Depuis les critiques acerbes faites par le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko contre l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamb) sur les revendications de ce syndicat, c’est hier mardi que ces deux acteurs de la justice ont renoué officiellement le contact. Si le président de l’Unamab a exprimé son espérance quant au retour à la normale, des observateurs continuent de s’interroger sur les chances d’une véritable accalmie.
Le président de l’Unamab, Michel Adjaka et une forte délégation du puissant syndicat des magistrats ont été reçus par le président Ousmane Batoko hier mardi dans le cadre de la grave crise qui paralyse la maison justice depuis plusieurs jours. Cette rencontre qui intervient après les diatribes lancées par le président de la Cour suprême contre les magistrats le 19 juin dernier devrait consacrer la reprise du dialogue entre ces deux acteurs. Ousmane Batoko, médiateur entre les Magistrats et le Pouvoir, avait en effet laissé échapper son exaspération en montrant que l’Unamab en faisait de trop. Pour lui, les « jeunes collègues » de l’Union ignoraient « comment ça fonctionnait au Bénin » et « se croyaient au-dessus du Conseil supérieur de la magistrature » (Lire Le Matinal du 20 juin 2013). Hier, au cours de ce premier contact officiel, Ousmane Batoko a certainement regretté ses propos. Il a changé de langage face à ses « jeunes collègues » décidés à aller jusqu’au bout face à un Pouvoir qui veut toujours gouverner par la force. L’Unamab est en effet très engagée à obliger le gouvernement à reculer. Elle veut obtenir la fin du harcèlement du juge Angelo Houssou qui a prononcé en première instance l’ordonnance de non-lieu général dans les affaires tentatives d’empoisonnement du Chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat et le réexamen des nominations intervenues le 28 mai 2013 dans les juridictions et au ministère de la Justice. Et dans ce combat, les Magistrats ont reçu l’appui indéfectible du Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab) et du Syndicat national des travailleurs de la justice (Syntra-Justice). Des soutiens déterminants qui pourraient corser la bataille des Magistrats. Et devinant les risques qui pèsent déjà sur la maison Justice, Ousmane Batoko qui reste par ailleurs le premier vice-président du Csm a tenté de désamorcer la crise. Mais pourra-t-il gagner ce pari ? Hier, le président Michel Adjaka a certes annoncé que les pourparlers se poursuivent, et qu’« il y a toujours espoir pour une solution dans les jours à venir ». Mais le Pouvoir saura-t-il apporter les solutions adaptées aux revendications de ces acteurs de la justice ? Quel traitement pourra-t-on faire du dossier des nouveaux responsables de juridictions contestés et déjà installés ? Le gouvernement pourra-t-il revenir sur sa décision ? Des questions bien embarrassantes qui amènent certains observateurs à affirmer que la crise reste encore entière.