Le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi n’a pas encore renoncé à sa volonté d’en finir avec l’homme d’affaire béninois Patrice Talon. L’audience qu’il a accordée au cours de la semaine écoulée au Président du Groupe international Tropical General Investment (Tgi) au sujet du zonage de la production cotonnière au Bénin apporte suffisamment la preuve de ce que le Président Boni Yayi a fini par trouver le bon bout pour en finir définitivement avec Talon.
L’acte posé par le Chef de l’Etat en acceptant de confier, pour le compte de la campagne prochaine, à la société Fludor Bénin Sa, la gestion de la filière coton dans les grands bassins cotonniers du Nord-Bénin, vient en tout cas corroborer l’idée selon laquelle les investisseurs privés nationaux ne sont pas les bienvenus dans leur pays. Depuis la campagne 2012-2013, où l’Etat a sorti le privé de la gestion de la filière coton, c’est la chasse à l’homme aux opérateurs économiques nationaux. Ainsi, après toutes les inventions pour écarter le groupe ICA de Patrice Talon, Yayi a dû faire recours à un concurrent de taille pour broyer cet investisseur local. Il s’agit de Tropical General Investment (TGI). Ce groupe holding mère de Fludor Bénin-Sa veut s’employer dans le zonage dans la filière cotonnière. Il entend prendre en charge toutes les fonctions de la chaine cotonnière que sont : l’approvisionnement en facteur de production (intrants agricoles et autres), l’encadrement, la commercialisation primaire puis l’égrenage…De l’avis de certains observateurs, les garanties apportées par le Groupe TGI ne sont que de l’utopie. D’aucuns parlent d’ailleurs d’un autre scandale. Et ceci, à juste titre parce qu’on ne sait pas comment Boni Yayi a jeté son dévolu sur le Groupe TGI qui, pour une phase pilote de l’opération, va intervenir dans les zones de grande production cotonnière, notamment dans quatre communes au nord du Bénin. Dans ce dossier, la manière dont tout est allé vite est surprenante. Vendredi 5 février 2015, le Chef de l’Etat reçoit en audience le Président du Groupe Tgi. Il était en compagnie de M. Roland Riboux, Pdg de la société Fludor Bénin-Sa. Il s’en est suivie une vaste campagne médiatique (conférence de presse, invité du journal télévisé de 20h sur l’Ortb)…La démarche cache quelque chose de flou, ont vite compris des citoyens. Sinon, comment comprendre qu’on aille chercher un acteur dont une société (Fludor Bénin) est dans la trituration de graine de coton, pour s’engager dans l’égrenage du coton. Depuis sa création jusqu’à ce jour, Fludor Bénin-Sa ne dispose d’aucune usine d’égrenage de Coton. C’est Patrice Talon qui reste le numéro 1 de ce secteur avec plus de 53% du tissu industriel. Si on permet à Fludor Bénin-Sa de trôner sur les grands bassins cotonniers du Bénin, dans quelle usine va-t-elle égrener sa production ? La question mérite en tout cas d’être posée. Les Béninois qui ont depuis longtemps rompu avec la colonisation ne doivent plus se laisser aller sur cette piste. Yayi a trouvé un argument pour écarter définitivement Talon de la filière coton. D’ailleurs, qui a dit à Yayi qu’en dehors de Talon, aucun autre béninois ne peut faire du zonage pour qu’il se permette d’aller chercher encore un investisseur étranger ? Ce n’est nullement de la xénophobie. C’est peut-être du nationalisme. Et au-delà de ces idéologies, regardons la réalité en face. Yayi sait qu’il partira en 2016. Et comme cela est assez évident, il veut laisser à son successeur le déluge.
Junior Fatongninougbo