Les responsables de quatre grandes organisations de jeunes ont échangé avec les médias, samedi 21 février dernier à Cotonou. Cette rencontre fait suite à une série d’actions au cours desquelles ces organisations et bien d’autres ont martelé la nécessité et l’urgence pour les acteurs politiques du Bénin de comprendre que l’heure de la « rupture » et de la relève a sonné.
Adolescents des années 90, nombre de Béninois sont devenus aujourd’hui, 25 ans après la Conférence des Forces vives de la nation, des jeunes capables et motivés, moulés dans les laboratoires politiques et à même de prendre la relève pour redéfinir l’avenir du pays et retracer un modèle de développement politique qui tienne compte aussi bien de leurs besoins, de leurs aspirations et des réalités du moment. Mais la passation intergénérationnelle de témoin tarde à se faire sinon que, ceux qui ont pour mission de remettre le flambeau à la jeunesse, s’accrochent encore au pouvoir. Une situation qui intrigue nombre de jeunes béninois et qui fait depuis peu, l’objet d’un appel à l’endroit des acteurs politiques.
«Le temps est venu pour les nouvelles générations de capitaliser vos succès et vos échecs pour bâtir un Bénin nouveau », indique, entre autres, l’appel dont copie a été remise, il y a quelques jours, aux partis politiques sur l’esplanade de l’Assemblée nationale. Même si les desiderata exprimés à travers cet appel ne se concrétisent pas encore force est de constater que des lignes ont bougé et face à cela, les initiateurs de ce combat ont pris la résolution de faire partager davantage leurs visions.
Face aux hommes des médias, samedi dernier, ils ont une fois encore, par la voix d’Edmond Ayindé, président du Réseau pour l’éveil patriotique (REP) rappelé que «la soif de la rupture existe et est gérée dans le silence et dans les cœurs». Mais cette rupture, ils la veulent «intelligente » pour le rajeunissement du personnel politique national.
«Nous tenons à clarifier le sens de ce plaidoyer qui est juste une invite à croire en la jeunesse et à lui confier des responsabilités», nuance Edmond Ayindé. Il rappelle au nom de ses pairs qu’il se trouve de nombreux jeunes qui ont fait l’option des mouvements politiques simplement parce que le cadre des formations politiques ne se prête pas toujours à leur éclosion. Malgré cet état de chose, ces organisations sont loin de donner dans le découragement. Bien au contraire, elles comptent porter assez haut et loin le message du rajeunissement de la politique nationale et déjà, pour le compte des élections à venir, notamment les législatives, les ambitions sont clairement définies.
En plus des 75% au moins de jeunes femmes et hommes proposés aux partis politiques comme taux de positionnement sur les listes électorales, ceux-ci disent également « Non ! A une Assemblée nationale dont la moyenne d’âge est supérieure à 54 ans» et proposent un Parlement dont la moyenne d’âge est comprise entre 42 et 52 ans.
Noble ambition sans doute, que se sont fixés ces responsables d’organisations de jeunes, mais qui est loin d’être un combat personnel selon Cephise Béo Aguiar de l’Observatoire des jeunes pour un Bénin nouveau (OJBN).
Pour preuve, illustre-t-il, aucun des conférenciers du samedi dernier n’est candidat sur une quelconque liste. Il s’agit donc tout simplement de faire comprendre aux acteurs politiques actuels qu’ils sont très peu regardants sur la relève, précise de son côté Rathier Agassounon de Forces citoyennes pour la défense de la patrie (FOCIDEP).
Et comme il fallait s’y attendre, beaucoup de questions sur les réelles motivations de ce combat ont été posées à ces jeunes avant-gardistes dont le discours, quoique conciliant, ne manque pas de mise en garde. Ceux-ci ayant clairement exprimé leur ambition de mener une campagne dans les contrées du pays contre les listes de candidatures qui ne feraient pas la part belle aux jeunes.
Josué F. MEHOUENOU