La campagne cotonnière qui vient de s'achever est toujours sujette à la controverse. Alors que celle-ci a occasionné de profondes réformes pour, a-t-on dit, réaliser un exploit, on se rend compte à l'heure du Bilan que rien n'a véritablement avancé. Sans compter que les résultats escomptés n'ont été nullement atteints, ce sont les égreneurs qui refusent de travailler pour la prochaine campagne. Ces derniers exposent dans une lettre envoyée au chef de l'Etat, leurs amertumes.
La grogne persiste dans le secteur du coton au Bénin. Après la guerre des chiffres autour du rendement de la campagne cotonnière 2012-2013, ce sont les égreneurs qui donnent de la voix. Dans une correspondance adressée au chef de l'Etat, les sociétés d'égrenage de Coton du Bénin ont exposé leurs amertumes pour ce qui est de la campagne précédente, tout en évoquant leurs attentes pour la campagne en cours. Sans détour, ces égreneurs refusent de travailler à crédit comme ce fut le cas par le passé.
Un rêve non réalisé
Annoncée pour être la campagne de tous les records, la campagne cotonnière 2012-2013 n'a pas réalisé les chiffres annoncés. Pourtant, le chef de l'Etat semblait bien sûr de sa promesse parce que estimant avoir mis tous les moyens nécessaires.
Réunis dans l'une des salles de réunion du ministère du Développement le jeudi 07 mars dernier, les ministres du Développement, de l'Agriculture et le directeur de cabinet du ministre des Finances livraient aux journalistes le bilan d'étape de la production cotonnière nationale au titre de la campagne 2012-2013. Selon le ministre Marcel de Souza, au titre de la campagne en cours, au total 351 milles tonnes ont été emblavés. A la date du 07 mars 2013, 226 milles tonnes de coton ont été réceptionnés dans les usines, 224 milles tonnes ont été égrenés pour un résultat de 98 tonnes de coton fibre et 115 milles tonnes de coton graines. " Ce n'est qu'un bilan d'étape. La récolte est en cours, l'égrenage continue, les placements aussi ", avait-il précisé avant d'insister que " le budget national ne mettrait aucun franc dans la campagne." Pour finir, Marcel de Souza confirme que la campagne connaitrait un bénéfice d'environ 20 milliards car le coton produit cette année est le ''Kaba super'', une qualité supérieure de coton.
Grogne des égreneurs
Si les fruits n'ont pas tenu la promesse des fleurs la semence aura été certainement l'une des variantes ayant impacté le processus. C'est du moins ce que laisse croire la dernière réaction des égreneurs qui, dans une lettre envoyée au chef de l'Etat, disent avoir été malmenés par le gouvernement. Dans leur correspondance, les égreneurs ont énuméré un chapelet de dysfonctionnement qui contredit bien les déclarations des membres du gouvernement le 07 mars dernier. Dénonçant entre autres le non respect de l'objet social et de ses engagements avec les sociétés d'égrenage, la baisse de la capacité de réinvestissement et la mauvaise image du Bénin auprès des actionnaires et des investisseurs étrangers, ils confient avoir connu une perte de 70% de leur revenus, ce qui risque d'occasionner, selon eux, une perte de 40.000 emplois. Pour éviter ce genre de dysfonctionnement, ils ont pris la ferme résolution de se rapprocher désormais des paysans pour acheter le coton graine. Secundo, les égreneurs dénoncent le retard dans le paiement des factures de prestation d'égrenage payées " partiellement et 6 mois plus tard "
Evaluation
En définitif, on peut bien conclure que les difficultés que connait le secteur de l'or blanc au Bénin ne sont toujours pas dissipées. Les improvisations, les politiques de soustraction et les petites querelles d'intérêt continuent d'être la règle. Si non comment comprendre que malgré la pléiade de réformes opérées par le chef de l'Etat lors de la campagne écoulée, les performances enregistrées n'ont pratiquement rien apporté de nouveau. Mieux, la campagne 2013-2014 en cours connait déjà son lot de difficultés et les responsables en charge du secteur n'osent point fixer d'indicateurs pour ses objectifs. Peut-être une malice pour ne pas se faire prendre au mot comme ce fut le cas la saison dernière. En attendant le chef de l'Etat dont la médiation est vivement souhaitée, les responsables en charge du coton bien présents dans les médias, pourront-ils contredire les égreneurs ?