Enfin ! La fameuse question d’actualités N°7 du 3 juillet 2012, posée au gouvernement par l’honorable Eric Houndété et neuf de ses collègues et qui est relative à la destruction des habitations des populations Xwla et Xwéla à Xwlacodji (Cotonou) est passée hier, 4 juillet 2013, à l’Assemblée Nationale, soit un an après plusieurs reports. Les députés ont écouté le ministre Blaise Ahanhanzo Glèlè. Ses réponses ont malheureusement laissé l’honorable Houndété sur sa soif.
L’opération de déguerpissement remonte au 4 mai 2012. A en croire l’honorable Houndété, auteur de la question d’actualités, elle s’est poursuivie les 5 et 9 mai 2012 et a été ponctuée de bastonnades sauvages et d’arrestations tous azimuts des populations. C’est à cette situation éprouvante pour lesdites populations que la Représentation nationale sur l’initiative de l’honorable Eric Houndété a décidé d’interpeller le gouvernement. Une batterie de 18 questions soutient cette interpellation.
Prenant la parole au cours de la séance plénière présidée par l’honorable Boniface Yèhouétomè, le ministre Blaise Ahanhanzo, entouré pour la circonstance des cadres de son ministère, a présenté ses excuses et celles du gouvernement aux députés pour les rendez-vous manqués.
Revenant au dossier proprement dit, il a déclaré que « toutes les actions visant au développement du peuple sont des actions très difficiles et qui demandent des sacrifices ». Pour lui, il faut faire des sacrifices pour satisfaire la majorité.
Répondant à l’une des questions posées par l’honorable Houndété, le ministre de l’environnement a signifié que l’opération qui a consisté à dégager les berges lagunaires en vue de leur assainissement par des investisseurs qui attendent déjà est sous-tendue par des décisions prises par le conseil des ministres en sa séance du 14 décembre 2011. Ce qui a amené au lancement de l’opération le 04 mai 2012 alors que depuis le 29 février 2012, les populations riveraines des zones ciblées ont été invitées à quitter les lieux.
« Avant le démarrage de l’opération de déguerpissement, a ajouté le ministre Ahanhanzo Glèlè, le gouvernement a engagé une série d’actions notamment les sensibilisations, la diffusion des communiqués radio sans oublier la mise à la disposition des chefs d’arrondissement des moyens pour la sensibilisation de proximité. En dépit de toutes ces actions et également suite à l’ultimatum en juin 2006 du maire de Cotonou à ces populations qui ont brandi le dilatoire pour ne pas s’exécuter, les autorités ont engagé l’opération de déguerpissement », a déclaré le ministre Ahanhanzo-Glèlè qui a par ailleurs annoncé que le point des habitations détruites est en cours et que l’opération s’est étendue sur une superficie de 13 ha 48 a 22 ca.
« Le recensement des personnes sans domicile est en cours. Les populations ont été suffisamment averties. 18 interpellations ont été effectuées suite aux agressions. Le coût total de l’opération s’élève à 460.251.227 FCFA et aucune protection sanitaire des victimes n’a été envisagée », a conclu le ministre Ahanhanzo-Glèlè. Ce qui a suffi pour faire monter le mercure au niveau du député Houndété.
Eric Houndeté s’énerve et accuse !
« Je voudrais rassurer le ministre Ahanhanzo-Glèlè et lui dire de ne pas avoir peur. En effet, les populations de Xwlacodji qui se sont indignées ne sont pas des fourmis. Il a présenté ses excuses et à la fin, il est redevenu lui-même, membre d’un gouvernement qui décide de sacrifier ses populations. Je suis profondément meurtri avec ce que je viens d’entendre. C’est vrai, pour prendre une décision, il faut se demander si le nombre de bénéficiaires dépasse la majorité et vice-versa. Je voudrais aborder les réponses du ministre point par point. A la première question, il évoque le dilatoire. Ces populations sont installées en 1830 et ne sont pas des occupants illégaux. Ils doivent être traités comme des hommes et non des sous hommes. Cela est injuste. On demande pourquoi le gouvernement attend la veille des examens scolaires et la veille des saisons de pluies pour lancer l’opération et le ministre évoque un dilatoire de 2006. Le gouvernement était où ? Je mets au défi le ministre de me dire ce qui a été fait en 2006, concernant les populations de Xwlacodji. Ce qui s’est passé est une fraude administrative. Je veux une seule preuve que les populations de Xwlacodji ont été sensibilisées à un quelconque déguerpissement. C’est seulement en 2009. Pas de réponse en ce qui concerne le dédommagement de Xwlacodji ? Il y a là un abus de pouvoir. Le gouvernement a fait souffrir une partie des populations. En ce qui concerne les actes réglementaires qui fondent l’opération, on nous évoque des décisions du conseil des ministres. C’est cela un acte réglementaire ? Toutes les réponses données par le gouvernement ne sont pas fondées. Rien n’a été fait pour préparer les populations à ce genre d’opération. Sur quelles bases on peut casser les détenteurs de titres fonciers et laisser ceux qui n’ont rien ? Le gouvernement a été incapable de me donner le nombre d’habitations détruites. Pour sa gouverne, je veux l’informer qu’il y a 421 habitations détruites. Et si le gouvernement a été incapable de me donner le nombre d’habitations détruites, c’est que ce qui a été fait ne relève pas d’un travail minutieux. C’était à la tête du client. Comment peut-on nous dire que l’inventaire de ces habitations est en cours en 2013 alors que l’opération a eu lieu en 2012 ? C’est l’expression d’une méchanceté à l’endroit d’une population. Je suis convaincu que le ministre Ahanhanzo-Glèlè n’est pas conscient de ce qu’il a fait, car il doit avoir le sang Xwla dans ses veines. Les gens d’Abokicodji et autres ont été dédommagés, qu’en sera-t-il du dédommagement des populations de Xwlacodji ? Maintenant que le gouvernement s’est rendu compte qu’il s’est trompé en ce qui concerne le dédommagement, que fait-il ? La méchanceté a poussé les gens à récupérer les gravats. Car ces gravats ont servi à remblayer les trous de Cotonou. Comme nous avons à faire à un gouvernement qui ne se soucie pas des populations, un an après, incapable de nous dire combien de personnes sont concernées par ce sinistre. Je voudrais lui rappeler que 4900 personnes ont été en souffrance à Xwlacodji et le cœur du président n’a pas transpiré. Le comble, c’est qu’on a dans le lot des victimes, plus de 3800 femmes et enfants. Là où le bât blesse, c’est au niveau de la protection sanitaire des victimes. Le gouvernement affirme n’avoir rien fait pour ces populations au motif qu’elles sont dans l’illégalité et ont brandi le dilatoire pour occuper les domaines. Le gouvernement n’a pas été fichu de donner le moindre médicament aux populations. Enfin de quoi se mêle la mairie de Cotonou en récupérant les gravats ? Il faut trouver le mécanisme pour le faire rembourser au profit des victimes. Quand je demande les projets, un an après, il y n’a rien. Ce gouvernement est passé champion dans le rêve. Je constate la méchanceté gratuite du gouvernement Yayi contre les populations de Xwlacodji ainsi que la violation de la Constitution. Et je recommanderai au gouvernement de demander pardon aux populations de Xwlacodji et que ces populations soient dédommagées », a dit en substance l’honorable Houndété dans un langage qui tranche avec l’hypocrisie.
Le gouvernement va-t-il s’exécuter ? Bien malin celui qui pourra répondre à cette interrogation. Mais en attendant, les populations déguerpies se réinstallent déjà. La nature ayant horreur du vide.