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Komi Koutché au sujet des mesures économiques de la loi de finances 2015 : « Les réformes budgétaires sont irréversibles et s’imposent »
Publié le jeudi 5 fevrier 2015  |  La Presse du Jour
Komi
© Autre presse par DR
Komi Koutché




Au Bénin, plus rien ne sera comme avant dans la gestion des finances publiques. Le ministre de l’économie et des finances, M. Komi Koutché l’a martelé hier mercredi 4 février 2015 au cours des rencontres qu’il a eues avec les gestionnaires de crédits au niveau sectoriel, les producteurs de richesse, les opérateurs économiques et tous les acteurs de chaîne de dépense publique. L’événement a eu pour cadre la salle bleue du Palais des congrès de Cotonou.

La matinée de cette rencontre d’échange et de sensibilisation sur les nouvelles mesures contenues dans la loi de finances gestion 2015 a regroupé autour du ministre Komi les Artisans et associations d’artisans ; les Dirigeants des Petites et Moyennes Entreprises (Pme) ; les- Jeunes promoteurs de Pme ; les Fournisseurs et prestataires de l’Etat et des structures publiques ; les Gestionnaires de crédits de l’Etat et des structures publiques ; les membres de l’ Association Nationale des Communes du Bénin (Ancb) ; les Représentants de la Chambre des artisans du Bénin…Cette rencontre a été marquée par plusieurs interventions.

Dans son mot introductif, le ministre Komi Koutché a rappelé les grandes mesures prises par le gouvernement et qui sont contenues dans la loi de finances gestion 2015 pour booster la production et la consommation locale. « Dans le budget général de l’Etat gestion 2015, obligation est faite aux gestionnaires de crédits de réserver 60 % des commandes en mobiliers de bureaux à la consommation locale. Ce qui appelle de la part des artisans un gros effort de satisfaction des besoins de l’administration. Pour ce qui est des commandes de vivres au profit des cantines scolaires, des restaurants universitaires, des garnisons, des prisons civiles…la part belle (80 %) a été faite à la production agricole nationale dans le budget 2015. Aussi, 50 % des commandes de la fourchette de zéro à cinq millions de F Cfa doivent revenir aux Petites et moyennes entreprises (Pme) conformément aux standards du Small Business Promotion », a rappelé le ministre Komi Koutché.

Il a par ailleurs mis l’accent sur le but visé par cette rencontre qui selon lui, est de voir avec les acteurs de la chaine de dépenses publiques et les producteurs de richesse comment intégrer les éléments nouveaux du budget de 2015 dans les pratiques habituelles. Les réformes, a d’ailleurs martelé le ministre Koutché, sont orientées vers un seul objectif : la qualité de la dépense publique. Elles sont irréversibles et s’imposent. Ce qui suppose, a-t-il poursuivi, un arrimage objectif des besoins par rapport aux ressources. « La réforme va plus loin avec la question de la dématérialisation », a aussi indiqué le ministre des finances.

Pour finir son mot introductif, le ministre Koutché a félicité les gestionnaires exemplaires qui ont déjà perçu le bien-fondé des réformes contenues dans le budget 2015 et qui les ont déjà internalisées surtout en ce qui concerne l’apurement des anciennes dettes. Il a insisté sur le respect du principe de la spécialisation de l’exercice. A tous ceux qui continuent de garder les titres des anciens exercices budgétaires, le ministre Komi Koutché leur a demandé de les imputer car dans tous les cas, il ne sera plus question de faire marche arrière.

Un débat enrichissant

La parole a été libérée après l’intervention du ministre Komi Koutché. Au total 15 intervenants se sont inscrits. Leurs préoccupations tournent autour d’une question essentielle : comment faire pour relever le défi qui a été lancé par le gouvernement relativement à la réservation de 60 % des commandes en mobiliers de bureaux à la consommation locale dans un contexte où la matière première est rare. Savi Michel, Yvon Dédégbé, Bernard Domingo, Raoul Déguénon…ont suggéré au ministre des finances de voir comment faire pour réduire considérablement l’exportation du bois béninois vers l’extérieur. Pour eux, il est tant que le bois béninois reste au Bénin. C’est la condition, selon eux de gagner le pari.

