La faim frappe toujours avec insistance aux portes des détenus des prisons civiles du Bénin. Ils ne sont pas encore à l’abri d’une suspension de nourriture. Et pour cause, pour non paiement des dettes contractées à leur égard par l’Etat béninois, le collectif des prestataires en alimentation des prisons civiles du Bénin menace à nouveau de suspendre leurs prestations dès le 23 février prochain si rien n’est fait. Ils prennent cette décision car, ils n’ont plus les moyens financiers nécessaires pour continuer leurs prestations. Réuni en assemblée générale le 12 février dernier, ce collectif a adressé deux correspondances aux ministres de l’économie et de la justice pour leur faire part de la situation. Selon le collectif des prestataires, l’Etat béninois leur doit environ trois milliards cinq cent millions (3.500.000.000) Francs Cfa depuis 2012 à ce jour. « Mais curieusement, les crédits prévus au budget pour l’année 2014 en ce qui concerne l’alimentation des détenus des prisons civiles du Bénin ont été annulés. Ces crédits annulés n’ont pas été reconduits par le gouvernement en 2015 alors que les prisonniers ont été nourris durant toute l’année 2014. Nous, prestataires en alimentation sommes troublés du fait qu’on prenne le crédit prévu pour l’alimentation au budget de 2015 pour régler celui de l’année 2014. Les crédits relatifs à l’alimentation des détenus relèvent du domaine des dépenses de souveraineté comme les salaires, les pensions des retraités, la sécurité, la défense… Compte tenu du caractère particulier de ces crédits, nous pensons que le gouvernement ne devrait pas procéder à leur annulation », a expliqué le collectif des prestataires dans le courrier adressé à Komi Koutché, ministre de l’économie et des finances. Dans cette correspondance, le collectif a expliqué au ministre l’évolution de la situation depuis leur première menace de suspendre leurs prestations le 5 février dernier. A en croire l’assemblée générale, suite à cette situation, plusieurs réunions ont été tenues entre les cadres du ministère de la justice et le Directeur général du budget.
Des propositions pour éponger les dettes
A en croire le collectif, après plusieurs discussions avec les cadres du ministère de la justice, ces derniers ont décidé de leur payer les dettes de 2014 et les autres (2012, 2013 et les résidus avant 2012) seront payées par titres. Cette proposition a été balayée du revers de la main par le collectif car, elle n’impactait pas tous les prestataires. Non satisfaite, la délégation du collectif a rencontré le Directeur général du budget qui leur aurait fait des propositions plus ou moins acceptables. « Il nous a fait les propositions que voici : surseoir au paiement des dettes de 2014 sur la base de contrats, faire tout possible pour payer la moitié des dettes de 2012, 2013, 2014 et les résidus d’avant 2012 à chaque prestataire, exécuter les prestations en alimentation des détenus à crédit pour l’année 2015, le paiement du reste des moitiés de 2012, 2012, 2013, 2015 et les résidus d’avant 2012 pourraient être échelonnés au cours de l’année 2016. Il a enfin proposé de soumettre au délégué du contrôle financier la reconduction en des contrats en bonne et due forme des lettres de poursuite qui ont servi de base pour assurer l’alimentation des détenus pour les années 2012, 2013, et les infructueux de mai 2013 à janvier 2014. Même si les propositions du Directeur général du budget (Dgb) n’ont pas rencontré l’assentiment de tous les prestataires, le collectif les a acceptées par patriotisme. Mais concernant les prestations de 2015 à crédit, le collectif pose des conditions. « Nous acceptons cette proposition du Dgb mais à condition que le 30 juin, qu’il nous soit payé le premier trimestre de l’année 2015, le 30 septembre qu’on nous paie le second trimestre de l’année et le 30 décembre au plus tard, qu’il nous soit payé le dernier semestre », a décidé l’Assemblée générale. Pour le collectif, il est inconcevable qu’un Etat nourrisse ses détenus à crédit. Ainsi, à en croire les prestataires, si aucune disposition n’est prise pour les satisfaire, ils seront dans la triste obligation de suspendre leurs prestations. Pas pour punir les détenus, mais parce qu’ils n’ont plus les moyens pour continuer de nourrir les prisonniers.
Isac A. YAÏ