leur fonction par excellence.
C’est pour cela que l’idée onirique que m’inspire toute cette agitation est celle d’un homme malade et qu’au lieu de soigner, le chef de famille propose d’amener chez le coiffeur pour arranger sa coiffure, lui faire une belle coupe… Et pendant que la dispute autour de l’opportunité de cette belle coupe fait rage, que croyez-vous qu’il advînt du malade ?