La question de la constitution d’un répertoire d’acteurs intervenant dans le secteur du bois a été aussi évoquée. Les prestataires de services de l’Etat présents à la rencontre ont suggéré qu’ils soient intimement associés à l’élaboration du répertoire des prix et que quelque chose soit faite pour que les banques ne doutent plus de la signature de l’Etat. Il a été aussi question au cours de la rencontre d’appeler les artisans au respect des délais. Pour leur part, plusieurs gestionnaires de crédits ont remis sur le tapis la question relative à la réallocation des lignes de crédits antérieurs. Dans son intervention, le Directeur de l’artisanat a évoqué la question de l’arrimage des démarches et des procédures qui permettent d’engager les artisans sur le front des mesures qui ont été prises. A cette préoccupation s’ajoute aussi la question de la personnalité juridique des artisans en vue de leur participation aux marchés publics. Des clarifications ont été aussi sollicitées sur la prise en compte des anciennes dettes et les délais de paiement. La moisson a été en tout cas bonne. Elle a permis au ministre Komi Koutché et à certains de ses plus proches collaborateurs (Directeur général du budget, Contrôleur financier, Directeur général des affaires économiques, Directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Directeur général des impôts et des domaines) d’apporter des éclaircissements aux questions qui ont été posées.

Que retenir ?

En conclusion, on retiendra que cette rencontre avec les gestionnaires de crédits, les producteurs de richesse nationale…avait tout son sens et qu’il était nécessaire de la tenir. C’est en tout cas l’impression qui se dégage de la synthèse faite par le ministre Komi Koutché. « Une chose est claire. Si nous ne faisons pas aujourd’hui ces réformes, elles s’imposeront à nous demain. Nous pouvons ne plus être à nos positions actuelles, mais nous aurons à regretter d’avoir rater une belle occasion de rentrer dans l’histoire…Je voudrais en appeler à la conscience de chaque acteur à quelque niveau que ce soit et à l’esprit de responsabilité de chacun de nous et surtout à l’engagement républicain…Mieux vaut opérer des réformes à effet populaire que d’opérer des réformes populaires », a dit M. Komi Koutché pour qui le dispositif reste le même quant à ce qui concerne l’exécution de la dépense publique… « Le système sera évalué de façon trimestrielle », a averti le ministre des finances. En tout cas, avec le contrôle et les sanctions, il n’y a pas de raison que ces réformes engagées n’aboutissent.

Les importateurs acquis à la cause

Après les dirigeants des Pme, les artisans, les gestionnaires de crédits et les différents acteurs de la chaîne de dépenses de l’Etat, le ministre Komi Koutché a rencontré les importateurs de produits céréaliers et des denrées alimentaires. Cette rencontre qui a le même objectif que celle qui s’est déroulée dans la matinée a permis au ministre Komi Koutché de comprendre qu’il prêche la Bible et le Coran devant de vrais croyants. Les choses sont allées en effet vite avec des propositions concrètes pour accélérer la mise en œuvre de la mesure contenue dans la loi de finances exercice 2015 relative aux commandes de vivres au profit des cantines scolaires, des restaurants universitaires, des garnisons, des prisons civiles. « La rencontre de ce soir est une rencontre que nous attendons depuis longtemps. Aucun étranger ne peut développer notre pays à notre place. Nous voyons comment nos frères paysans souffrent pour produire les vivriers et qui pourrissent dans leurs greniers. Nous sommes surpris que sur le marché il n’y a même pas un seul sac de riz produit localement », a dit Mme Karamath Ibikunlé soutenue par M. Sani Moukaïla qui a rappelé les propositions qui ont été faites depuis 2012 pour amener les importateurs de riz à prendre une part active dans la production vivrière locale. En clair, il a été suggéré qu’un quota soit fixé sur les importations afin que des ressources soient mises à la disposition des paysans pour booster la production locale de sorte que les importateurs puissent quitter leur statut et migrer vers le statut d’exportateur.

Affissou Anonrin
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