Depuis son appel à l’endroit du chef de l’Etat Boni Yayi de faire de la liberté de presse une réalité sur la chaîne nationale de télévision (Ortb), le journaliste Osias Sounouvou et son collègue Prévert Prosper Noutéhou font l’objet de pressions. La dernière en date est leur suspension pour la présentation du journal télévisé de 20 heures. En guise de protestation, les syndicats marchent sur l’office ce jour.
On le murmurait ici et là, mais désormais, c’est une réalité. Le journaliste présentateur de l’Ortb Osias Sounouvou et son collègue Prévert Prosper Noutéhou ont été affectés de leur poste. Ils sont interdits de présenter jusqu’à nouvel ordre le journal télévisé de 20 heures et mis à la disposition de la rédaction pour emploi. Ils sont aussi interdits d’animer des débats télévisés. Une décision que leur à notifier la chef programme depuis le week-end dernier. « On m’a notifié de mon retour de congés que je ne pouvais plus présenter le journal télévisé de 20 heures sans explications. Elle (Rédactrice en Chef, ndlr) m’a dit que je pourrai présenter des JT d’une autre heure alors que je ne suis plus à cette étape. Je les avais graduellement déjà franchis. Comme vous pouvez vous en douter, j’ai refusé catégoriquement », a confié Prévert Noutéhou. Le confrère a déclaré hier, sur Radio Océan Fm que son soutien à Osias Sounouvou serait l’épée de Damoclès qui plane sur sa tête.
Depuis qu’il a vertement soutenu son collègue sur les réseaux sociaux, les deux n’ont plus la paix.
Même si le secrétaire général du syndicat Angelo Amoussou, n’assimile pas ce déclassement à une sanction, les deux mis en cause se disent déterminer à aller jusqu’au bout de leur combat. Ils invitent à une mobilisation contre l’oppresseur car la liberté de presse ne saurait être sacrifiée sur l’autel de compromissions et de chantages. Leur combat disent-ils est noble et ramènera tôt ou tard la paix dans la maison Ortb.
Des syndicats marchent sur l’Ortb ce jour
Le forum des travailleurs pour un nouveau système de gouvernance conduit par les secrétaires généraux Laurent Mètognon et Paul Essè Iko, projette ce jour mercredi 04 février une marche sur l’Ortb. Suite à l’annonce du déclassement des journalistes du Jt de 20 heures, ils se disent indigner et ne sauraient se taire contre cette oppression de la presse. Ils invitent tout citoyen épris de justice et de paix, à se joindre à eux pour dire non à l’intimidation.
Laurent Mètognon, secrétaire général de la Fésyntra Finances, rappelle que c’est une question d’intérêt national puisque dans la subvention que l’Etat donne, il a été prélevé en 2014, 290 millions de francs CFA pour le compte de la radio et de la télévision nationales. Et donc c’est le contribuable béninois qui dépense. C’est pourquoi le forum des travailleurs en sa séance plénière du 21 janvier 2015 a décidé d’une marche pacifique suivie de sit-in ce jour pour exiger : la sortie et la mise en œuvre effective d’une nouvelle grille annoncée, garantissant l’accès de tous et les libertés d’expression sur les médias d’Etat ainsi que la libre opinion des journalistes. La marche prend départ de la bourse du travail à 8 heures pour échouer à l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb).
Le syndicat de l’Ortb se désolidarise
La marche que projette de faire le forum des travailleurs ce jour, n’a pas reçu l’aval du syndicat des travailleurs de l’Ortb. Par un communiqué adressé hier à l’endroit de leur direction et des initiateurs de la marche, ce syndicat a exprimé son désaccord par rapport à cette initiative. Il reproche aux initiateurs de n’avoir pas associé leur confédération d’affiliation qu’est la Csa-Bénin. Le syndicat de l’Ortb considère cela comme une violation flagrante des principes généraux du syndicalisme. Sans toutefois dénier le motif de la marche, Angelo Amoussou demande aux travailleurs de rester sereins et d’avoir confiance au bureau exécutif de leur syndicat qui œuvre à l’édification d’une presse du service public responsable.
Armel VIDEGNON/Le Grand Matin