Le Chef de l’Etat est décidé à faire aboutir "son" projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Malgré la fronde qui s’organise de plus en plus sur l’échiquier politique, il s’acharne à travers des subterfuges à concrétiser cette ambition qui vise à remettre en cause le processus de démocratisation en cours.
Le président Yayi Boni ne veut pas entendre raison en dépit de l’alerte donnée depuis quelques semaines sur le lugubre projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Réintroduite à l’Assemblée nationale début juin 2013, l’initiative est fortement décriée. Mais le locataire du palais de la Marina veut vaille que vaille donner corps à ses ambitions secrètes. Depuis quelques semaines, le régime de la Refondation a entrepris d’employer les grands moyens dans sa marche forcée vers la mise en œuvre de ce projet mal inspiré. Les faux stratèges du palais de la République ont choisi de diffuser par le biais de la chaine de télévision publique des communiqués pour susciter l’adhésion des citoyens aux objectifs de la révision. Alors que les grandes orientations de la Constitution sont sérieusement menacées, on veut faire croire que les options fondamentales arrêtées lors de la Conférence nationale ne seront pas touchées. C’est absurde. Déjà bien de juristes certifient que le préambule de la Constitution a été touché. Cela démontre qu’il y a une volonté de chambouler le système constitutionnel actuel. Et pour tenter de donner du crédit à ces communiqués diffusés à longueur de journée, des marches de soutien sont depuis suscitées. Elles sont à l’ordre du jour et les laudateurs du roi ont repris de plus bel du service. Des groupuscules qui ignorent tout du projet envoyé au Parlement, investissent les rues pour justifier le complot contre la démocratie. Certainement manipulés, certains d’entre eux (des jeunes à Allada, le week-end dernier) prédisent même le pire pour le Bénin, si le projet de Yayi Boni n’aboutit pas. Depuis quelques jours, d’autres politiciens en quête de gâteau et de poste de responsabilité montent au créneau et se montrent favorable au projet. Dans cette aventure, ces partisans aveugles de la révision estiment qu’il n’est pas question de faire marche arrière. L’alliance Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) y apporte sans réserve sa caution. La semaine écoulée, elle s’est fait entendre. L’objectif final de la manœuvre étant de permettre au Chef de l’Etat d’obtenir un troisième mandat.
Yayi et le mauvais exemple de Wade
Pour convaincre l’opinion publique nationale et les élus du peuple encore dubitatifs par rapport aux intentions réelles du président de la République, le pouvoir a trouvé une idée "ingénieuse" qui a fait ses preuves sous d’autres cieux : recourir au pouvoir d’endoctrinement des juristes étrangers. L’idée a déjà été explorée au Sénégal par l’ancien président Abdoulaye Wade. Alors que celui-ci avait fait réviser la Constitution contre la volonté des Sénégalais, il avait invité au cours d’un séminaire à Dakar des juristes français, canadiens, américains et sénégalais pour justifier sa candidature à la présidentielle de février 2012. A l’époque, Abdoulaye Wade a réussi à se présenter à la présidentielle. Mais le peuple lui a infligé une déculottée lors de l’élection. Il avait lamentablement échoué. A quelque différence près, le régime de la Refondation veut importer l’exemple Wade. Des juristes étrangers s’expriment depuis quelques jours sur la chaine de télévision publique sur la révision de la Constitution. On veut convaincre les populations à accepter l’impossible et le faux. Et décidé à obtenir la révision de la loi fondamentale, le Chef de l’Etat n’hésitera sûrement pas à poser des actes encore dangereux au risque de mettre en difficulté le processus de démocratisation en cours au Bénin. Yayi Boni compte le faire et son entourage l’y encourage. Mais le peuple qui pense bien le contraire agira autrement.