Alors que le débrayage dans les milieux hospitaliers du secteur public perdure et va certainement se prolonger aussi longtemps que le gouvernement va jouer au chat et à la souris avec les frondeurs, c’est le Syntra Justice qui prend le relais. Et pour cause, des revendications toujours non satisfaites.
Les usagers des centres hospitaliers du secteur public en République du Bénin devront s’en remettre à tous les saints, aux anges, archanges, au Saint Esprit, à Jésus-Christ et au Dieu suprême pour ne pas se retrouver en situation d’urgence au moment où les hospitaliers frondeurs passeraient à la vitesse supérieure.
Dans le jardin des paramédicaux
Depuis plus de trois mois qu’ils sont rentrés en grève, le gouvernement traîne les pas pour satisfaire les revendications des parmédicaux. Malgré les nombreuses rencontres entre les deux parties, rien n’y fit. Abusant du caractère pacifique de leur grève avec plus qu’il n’en faut pour un service minimum, le gouvernement traine sérieusement le pas. A croire qu’il a fait l’option de la stratégie de l’usure pour voir s’essouffler et s’estomper un mouvement qui ne fait que trop durer. Erreur, les concernés tiennent bon et utilisent à bon escient « les bouteilles d’oxygène de leur mental » pour éviter justement tout essoufflement. Malgré les tentatives pour briser cette énième grève hospitalière, le gouvernement ne sait toujours par quel moyen passer pour briser ce mouvement sans avoir à satisfaire les revendications.
Le mutisme des autorités politiques devenant insupportable, ils ont agité tout récemment la menace de l’option « Hôpital mort ». Aussitôt, des réactions ont suivi pour dénoncer ce que le gouvernement considère comme la mauvaise foi des pourfendeurs puisque le dialogue n’est pas rompu. Tenant à éviter au peuple béninois le spectre funeste de la grève de 2008 qui a marqué diversement la mémoire collective, les grévistes tiédissent encore leur ardeur. Toutefois, des réflexions se font déjà pour changer de stratégie afin de contraindre le gouvernement à les prendre enfin au sérieux. S’ils reconnaissent à leur ministre de tutelle sa volonté de voir ce dossier aboutir au mieux, ils ne comprennent toujours pas les raisons pour lesquelles le chef de l’Etat ne veut pas donner les ordres qu’il faut pour que la paix revienne dans le milieu hospitalier du secteur public. Approché, l’un des responsables syndicaux a juste fait comprendre : « C’est par souci d’humanisme que nous respectons les formes de grève appliquées jusqu’à présent. Mais si le gouvernement tient toujours à faire la sourde oreille et à nous inviter à des tables de négociation aux conclusions stériles, nous serons alors obligés de réagir comme cela se doit. Alors, qu’on ne nous prenne pas pour des c… Attention ».
Point n’est besoin de le cacher, les services offerts ont enregistré une baisse de même que les recettes. A qui profite le non règlement de ce bras de fer qui perdure ! Pour les paramédicaux, tant que des solutions acceptables ne sont pas trouvées, le mouvement se poursuit selon des stratégies qui dépendront des ondoiements du pouvoir. Au lieu de chercher à régler le problème, il se dégage l’impression que le gouvernement veut verser de l’huile sur le feu. Sinon, comment comprendre que depuis quelques jours, des huissiers sont commis pour vérifier la présence au poste des grévistes ? Une décision qui fait rire, qui amuse, qui fâche car inopportune selon un hospitalier rencontré qui ne comprend que le gouvernement choisisse de tirer à côté.
Un début d’espoir peut-être! Hier les paramédicaux ont été reçus par François Abiola ministre d’Etat à qui échoit désormais ce dossier pour une énième rencontre en présence de quatre autres ministres. De cette énième rencontre empreinte de courtoisie et au cours de laquelle le langage de vérité a été tenu, il ressort une réelle volonté de trouver enfin des solutions pour dénouer l’écheveau. Aussi, le ministre d’Etat a-t-il demandé aux paramédicaux de lui accorder deux semaines pour permettre au gouvernement d’étudier toutes les solutions possibles afin qu’au moment de leur nouvelle rencontre, le sourire éclaire le visage des uns et des autres.
Le Syntra Justice
Dans le jardin justice, c’est le Syntra Justice qui se met en scelle en vociférant son ras-le-bol et en décrétant une grève de 72 heures depuis le mardi 3 février jusqu’à hier. Là aussi, ce sont des kyrielles de reproches et d’injustices qui sont dénoncées. Notamment : des violences verbales, des actes d’intimidations, des formes de mépris, des provocations, des injures, des injustices flagrantes dans le rang des agents de la maison justice… Au-delà de ces dénonciations, le Secrétaire général du Syntra Justice, Kuassi Cakpo Bessé va plus loin quand il précise que le Syntra Justice réclame la signature effective de l’arrêté consacrant la prime d’audience à généraliser à tous les fonctionnaires de la Justice. Profitant de cette occasion, il dénonce également les discriminations observées dans la répartition des bons d’essence. Une manière de dire que dans la maison justice, la justice doit être de mise.
Du côté du cabinet ministériel, le directeur de cabinet, Denis Ogoubiyi a laissé entendre que toutes les dispositions sont prises pour le bon règlement des principales revendications et que plus rien ne dépend du ministre. Ce qu’a contesté Kuassi Cakpo Bessé et ses hommes qui pointent un doigt accusateur sur la hiérarchie. Ils sont allés jusqu’ à brandir la menace de lundi mort.
A qui le prochain tour ? Pourquoi ne pas régler les urgences pour permettre aux services en ébullition de travailler dans la quiétude pour des résultats optimaux ! Avec les échéances électorales approchant, il serait tout à l’honneur du pouvoir de doper sa côte de popularité. Tout porte à croire qu’il ne fait pas bien d’exercer le droit à la grève au Bénin. Pendant ce temps, d’autres services affûtent leurs armes et attendent le moment opportun pour agir.
Kolawolé Maxime SANNY