Le fugitif Codjo Alofa, présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo est recherché, a annoncé le Gouvernement. Mais, ce dernier n’a jamais mobilisé les services d’investigations de la Police et de la Gendarmerie nationale pour retrouver les traces de l’homme, ce qui renforce les soupçons d’une évasion organisée avec des complicités au plus haut niveau de l’Etat.
Wanted ? C’est faux. Le présumé assassin du fonctionnaire du ministère de l’Economie et des finances, est loin d’être un fugitif traqué. Depuis sa mystérieuse évasion de la prison civile de Missérété, département de l’Ouémé, dans la nuit de mardi à mercredi 04 février 2015, selon la version du gouvernement, ni les services de la Police, ni ceux de la Gendarmerie n’ont reçu aucun message de la part des autorités centrales du pays pour non seulement redoubler de vigilance, mais aussi se mettre sur ses traces. En pareille circonstance, c’est-à-dire après l’évasion d’un prisonnier aussi important, aussi précieux pour la manifestation de vérité et laver les soupçons qui pèsent sur le régime de Yayi Boni, accusé d’être à l’origine de la disparition du fonctionnaire Urbain Dangnivo, tous les moyens doivent être déployés pour le retrouver. On s’attendait à voir : la photo du fugitif accrochée un peu partout avec la mention « wanted », les services d’élites de la Gendarmerie et de la Police fouiller les villages environnants, les coffins des zones frontalières (le présumé assassin serait originaire du Togo voisin où il passé de temps). De même, aucun numéro de téléphone n’a été annoncé aux populations, afin qu’à la moindre information disponible, elles puissent appeler les services compétents. Aucune mesure n’a été prise. Pourtant, il est recherché, a fait croire le Grade des Sceaux, Valentin Djénontin. Les explications du ministre de la justice et ses promesses de le retrouver ne sont que de méprisantes paroles et des espoirs sans contenu, délivrés pour se peindre en blanc. Or, connaissant ce gouvernement, maître dans l’art de la mise en scène, les exemples ne manquent pas, (empoisonnement, coup d’Etat), on ne peut que conclure que l’heure de la vérité est proche. Sans doute un scandale de plus qui fera davantage ternir l’image de ce gouvernement
L’étau se resserre autour du régime
On avait commencé par démontrer qu’il n’est presque pas possible de s’enfuir de la prison civile de Missérété, l’une des plus sécurisées du pays, sans qu’aucune complicité ne soit établie. L’évasion du présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo a subitement focalisé les attentions sur le dispositif sécuritaire et l’architecture de cet édifice. Quelques jours après la disparition de l’homme de sa cellule, on est encore plus convaincu qu’il a bénéficié d’un appui. Personne ne doutait d’ailleurs de ses soutiens dans ce dossier dans lequel il est apparu en septembre 2010, alors qu’il limait ses dents contre les barreaux de la prison civile de Cotonou pour une affaire de vol de cabris. Pour beaucoup, le fait que Codjo Alofa ait reconnu avoir tué Urbain Dangnivo, et indiqué aux enquêteurs le lieu où il l’a inhumé, a quelque chose de fondamentalement étonnant et inhabituel chez les assassins. Certes, Codjo Alofa était réputé charlatan en progression et doué en pratiques de tout genre. Ses compétences attiraient des esprits perdus en quête de soulagement et de remèdes face à leurs problèmes. Selon, des jeunes qui l’ont côtoyé, c’est un personnage qui n’a pas de retenue devant le pouvoir d’argent, prêt à des compromissions, quel que soit ce que cela lui coûtera. Ses commanditaires auraient-ils réussi à se renseigner sur un tel homme, prêt à assurer le service et jouer le jeu ? Le jeune féticheur aurait-t-il été approché en prison en août 2010 afin qu’il monnaie sa responsabilité dans la disparition de Urbain Dangnivo contre promesse d’argent ? Ou, a-t-il réellement les mains entachées de sang du disparu contre un coffre-fort ? Aujourd’hui, on est en droit d’émettre une série d’hypothèses et d’imaginer la suite à réserver à l’enquête. De plus en plus, il est permis d’établir qu’il avait sans doute reçu des promesses qui tardaient à se concrétiser. Et du coup, il a commencé par menacer de faire des révélations. Ce qui troublait la quiétude des commanditaires. Ensuite, il avait des soutiens dans la sphère la plus fermée du pays, laquelle n’a pas intérêt qu’il comparaisse devant les cours d’assises pour ses crimes présumés. La possibilité de le juger représentait la seule occasion de savoir ce qui s’est passé dans cette rocambolesque affaire, mais aussi une stratégie trop risquée pour ceux qui y sont impliqués. Si par extraordinaire, il est retrouvé mort, la procédure de poursuite s’arrête et personne ne saura jamais la vérité.
Fidèle Nanga