Présidée par le financier Lionel Zinsou et lancée officiellement le vendredi 6 février lors du Forum économique franco-africain, la fondation pour la croissance entend être un nouveau carrefour d'échange au service des intérêts du continent et des entreprises françaises.
Quatre présidents en exercice - Ali Bongo Ondimba, Uhuru Kenyatta, Alassane Ouattara et Macky Sall, plus de quarante ministres, dont de nombreux anglophones, et plus de cent entreprises... Le continent sera largement représenté à l'occasion du sommet économique franco-africain organisé à Paris ce vendredi 6 février [PDF]. À Bercy comme au quai d'Orsay, les cabinets des ministres ne masquent pas leur satisfaction à quelques jours de l'évenement. La présence de Mohamed Boussaïd, le ministre marocain de l'Économie, après des mois de brouilles entre Paris et Rabat, vient même rehausser la saveur du rendez-vous, faisant oublier l'absence de l'Algérie et de l'Afrique du Sud.
Les officiels français ne seront pas en reste. En plus des ministres chargés de l'Économie et des Affaires étrangères, de Pierre Gattaz, le président du Medef, la plus importante organisation patronale française, et de deux cents chefs d'entreprises, le président François Hollande sera lui aussi présent.
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Évolutions
Le financier franco-béninois Lionel Zinsou ne pouvait rêver meilleur auditoire pour la présentation officielle de la fondation franco-africaine dont l'objectif sera de rénover le dialogue entre Paris et le continent. Un projet annoncé lors du dernier forum économique franco-africain organisé en décembre 2013 à Paris.
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Depuis son accession au pouvoir en 2012, le gouvernement socialiste ne se prive pas de rappeler que le développement du continent est au coeur de ses préoccupations, "après une décennie perdue" par la droite.
À preuve de leurs efforts, les conseillers de l'Elysée attirent l'attention sur l'évolution de la politique française en matière de financements, qu'il s'agisse du budget en hausse de l'Agence française de développement (AFD), de la réorientation vers le continent de la réserve pays émergents, de l'inflexion de la politique de la Coface, de la création du fonds de fonds Averroes III, alimenté par la Banque publique d'investissement et Proparco pour appuyer l'implantation de PME et d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) au sud du Sahara… mais aussi de d'assouplissement concernant l'octroi des visas de circulation.
Ces mesures visent à redonner de l'allant aux relations économiques de la France avec le continent. Principal indicateur de ce déclin, la chute des parts de marché des entreprises hexagonales dans les pays africains. Depuis deux ans, Pékin a par exemple surclassé Paris dans ses échanges avec Alger. Même constat en Côte d'Ivoire où la France ne pointe qu'au quatrième rang des investisseurs étrangers derrière le Royaume-Uni ou Maurice.
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Qualité
"La fondation ne substituera à aucune administration, aucune agence publique insiste Lionel Zinsou. Elle impliquera aussi bien le secteur public, que le privé ou les associations, et ses membres seront autant africains que français".
Une dizaine de clubs permettront aux participants de partager leurs vues. Un sous-groupe s'attachera à débattre de la qualité de la croissance en matière de création d'emplois et de prise en compte des enjeux environnementaux. Le capital humain sera au centre des débats. "C'est une priorité pour 100 % des gens que nous avons interrogés et c'est tout à fait normal pour des économies qui depuis plus de dix ans sont en surchauffe", juge son président. La fondation va d'ailleurs appuyer une quinzaine d'établissements africains qui forment des techniciens et des ingénieurs car "on a autant besoin de soudeurs que de géophysiciens".
Il y aura aussi un programme de formation de cadres à haut potentiel et un autre destiné à une trentaine de jeunes leaders, 20 africains et 10 français, âgés de 25 à 35 ans, venant du privé et du monde associatif. Une initiative parrainée par l'ancien ministre des Finances sénégalais Amadou Kane et par la Kényane Jacqueline Jacqueline Mugo, secrétaire générale de l'organisation patronale Business Africa.
Les thématiques relatives à l'assurance, au numérique, à l'agro-industrie, aux médias et à la culture, ainsi qu'aux transports et aux villes durables seront aussi débattues au sein de "clusters" spécifiques. La fondation s'appuiera sur des initiatives menées par des partenaires comme l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance) qui crée un club Afrique animé par Jean-Michel Séverino, ancien patron de l'AFD et président de la société d'investissement I&P. La future fondation "pour l'énergie en Afrique" de l'ex-ministre Jean-Louis Borloo, contribuera quant à elle à la réflexion sur la problématique énergétique
Parce qu'elle n'entend pas être coupée du continent, la fondation souhaite compter sur des associations africaines miroirs. Le Bénin, l'Angola, le Sénégal devraient faire partie des premiers pays concernés.
Financé principalement par les cotisations des membres - des dizaines de grands groupes et plus d'une centaines de PME se seraient déjà manifestés pour adhérer -, la fondation bénéficiera pour 2015 d'une subvention de 3 millions d'euros apportée par le Trésor français via l'AFD. "Nous finançons le dialogue pas les projets", prévient cependant Lionel Zinsou.
Partenaires
Face aux critiques taxant la fondation d'une boite à outils au service de la Françafrique, le financier franco-béninois rappelle que l'Afrique n'est plus dans une position d'otage. "Je rentre du Bénin. Pour rejoindre l'aéroport français, j'ai pris une autoroute chinoise, je suis passé devant une usine de tracteurs indienne. Et j'ai finalement décollé dans un Airbus franco-allemand. L'Afrique n'a jamais eu un tel choix de partenaires", résume-t-il.
Quant au mauvais signal envoyé par l'élection de l'autocrate Robert Mugabé à la tête de l'Union africaine, Lionel Zinsou ne veut pas s'en inquiéter outre mesure : "Mugabé n'a pas empêché le français Limagrain, deuxième semencier mondial d'investir au Zimbabwé." La fondation s'adresse à tous les acteurs du développement africain et elle ne veut surtout pas faire de complexe.
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