L’ombre d’une nouvelle crise plane sur la Renaissance du Bénin (Rb). La raison de cet évident malaise qui risque de miner la cohésion et l’esprit de groupe au sein du parti à quelques mois des prochaines élections législatives, n’a pas deux noms : la démission du gouvernement exigée à Christian Sossouhounto depuis le 19 janvier par le Bureau exécutif national de la Rb et le refus que celui-ci a opposé à cette décision dans sa correspondance en date du 2 février au président de son parti politique, Léhady Soglo. Le ministre Sossouhounto ne veut donc pas quitter le gouvernement malgré l’injonction de son parti. Et si à première vue, cet acte peut être perçu comme la désobéissance d’un militant envers son parti au nom duquel il est au gouvernement et que forcément, le ministre Sossouhounto en paierait les conséquences, il n’en demeure pas moins qu’au regard du contexte politico-social voire économique actuel, le ministre Rb n’avait pas d’autre choix que de dire niet à son parti.
En effet, si l’entrée au gouvernement du ministre Sossouhounto répond à la logique du partenariat politique avec la majorité présidentielle, il en est de même de beaucoup d’autres cadres Rb dans l’administration et à des postes clés au sein d’autres institutions de la République. Il va sans dire que la Rb, en procédant tel qu’il l’a fait, veut juste sacrifier le ministre Sossouhounto pour recouvrer une certaine virginité politique. Et même s’il en était ainsi, il ne serait pas exagéré de se demander pourquoi les autres cadres Rb promus au nom du partenariat avec la majorité présidentielle resteraient en poste ? De plus, que gagnerait le ministre Sossouhounto à démissionner ? Un improbable positionnement sur la liste Rb lors des prochaines élections législatives et communales ? Une fière chandelle pour sa fidélité aux Houézèhouè ? Et après ?
Un couteau à double tranchant
En tout cas, en restant au poste, Christian Sossouhounto, à moins d’une faute grave, s’assure de continuer à servir la République et à en tirer les avantages jusqu’aux prochaines élections législatives et pourquoi pas jusqu’en 2016 s’il bénéficie toujours de la confiance de Boni Yayi. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Le ministre Rb s’est fait sa religion. Autant être démis de ses fonctions, pour ne pas perdre certains avantages, que de démissionner. Car, nous sommes sur le terrain politique et même s’il démissionnait, rien ne lui garantit d’être bien positionné afin d’avoir la chance d’être élu lors des prochaines législatives.
N’empêche qu’en ne démissionnant pas comme le lui a exigé la Rb, le ministre Sossouhounto court le risque d’une mort politique. Constamment élu sur la liste Rb à Cotonou, il n’y a point besoin d’une boule de Cristal pour comprendre qu’en tournant dos à la Rb, qui ne manquera pas sans doute de le sanctionner, le ministre Sossouhounto sait à quoi s’en tenir. En effet, sans le manteau de ce grand parti politique qui l’a fait, il lui sera difficile voire impossible de rebondir politiquement, que ça soit à Cotonou ou même à Abomey d’où il est originaire et qui sont des fiefs de la Rb. Autant dire que Sossouhounto joue gros. Sauf qu’il n’a vraiment pas le choix. Entre la Rb, son parti qui a mis la barre très haute en n’exigeant que sa seule démission dans le package de postes récoltés du partenariat avec la majorité présidentielle et les habitudes prises en servant la République, il a préféré continuer l’aventure aux côtés de Boni Yayi et regarder de loin le clair-obscur auquel s’adonnent les maîtres du temple Houézèhouè.
Angelo DOSSOUMOU