Comme si le Bénin était devenu le carrefour des arts, revoilà Cotonou au cœur d’une autre retrouvaille, les Rencontres internationales des arts oratoires (RIAO) 2015. Du 19 au 28 mars prochain, place sera donc faite aux paroliers et conteurs !
On doit les Rencontres internationales des arts de l’oralité (RIAO) à Patrice Tonakpon Toton. Fidèle à l’engagement qu’il a pris depuis 2011, ce comédien, conteur et metteur en scène offre la quatrième édition de cet évènement qui se veut fédérateur d’énergies autour des arts oratoires en général et du conte en particulier.
Pour lui, «il ne s’agit plus de présenter le conte comme un simple instrument de distraction, mais comme un instrument d’éducation pouvant permettre à l’enfant d’affiner sa personnalité».
Les RIAO, c’est aussi «un festival international de contes qui reflète la diversité actuelle de l’art du conte et de la parole en Afrique et ailleurs». Depuis la première édition en 2011, l’évènement a fait du chemin et de nombreuses mutations et innovations y ont été apportées pour qu’il soit aujourd’hui à l’étape des RIOA, même s’il était connu comme «des nuits de la parole».
Des pays comme le Togo, le Niger, le Burkina Faso, le Brésil et la France y ont déjà goutté, tout comme certaines villes béninoises comme Natitingou, Parakou, Abomey, Savalou et Lokossa qui l’ont accueilli alors qu’il était en itinérance.
Alors que les RIAO vont poser cette année leur quatrième patte, histoire de mieux se tenir sur leurs appuis, le programme des festivités a été taillé à la mesure des ambitions que lui souhaitent son promoteur et les autres participants. Les échanges prévus dans le cadre de la présente édition porteront par exemple sur les voies et moyens pour organiser durablement le secteur du conte afin qu’il s’impose comme un creuset porteur.
Patrice Toton est formel sur le fait que, n’est pas conteur qui veut.
C’est un art structuré qui a besoin qu’on travaille un ensemble de choses comme la voix, le gestuel… Mieux, le 20 mars, la Journée internationale du conte sera célébrée pour une première fois au Bénin. L’évènement est en effet inclus dans le programme des RIAO et un programme spécial est prévu à cet effet. «La quatrième édition des RIAO vient renforcer les activités dans le cadre du mois de la Francophonie tout en célébrant le conte en langue française comme en langues maternelles béninoises, tout en rapprochant le conte du public et en permettant aux conteurs de consolider leurs acquis, de structurer le secteur du conte et enfin, tout en offrant un cadre idéal de visibilité».
Le réveil des arts de l’oralité ?
Des initiatives pour dépoussiérer les contes, les ressusciter et leur faire retrouver leur place de choix au sein de la société, le Bénin en a eu quelques-unes ces dernières années. Mais aucune véritablement, n’a réussi à sortir de l’auberge. Autrement, le feu de bois qu’allumaient jadis nos ascendants et autour duquel plusieurs générations s’asseyaient pour s’instruire de la sagesse ancestrale, n’a pu être rallumé. Les raisons, il ne serait pas opportun d’épiloguer dessus.
Avec les RIAO qui en sont cette année à la quatrième édition, c’est une lueur supplémentaire qui voit le jour et l’initiateur desdites rencontres entend relever ce défi. A voir de près l’engagement avec lequel Patrice Tonakpon Toton promet de faire renaître les contes, on ne peut que lui souhaiter bons vents.
Et s’il y avait des appréhensions et quelques doutes pour son initiative, sa pérennité, le sérieux qui l’entoure, l’audience dont il bénéficie, l’engagement des conteurs et paroliers à ses côtés et surtout les énergies déployées dans ce cadre et les efforts faits, illustrent à merveille que le rêve est encore permis.
Car, sans vouloir être un évènement de plus ou une rencontre de trop, les RIAO s’inscrivent dans le cadre de la promotion des arts de l’oralité, notamment le conte. «C’est un réel creuset de rencontres et d’échanges entre les conteurs venus de tous les horizons». Et c’est surtout à ce niveau qu’on peut croire encore que les arts oratoires ont de beaux jours devant eux.
Loin des initiatives éparses, les acteurs de la parole et du conte ayant eux-mêmes pris les taureaux par les cornes, on peut y voir le début de la fin des misères des arts oratoires. Puisque, de toute évidence, il n’y a que les vrais acteurs eux-mêmes pour réveiller leur art de sa dormance
Josué F. MEHOUENOU