La demande de rappel du Gouvernement de la Renaissance du Bénin (Rb)du ministre de l’Urbanisme, Christian Sossohounto se révèle, plus d’une semaine après, comme un coup d’épée dans l’eau. Elle peut être interprétée comme la résistance du ministre Sossohounto aux injonctions de son parti politique ou le double jeu de la Rb auquel les populations sont habituées.
Depuis plus d’une semaine après, le ministre de l’Urbanisme, Christian Sossohounto n’a pas favorablement répondu à la demande de la Renaissance du Bénin (Rb) de sortir du Gouvernement du Président Boni Yayi. Les jours et les nuits passèrent. Et plus rien ! La Rb n’a plus rappelé à l’ordre son militant qui travaille encore aux côtés du Chef de l’Etat qu’elle considère aujourd’hui comme son farouche adversaire. La position actuelle de Christian Sossohounto peut comprise comme une résistance aux injonctions de sa formation politique. Il a préféré s’approcher aux avantages du Pouvoir que de suivre son parti politique en disgrâce avec le Chef de l’Etat. Ce n’est pas facile à un jeune sorti de nulle part d’abandonner les délices du Gouvernement pour se retrouver au chômage surtout que son suppléant a déjà pris sa place au Conseil municipal de Cotonou. Mais, politiquement, il risque de creuser sa propre bombe avec ses dents. Il était pratiquement l’homme à tout faire du président de la Renaissance du Bénin, Léhady Soglo.
Devenu homme de confiance des leaders du parti, il a été envoyé au Gouvernement. Le ministre de l’Urbanisme doit alors tout aux ‘’Renaissants’’. Refuser de sortir du Gouvernement, suite aux injonctions de son parti politique, le ministre de l’Urbanisme aurait fait preuve d’infidélité et de manque de respect à son président Léhady Soglo. C’est ce qu’on peut comprendre si la Rb tient vraiment à la sortie de son poulain de l’équipe du Président Boni Yayi. Dans le cas contraire, ce serait le double jeu de cette formation politique auquel les populations béninoises sont habituées. Comment et pourquoi ? C’est possible que cela soit une stratégie pour se réclamer de l’opposition, parce que les données ont changé sur le terrain et continuer de jouir des avantages du Pouvoir à travers la position de
Christian Sossohounto dans l’exécutif.
La probabilité est très forte pour que la deuxième hypothèse soit plosive. Que disent les statuts et règlements de la Rb en cas de non-respect des prescriptions du parti par un militant, ministre soit-il ou pas ? L’attitude du ministre de l’Urbanisme, si ce n’était pas un jeu, est une violation des statuts du parti qui prévoient des sanctions en cas de dérives. Il y a le rappel à l’ordre, l’avertissement, le blâme, la perte des droits et l’exclusion. Jusque-là, aucune sanction n’a été prononcée contre le ministre Sossohounto. C’est comme si la Rb est en train de fermer les yeux sur le non-respect de ses prescriptions par son militant au Gouvernement. De là, on peut comprendre que c’est de la politique politicienne pour continuer de jouir des délices du régime en place tout en faisant croire aux populations que Léhady Soglo a déjà rompu les amarres avec le Chef de l’Etat.
C’était le même scénario au premier mandat du Président Boni Yayi avec la présence de Ganiou Soglo au Gouvernement. Aucune sanction n’a été prononcée contre ce dernier jusqu’à sa sortie de l’exécutif au lendemain de la présidentielle de 2011. Or, par le passé, le parti ne lésinait pas sur les moyens pour infliger des sanctions aux militants fautifs. C’était le cas de Candide Azannaï, Maxime Houédjissin, Nathanaël Bah, Georges Guédou, Lambert Avougnassou et consorts. Leur volonté de créer leur groupe parlementaire à la troisième législature a coûté leur exclusion. C’est dire que quand les intérêts des responsables sont en jeu, on ferme les yeux sur les textes du parti. Dès lors, les dirigeants de la Renaissance du Bénin doivent encore clarifier leur position sur l’échiquier politique national à travers des mesures courageuses, car le peuple béninois n’est pas dupe.