Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Au Bénin, une "école de la deuxième chance" pour enfants déscolarisés
Publié le jeudi 19 fevrier 2015  |  AFP
Festival
© aCotonou.com par TOP
Festival du Nouvel An Chinois
27 Janvier 2014, CEG Sainte Rita, Cotonou : la troupe artistique Jianjin offre un spectacle aux élèves du CEG Sainte Rita dans le cadre du Festival du Nouvel An Chinois




Pobè (Bénin) - Félix, un Béninois de 17 ans, n'a jamais été inscrit dans une école et travaille depuis plusieurs années dans un atelier de couture. Mais depuis 2012, il bénéficie de cours gratuits dans le
cadre d'une "école de la deuxième chance", une initiative visant quelque
700.000 jeunes non scolarisés ou déscolarisés à travers son pays.

"Avant d'aller à l'école, j'étais comme les gens qui sont morts, parce que je ne savais pas lire et écrire. Mais aujourd'hui, je sais. Et je suis content", dit à l'AFP Félix Ayededjou, un des 18 élèves du Programme de cours accéléré (PCA) de Pobè, commune rurale de 150.000 habitants dans le sud-est du
Bénin.

Ces cours permettent à des jeunes de 10 à 17 ans hors système scolaire de recevoir en trois ans une formation en français et en mathématiques
équivalente à celles des six années de l'enseignement primaire.

La classe de Félix, aménagée dans une salle municipale, accueille les
élèves tous les matins de 08H00 à 12H00, ce qui leur permet d'être libres les
après-midis pour leurs occupations professionnelles. La couture dans le cas de
Félix, auparavant analphabète comme ses trois frères et soeurs.

L'adolescent a été inscrit aux cours il y a deux ans et demi par son
patron, Denis Omolekan. "Moi, j'ai eu la chance d'aller à l'école, je parle
français, pas seulement yoruba ou goun (langues du Bénin), ça m'a permis
d'évoluer", explique-t-il.

Séance de calcul mental en classe. Félix est le premier à lever l'ardoise.
Résultat juste. C'est un peu plus difficile pour sa camarade Azizath Boussari,
17 ans, également apprentie dans un atelier de couture, qui plisse le front.

A l'inverse de Félix, Azizath a déjà été scolarisée mais elle a quitté
l'école à l'âge de huit ans, au décès de son père. Elle a été inscrite au PCA
par un oncle, qui lui a également trouvé du travail à l'atelier où, avec huit
autres jeunes, elle coupe et coud des pagnes bariolés.

"J'aime coudre et j'aime aussi apprendre. Comme j'ai dû arrêter l'école
tôt, je ne connais rien", murmure-t-elle, timide.

Pourtant, l'adolescente rattrape vite son retard, confie sa patronne, Irène
Fakambi, voyant dans le PCA un double intérêt : "Une fille qui est allée au
collège comprend vite et apprend le métier en deux ans" contre cinq pour les
non scolarisées, "l'éducation, c'est important, surtout pour les femmes".

Les parcours de Félix et d'Azizath ne sont pas des cas isolés au Bénin,
pays de quelque 9,9 millions d'habitants dont plus de 43% ont moins de 15 ans,
selon des chiffres officiels.

Même si le taux de scolarisation y a progressé - de 82,7% en 2007 à 98% en
2013 - une étude du ministère des Enseignements maternel et primaire montre
que 700.000 adolescents y sont non scolarisés ou déscolarisés.

Faute de moyens, certains parents préfèrent souvent envoyer à l'école les
garçons plutôt que les filles, confinées aux travaux domestiques, activités
génératrices de revenus ou mariées de manière précoce, entre autres pesanteurs
sociales. Le frère aîné d'Azizath, Marouf, 21 ans, a ainsi pu aller
normalement à l'école et finira bientôt ses études de journalisme à Savalou
(nord-ouest).

- 'Résistances des parents' -


Au Bénin, l'enseignement public primaire est gratuit mais les familles
doivent payer uniforme, fournitures et repas. Une charge dans le cas de
fratries nombreuses dans ce pays majoritairement pauvre.

C'est pour pallier ces insuffisances que le premier PCA a été ouvert en
2012 à Pobè avec un partenariat entre la mairie, le ministère des
Enseignements maternel et primaire et le Fonds des Nations unies pour
l'enfance (Unicef).

Aujourd'hui, le pays en compte 56 répartis dans 27 communes où sont
scolarisés 2.500 jeunes, d'après l'Unicef.

Même si cela représente pour l'instant peu de bénéficiaires à l'échelle du
pays, le programme est salutaire, affirme Victor Goudjo, enseignant retraité
qui intervient pour le PCA.

"Les élèves ont beaucoup de volonté, ils se mettent vite au travail. A
cause de leur âge et de leur vécu, ils sont plus mûrs que les autres. C'est
passionnant !", déclare M. Goudjo.

Félix montre le même enthousiasme pour son école de rattrapage et espère
pouvoir allier cours et couture. Azizath, elle, souhaite poursuivre ses études
pour "devenir docteur".

Parce que même si le PCA offre aux jeunes déscolarisés une seconde chance
d'aller à l'école, le succès n'est pas garanti pour autant, note le maire de
Pobè, Saliou Akadiri, ancien diplomate.

Selon lui, "il y a des résistances des parents" craignant que l'école ne
"compromette" le travail de leurs enfants.

"L'école de la deuxième chance est exigeante, surtout pour les apprentis.
C'est dur de tout concilier. Certains, comme les mécaniciens, ont du mal à
quitter l'atelier et ils sont irréguliers", avance Sero Bagri, spécialiste en
éducation à l'Unicef.
str/cs/mct
Commentaires