En passe d’égrener le coton béninois dans les usines togolaises, le gouvernement béninois a fait l’option de sacrifier les emplois et les efforts des producteurs dans les bassins cotonniers béninois. Cela risque de provoquer des agitations sociales.
Jusqu’à présent, la production cotonnière nationale ne dépasse pas la capacité des usines d’égrenage qui fonctionnent dans le pays. Seul le gouvernement sait l’idée qui se cache derrière sa tête en décidant de ne plus égrener le coton produit sur place dans le pays.
La mauvaise nouvelle a été annoncée aux usines privées d’égrenage du coton la semaine dernière par le ministre de l’Agriculture Issa Azizou. Il a dit que le gouvernement n’a pas à les attendre et que son plan B, c’est de transporter le coton béninois dans les usines togolaises pour l’égrenage. Une décision totalement absurde, impopulaire et contre-productive. Elle est lourde de conséquences sur de nombreux plans. Sur le plan social, elle entraîne la suppression des centaines d’emplois. La main d’œuvre locale souvent utilisée dans les usines sera mise au chômage avec comme effets immédiats, la diminution du panier de la ménagère dans les bassins cotonniers, la promotion de la délinquance juvénile. On se demande si Issa Azizou et son chef Yayi Boni se préoccupent réellement du problème de chômage des jeunes. A les voir agir comme ils le font, on conclura que leurs promesses de création de 15000 emplois au titre de l’année 2015, n’est que mystification. L’autre lourde conséquence touche directement les producteurs. L’option envisagée par le gouvernement n’est pas de nature à leur permettre de vendre leur produit au prix qu’ils le souhaitent. Il y a d’énormes risques de pertes de poids une fois le coton acheminé au Togo. Cela pourrait s’expliquer par des vols, l’effritement, le détournement lors du trajet. Le coût de ces pertes est supporté par les paysans. Il y a, du coup, baisse de leurs recettes. En prenant sa décision, le gouvernement n’a pas mesuré les conséquences que cela engendrera. Il n’a pas pensé qu’il y aura des difficultés pour mobiliser les camions pour acheminer la matière première dans les usines étrangères. A l’aller comme au retour. Et, il ne faut pas oublier que les bassins cotonniers (Kandi, Banikoara, Kérou et Péhunco) subiront de plein fouet les effets de l’égrenage du coton au Togo. En dehors du sous-emploi, de la diminution des revenus des paysans, les bassins cotonniers seront plongés dans une crise sociale pouvant déboucher sur des mouvements de colère des populations utilisées comme main d’œuvre et des bouches qui se nourrissent de l’activité de l’égrenage. Comment refuser à quelqu’un qui a perdu son gagne pain d’être mécontent ? Comment priver les populations des revenus auxquels elles sont habituées et ne pas affronter leur colère ? D’autres situations du genre sont difficiles à maîtriser dès que les populations concernées se retournent contre les autorités centrales. C’est pour quoi, l’on prévient des dangers d’agitations sociales à cause du chômage, de l’appauvrissement des bassins cotonniers et du sabotage des efforts des producteurs.
AT