Le congrès des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) le samedi dernier, a remis sur tapis le fameux projet de révision de la Constitution. Les membres de l’alliance, par la voix du président du comité d’organisation dudit congrès, Komi KOUTCHE, ont réitéré leur soutien au chef de l’Etat qui, de façon manifeste, tient toujours à son projet ambigu et qui peine à convaincre.
Boni YAYI avait lui-même déjà annoncé les couleurs lors de son adresse à la nation en fin décembre 2014, devant la représentation nationale. Sans expressément employer les justes mots pour afficher clairement ses intentions, Il a tenté de faire comprendre, la nécessité de créer une Cour des Comptes pour sauvegarder les intérêts du Bénin dans ses relations avec certains partenaires techniques et financiers. Allusion faite ainsi à la nécessité de réviser la Constitution du 11 décembre 1990 car celle-ci étant nécessaire pour faire aboutir un tel projet de réforme. Mais pour les observateurs avisés, avec l’actuelle configuration de l’Assemblée Nationale, la mainmise de l’opposition sur la commission des lois de l’Assemblée Nationale qui a déjà éconduit à plusieurs reprises ce projet, la réalisation de ce rêve de révision de la Constitution semblait bien compromise.
A l’orée de nouvelles élections législatives, qui permettront à coup sûr de reconfigurer l’Assemblée Nationale, à la suite des couleurs annoncées par le président de la République au sujet du fameux projet, voici la mouvance FCBE qui revient à la charge pour encenser. Le contexte est assez indicateur. A la recherche d’une majorité à l’assemblée nationale pour un Chef d’Etat censé faire ses valises à une date très proche, l’on fait cas d’un projet de réformes constitutionnelles controversé dont les objectifs annoncés, sont loin d’être convaincants et loin de nécessiter autant d’engouement. L’imprescriptibilité des crimes économiques n’est-elle pas déjà résolue par l’article 21 de la loi N°2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin ? Quelle véritable urgence y a-t-il dans la création d’une Cour des comptes alors que l’on n’a pas encore montré une véritable volonté de voir se renforcer le fonctionnement actuel de la Chambre des comptes ?
Un peu comme pour renforcer l’intérêt de la mouvance pour le projet de révision de la Constitution, c’est le jeune Fred HOUENOU de la mouvance, qui hier sur le plateau de Canal3, pense que le problème du développement du Bénin réside dans la révision de la Constitution. D’un autre côté, au sein de la mouvance présidentielle, difficile de dire le nom d’une personne qui pourrait recevoir la bénédiction de YAYI dans le cadre de la prochaine présidentielle.
Dans la confusion autour du choix du probable successeur de Boni YAYI au sein de l’Alliance FCBE, le débat sur la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 alors qu’on le pensait mort est ressuscité par le régime de la refondation qui par ce fait confirme sa détermination à ne lâcher l’affaire. S’il y a une chose qui apparaît avec clarté à travers cette détermination, c’est que la motivation principale des FCBE en course pour les législatives prochaines, c’est l’obtention d’une majorité pour réviser la Constitution et introduire les réformes annoncées du bout des lèvres, mais qui ne risquent pas de convaincre les antirévisionnistes qui pensent plutôt que le but visé, c’est de créer une nouvelle République pour permettre à Boni YAYI de revenir pour un troisième mandat.
M.B.D.