Cette sortie médiatique tant attendue depuis sa sortie de prison a eu lieu finalement hier sur la chaine privée de télévision Golfe Tv. L’invité du plateau est revenu sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité. Après 20 mois passés en prison pour tentative d’empoissonnement du chef de l’Etat, l’homme politique envisage son retour sur la scène politique pour les élections présidentielles de 2016 dès l’avis favorable de sa base.
L’ancien ministre Soumanou Moudjaidou a fait le tour des questions de l’actualité politique et économique du Bénin. Sur le premier pan du débat qui concernait la gestion du SODECO, il a affirmé n’avoir orchestré aucune malversation financière. « J’ai la conscience bien tranquille et si le Président Yayi Boni a quelque chose à me reprocher, qu’il saisisse la justice comme dans l’affaire Chabi Sika » a-t-il martelé.
Décryptage de l’économie béninoise
L’Economie béninoise est en déconfiture d’après les analyses de ce dernier. En effet, le Bénin fait trop de gâchis à cause du climat tendu entre les partenaires privés et le gouvernement Béninois. L’environnement des affaires au Bénin est chaotique a-t-il souligné avec les différends incessants de Yayi avec les opérateurs économiques béninois tels que Ajavon, Talon, Sasif et bien d’autres. « En créant de nouveaux riches, Yayi tue les anciens et par ricochet l’économie du Bénin » a-t-il déploré. C’est vrai que de nouveaux opérateurs économiques s’installent au Bénin mais il faut forcément renouer avec les anciens hommes d’affaires qui restent incontournables dans l’économie Béninoise. Soumanou Moudjaidou a reconnu que Talon est son ami et qu’il le restera pour bien longtemps.
En tant que technocrate, il a fait une analyse systémique de l’économie béninoise. Selon lui, on ne peut se baser sur la filière coton uniquement pour prévoir une croissance économique à deux chiffres. Il s’est interrogé sur les bases d’analyse des soi-disant économistes Béninois qui ont soutenu que grâce au coton que le Bénin ferait une croissance de 12%. C’est une duperie pour endormir tout le Bénin a-t-il conclu.
Il s’est prononcé aussi sur le conflit d’attribution entre le patronat et la CCIB. « La seule structure habilitée à représenter le secteur privé au Bénin est le patronat car il est autonome avec des règles propres alors que la CCIB est une institution orientée par le décret » a-t-il dit.
Décodage de l’actualité politique
Le volet politique n’a aucunement été occulté lors de ce débat. C’est heureux que la Cour Constitutionnelle ait sonné la fin de la recréation et que le corps électoral soit convoqué mais il faut rester vigilant. Cet appel à la veille permanente et sans faille lancé par Soumanou Moudjaïdou s’explique a-t-il dit par la volonté manifeste du Président de la République en fin de mandat d’avoir la main mise sur les différents arrondissements, sur les communes, sur les circonscriptions électorales et surtout sur le Parlement. En faisant une comparaison des régimes précédents que ce soit sous Kérékou ou sous Soglo, les actes de dictature n’ont pas été enregistrés. En effet, ces deux anciens Présidents ont laissé le pouvoir sans chercher à dicter leur loi au Parlement contrairement à ce que nous observons de nos jours selon lui. « Les acteurs politiques, les populations et les hommes des médias doivent rester sur leur garde pour barrer la voie à toute velléité dictatoriale ».
La question qui a tenu en haleine tout le monde depuis un certain temps est de savoir les intentions politiques de l’ancien ministre. Il a feint répondre à la question malgré toutes les astuces utilisées par le présentateur de cette émission. Depuis 2009, certaines régions du Bénin, certaines autorités à divers niveaux avaient souhaité sa candidature à la présidentielle de 2016 a-t-il fini par avouer. Mais malgré les mouvements de soutien observés ça et là sur l’étendue du territoire national, il préfère garder le suspens en attendant l’appel à candidature de la CENA pour les présidentielles de 2016. Pour le moment, il a promis entreprendre des consultations à sa base pour savoir les démarches à entreprendre. Le financement de sa campagne par Talon n’est pas à exclure et serait même une aubaine pour faire mal à ses adversaires.
Les échanges ont eu lieu aussi sur la tragédie de l’ancien ministre Soumanou Moudjaïdou. Accusé d’être complice dans l’affaire tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat, il a passé 20 mois en détention avant de retrouver sa liberté. En effet, le juge a prononcé un non lieu de l’affaire à la satisfaction des différents auteurs présumés. Pour Soumanou Moudjaïdou, le pardon de Yayi n’était qu’une porte de sortie pour se tirer du bourbier qu’il s’est créé lui-même. Le pardon de ce dernier n’a aucune valeur juridique en matière de justice selon ses propos.
Madou Gabin HOUNSA/Le Grand Matin