La Banque mondiale vient de mettre en place un financement pour la fourniture de semences au profit des paysans de la Guinée, de la Sierra-Léone et du Liberia. Une mesure salvatrice qui devra profiter à plus de 200 000 agriculteurs !
Les agriculteurs des pays touchés par la maladie à virus Ebola vont trouver dans ce geste de la Banque mondiale, un réel soulagement. Ils sont plus de 200 000 à devoir bénéficier d’un volume de 10 500 tonnes de semences de maïs et de riz pour les semailles du mois d’avril prochain, ont annoncé la semaine dernière les autorités de la Banque. Le montant global du financement est de 15 millions de dollars. Cet appui de l’institution financière internationale découle des conclusions d’un rapport de la Banque qui révèle le lourd tribut que la crise Ebola a imposé aux économies de la Guinée, de la Sierra-Leone et du Liberia. Plus particulièrement leur secteur agricole et alimentaire ! «En procurant rapidement aux populations d’Afrique de l’Ouest des semences pour leurs principales cultures vivrières, nous œuvrons pour la reprise de l’activité dans les zones rurales et contribuons à éloigner le spectre de la faim dans les pays les plus touchés par Ebola», indique Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.
D’après des estimations de la FAO et du Programme alimentaire mondial, 230 000 personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire en Guinée, un nombre qui pourrait monter à 470 000 d’ici mars 2015.
Au Liberia, 170 000 personnes sont concernées et, faute d’intervention, le nombre de victimes de la faim pourrait dépasser 300 000. En Sierra Leone, plus de 120 000 personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, et ce nombre pourrait dépasser les 280 000. Kailahun, l’un des épicentres de l’épidémie, est la région agroalimentaire la plus fertile du pays.
Les ressources octroyées à titre de don par l’Association internationale de développement (IDA) et le Fonds fiduciaire pour la reprise et la reconstruction des pays touchés par Ebola serviront également à acheter des engrais pour multiplier les semences de base, l’objectif étant de respecter les délais serrés des semailles et de contribuer à poser les bases d’une reprise durable.
Conséquences dévastatrices !
«L’agriculture est une activité sociale essentielle et les restrictions de circulation ont gravement entamé la capacité des agriculteurs à récolter leurs produits, les mettre sur les marchés, préparer les champs pour les semis et assurer un apport continu de semences pour les semailles suivantes », diagnostique la Banque. Des rapports indiquent que des familles paysannes aux abois ont dû consommer des graines initialement conservées pour la campagne agricole suivante. Des récoltes ont pourri dans les champs à cause de l’exode rural.
« Au mieux, l’agriculture est une entreprise risquée. La disponibilité d’intrants essentiels comme les semences, les engrais, les systèmes d’irrigation et les services de vulgarisation est déterminante pour une bonne récolte», explique Juergen Voegele, directeur principal du pôle Agriculture des Pratiques mondiales du Groupe de la Banque mondiale.
« Ebola a certes eu des conséquences dévastatrices sur les économies des pays touchés, mais nous sommes convaincus que des efforts ciblés de relance du secteur agricole aideront non seulement à nourrir la population, stimuler la croissance économique et accroître la production alimentaire, mais qu’ils permettront également d’enrayer l’accélération du dénuement et l’aggravation de la pauvreté induites par la maladie».
Le soutien de la Banque mondiale s’inscrit dans le cadre de l’un de ses programmes régionaux, le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP), qui couvre 13 pays d’Afrique de l’Ouest parmi lesquels les trois touchés par Ebola.
« Avec l’appui de ce programme, des équipes-pays se sont déployées dans le but d’identifier des fournisseurs de semences dans des pays voisins », précise la Banque. Les actions menées en préparation de la période de semis concernent, entre autres, l’élaboration de plans d’approvisionnement auprès de huit pays, évaluation des besoins, sélection des fournisseurs, collaboration avec AfricaRice pour la multiplication des semences parentales de riz et organisation de la distribution des semences et des engrais aux agriculteurs en temps opportun.
Gnona AFANGBEDJI