COTONOU- Un ancien porte-parole du président béninois Thomas Boni Yayi, Lionel Agbo, condamné pour complicité d’offense au chef de l’Etat puis gracié, a affirmé samedi à l’AFP avoir été agressé la veille par un homme qu’il a présenté comme agent des services du renseignement.
Interrogé par l’AFP, un responsable de la police béninoise ayant requis l’anonymat a simplement déclaré: "La police est saisie et fera l’essentiel pour clarifier cette situation", sans plus de commentaires.
Selon Lionel Agbo, avocat et homme politique, l’agression s’est déroulée tard vendredi soir devant son domicile à Cotonou.
"Mon agresseur, je le reconnais comme agent du renseignement. Il me suivait depuis des semaines. Il m’a agressé avec une barre de fer à la tête avec une violence incroyable. (...) Il hurlait: +"Je vais te tuer+", a affirmé M. Agbo, indiquant cependant ignorer l’identité précise de l’homme, celle du commanditaire éventuel de l’attaque ainsi que leurs motivations.
"Je viens de rentrer de l’hôpital, mon état de santé s’améliore. J’ai perdu assez de sang mais les médecins m’ont bien pris en charge", a-t-il dit.
"J’ai porté plainte au commissariat et j’espère que je verrai clair dans cette affaire. Le procureur de la République sera aussi saisi. J’ai été plusieurs fois menacé de mort", a-t-il ajouté.
Lionel Agbo a été porte-parole du président Boni Yayi et conseiller spécial à la présidence jusqu’en mars 2011, avant de tomber en disgrâce en 2012. Thomas Boni Yayi a été élu en 2006 et réélu en 2011.
Le 23 janvier 2013, Lionel Agbo avait été jugé et condamné à six mois de prison ferme et à 500.000 francs CFA (762 euros) d’amende pour complicité d’offense au chef de l’Etat.
Il lui était reproché d’avoir déclaré au cours d’une conférence de presse en septembre 2012 que Thomas Boni Yayi comptait "s’accrocher au pouvoir" au-delà des deux mandats prévus par la Constitution et que son entourage direct était corrompu.
Sa condamnation avait été prononcée en son absence de Cotonou, ce qui avait alors motivé l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre. Il a ensuite bénéficié d’une grâce présidentielle annoncée le 31 janvier 2013.
La directrice d’une chaîne de télévision privée béninoise qui avait diffusé l’intégralité de la déclaration de Lionel Agbo de septembre 2013 avait aussi été jugée et condamnée à trois mois de prison pour offense au chef de l’Etat. Elle a également été graciée en janvier 2013 en même temps que M. Agbo.
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