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Détermination pour la révision de la Constitution : Yayi et les Fcbe jettent le masque
Publié le lundi 16 fevrier 2015  |  La Presse du Jour
Conférence
© AFP par GEORGES GOBET
Conférence des Donateurs pour le développement du Mali: l`arrivée du président Yayi Boni à Bruxelles




Les Forces cauris pour un Bénin émergent, alliance soutenant les actions du régime en place, ont réaffirmé leur volonté, lors du congrès extraordinaire du samedi 14 février 2015 au palais des congrès à Cotonou, de soutenir la révision de la Constitution qui, pour eux, est indispensable pour la prospérité économique du Bénin et la lutte contre la corruption. Un choix difficilement compréhensible lorsqu’on sait que le Chef de l’Etat est à quelques mois de la fin de son mandat et qu’il ne lui reste plus beaucoup de marge de manœuvre.
«Un nouvel élan pour un Bénin nouveau». C’était le maitre mot du congrès extraordinaire des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) tenu samedi dernier au palais des congrès à Cotonou, suivi d’un meeting au stade de l’Amitié de Kouhounou en présence du Chef de l’Etat. Forcément, la nouvelle orientation politique des Fcbe amène des interrogations, à l’image de la Refondation sortie des présidentielles de 2011 qui, en réalité, amenait à revoir la loi fondamentale du Bénin. Un nouvel élan pour le Président de la République en fin de mandat ? Un nouveau départ pour combien de temps ? En réalité, on a du mal à comprendre la détermination de la majorité présidentielle qui fait désormais de son cheval de bataille la révision de la Constitution pour, clame-t-elle, permettre la mise en place de la cour des comptes, l’imprescriptibilité des crimes économiques, toutes dispositions qui seront nécessaires pour la relance économique et la lutte contre la corruption. Vu sous cet angle, on donnerait carte blanche aux «Verts». On leur donnerait le bon dieu sans confection. Mais la révision de la Constitution n’est pas vue de la même manière par tout le monde à la majorité présidentielle. C’est un secret de polichinelle que de dire que l’ensemble de la majorité adhère au jeu démocratique qui veut qu’après deux mandats, le Président de la République cède le pouvoir à un successeur, tel que prévu par la Constitution du 11 décembre 2010. Beaucoup de «yayistes» aimeraient bien que le Président Boni Yayi prolonge son mandat en 2016. D’ailleurs, les plus courageux le disent à visage découvert. Les moins courageux le défendent en sourdine. Et là, c’est déjà des éléments qui doivent amener à se méfier d’une telle initiative. Mieux, quelle garantie la majorité présidentielle et le Chef de l’Etat donnent-ils aux Béninois que le pouvoir ne sera pas confisqué une fois la révision de la Constitution faite ? Aucune ! C’est vrai, Yayi ne cesse de répéter à qui veut l’entendre que c’est son dernier mandat et que le 6 avril 2016, il rendrait le pouvoir à son successeur élu. Mais ce n’est que des paroles. On connait les hommes politiques. Ils sont versatiles lorsque leurs intérêts sont en jeu.

L’arbitre, ce sont les prochaines législatives

La majorité présidentielle s’engage pour la révision de la Constitution. C’est son droit. Mais elle ne l’a pas décrété. Il faut la conquérir. Puisque tout se jouera à l’hémicycle lors de la 7è législature. Pour arriver à la révision de la Constitution, il faudra que les Fcbe et alliés puissent disposer d’une majorité des ¾ des députés. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que c’est possible. On ne peut non plus pas affirmer que ce n’est pas possible. Yayi, certainement persuadé de la nécessité de la révision de la constitution, gage de prospérité économique et de lutte contre la corruption, s’est lancé très tôt, sous le couvert de Président de la République, dans une campagne électorale permanente. Il prépare le terrain pour ses candidats. Ces derniers vont sans doute surfer sur ce qu’ils appellent le bilan positif du régime en place et la nécessité de donner les moyens à Yayi pour bien «terminer» son mandat. Si les populations y croient, la majorité à des chances de rafler la mise le 26 avril prochain. Au cas contraire, les ambitions de la révision de la Constitution seront certainement revues à la baisse du côté de la majorité présidentielle. Ce qui est certain, pour les antirévisionnistes, la menace est plus que jamais d’actualité. Les «yayistes» ont lancé le rouleau compresseur. L’après législative situera les uns et les autres.
L’unité Fcbe tient à un fil
Les «Verts» ont affiché une cohésion apparente lors du congrès extraordinaire du week-end écoulé au palais des congrès. Les différents ténors sont allés dans le même sens. Ils ont tenu le même langage. Pas de dissonance étalée au grand jour. D’ailleurs, le ministre Komi Koutché, président du comité d’organisation, a rappelé, lors de l’ouverture, que les uns et les autres taisent les contradictions internes pour se concentrer sur «l’essentiel». «Cet essentiel, c’est ce qui nous grandit. Cet essentiel, c’est ce qui nous permet de montrer aux Béninois, que nous sommes la seule force sur laquelle, ils peuvent fonder et compter pour leur développement et leur prospérité», a précisé M. Koutché. Seulement, cette unité voulue de tous et obtenue, le temps d’un congrès, durera-t-elle combien de temps encore ? Le plus dur, apparemment, ne reste-t-il pas à venir ? Beaucoup de «yayistes» étaient obligés de jouer le jeu au congrès parce que pour l’instant ils espèrent le meilleur pour eux dans quelques jours : leur positionnement sur l’une des listes Fcbe des législatives. Selon un communiqué de la Commission électorale nationale autonome (Céna), le dépôt des listes doit être effectif le samedi 24 février prochain. On craint qu’après cette échéance, de supporters invétérés de Yayi ne commencent par mettre à mal cette unité retrouvée au congrès.

Grégoire Amangbégnon
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