Le président Yayi Boni et le député Antoine Kolawolé Idji se sont donné de chaudes et "amicales" accolades devant les populations de Kétou vendredi 1er février 2013. Ce geste plutôt rare entre deux adversaires politiques qui a ému les populations, n’emballe tout de même pas certains analystes. Ils n’y voient pas de signes de grands bouleversements.
Le Chef de l’Etat serait-il redevenu conciliant aux yeux du président de l’Union fait la Nation (« Un »), Antoine Kolawolé Idji ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais les deux hommes politiques que beaucoup de choses opposent étaient tout sourire face aux populations d’Awaï lors de la cérémonie de la pose de première pierre de l’Université d’agriculture de Kétou (Uak) vendredi dernier. Le Chef de l’Etat a partagé avec le député de l’« Un » de longs moments de discussion. Que se sont-ils échangés ? De simples civilités ? Ou des mots forts pouvant avoir des effets prochainement sur l’échiquier politique ? A tout le moins, ce qui est certain, ils se sont comportés comme des hommes comblés ce vendredi. Le président de la République aurait même fait lever le préfet des départements de l’Ouémé/Plateau pours faire asseoir le député de l’opposition à sa droite. Yayi Boni comme un charmeur politique a réussi à offrir un beau spectacle aux populations qui le lui ont bien rendu à travers des ovations nourries et des cris de joie.
Grandeur d’esprit…
C’est un fait rarissime qui ne peut en réalité que réjouir une population frappée par la division profonde de ces deux hommes. Mais si ce geste est accueilli avec euphorie par les populations, et des électeurs, des analystes sont plus prudents. Pour eux, si le fait est appréciable, il ne changera pas outre mesure les relations entre les deux politiques. « Yayi Boni et Antoine Kolawolé Idji ont fait preuve de grandeur d’esprit. Ce sont des gentlemen… Ils se donneront la main quand il le faudra, lorsque les occasions se présenteront. Mais il n’y aura pas bouleversements », ont-ils laissé entendre. Pas de grands bouleversements tant les oppositions restent radicales. Si le député Idji a voulu jouer un petit coup politique en s’invitant à Awaï, l’un des sites d’implantation de l’Uak, les rapports conflictuels sont trop prononcés pour qu’il négocie un rapprochement avec le Chef de l’Etat. Président de l’« Un », plus grande alliance politique de l’opposition, il essaie avec le reste des députés de cette entité politique d’assumer le rôle de l’opposition réduite à une portion congrue. Il tente donc de tenir le flambeau et de tenir tête à un régime aux méthodes souvent critiquables. D’ailleurs, il a multiplié ses actions ces derniers jours au Parlement tout comme sur le terrain. Il a été très acerbe contre le gouvernement sur le dossier relatif à la participation des militaires béninois à la Mission d’intervention et d’assistance au Mali (Misma). A Bohicon, il y a de cela une semaine, l’homme a appelé les « unionistes » à des actions concertées pour reprendre du terrain lors des prochaines élections. C’est dire que le discours politique reste incisif et les convictions de l’homme n’ont pas évolué. A Kétou, soutiennent beaucoup d’analystes, Yayi et Idji ont agi comme les anciens présidents Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo. Ils se comportent souvent en gentleman lorsqu’ils se rencontrent en public, même s’ils s’apprécient très peu. Les accolades d’Awaï sont marquantes, mais elles ne chambouleront pas l’arène politique nationale. Sauf coup de tonnerre.
