Reckya Madougou (photo), experte internationale en finance inclusive et projets de développement, dans sa croisade pour la promotion de l’économie inclusive est invitée comme conférencière aux quatre coins du monde. Elle a été le 12 février 2015conférencière à la réunion internationale de la Grameen Bank du professeur Mohamed Yunnus à Paris Bercy. Elle y a développé le thème «Quels instruments financiers promouvoir pour garantir les performances sociales ?». Elle a par ailleurs été il y a quelques jours l’invitée de plusieurs médias internationaux dont France 24, TV5 Monde, Itele,TéléSud, UBIZ News, etc.
Nous publions ici un extrait de l’entretien qu’elle a eu avec Tatiana Mossot dans le Journal Afrique de France 24 à Paris. Dans cet entretien, l’ancien ministre de la Microfinance au Bénin montre toute l’utilité et l’importance de la finance inclusive.
France 24 : Reckya Madougou, ancienne ministre, auréolée de plusieurs distinctions internationales. Celle qui fut surnommée « la Miss du gouvernement » sera-t-elle candidate à l’élection présidentielle de 2016 au Bénin ? La question est sur toutes les lèvres. Ce qui est sûr c’est qu’elle va vite et voit loin.
Vous avez été l’égérie du mouvement «Touche pas à ma constitution au Bénin ». Dans le mois de décembre justement, il y a eu des manifestations pour ne pas toucher à la constitution béninoise. Est-ce qu’il y a une possibilité qu’au Bénin, il y ait des mandats ad vitam æternam?
Reckya Madougou : Non. Absolument pas. Le cas du Bénin a été réglé depuis très longtemps. La constitution du Bénin consacre très bien la limitation du nombre de mandats et nous ne sommes pas du tout dans une configuration où un Président de la République puisse faire un mandat ad vitam æternam. Le législateur a bien réglé cette question au Bénin et depuis la conférence des forces vives de la Nation.
Mais si la population est descendue dans la rue, c’est dire qu’il faut quand même de temps à temps en faire une préoccupation ?
Evidemment, la population est absolument dans son rôle, les organisations de la société civile également sont dans leurs rôles pour la préservation des acquis démocratiques et il est normal qu’il y ait des veilleurs de la situation, une vigie citoyenne. Mais il est hors de question en tout cas en l’état de nos textes et en l’état des verrous qui ont été mis, il n’est pas possible pour le Président de la République qui, lui-même d’ ailleurs à plusieurs occasions, a rappelé son attachement à cette Constitution de s’accrocher au pouvoir. En mars 2016, il y aura une nouvelle élection présidentielle qui conduira un homme ou une femme à la tête du pays.
Serez-vous candidate ?
Je suis très surprise par cette question qu’on me pose partout. Pour l’ instant ce n’est pas du tout mon ambition. Mon ambition est d’accompagner les populations qui sont dans le dénuement à parvenir à une meilleure autonomisation et pouvoir contribuer à la création de richesse dans leurs pays, pas seulement au Bénin.
Justement, vous avez une autre casquette, après avoir été ministre, vous avez quitté le gouvernement en 2013, vous êtes désormais considérée comme une experte en finance inclusive. Vous avez aidé déjà le Togo dans la région, est-ce que vous comptez aider d’autres pays ? En quoi cela consiste exactement ?
Avant le Togo, j’avais déjà accompagné plusieurs pays de la sous-région. J’accompagne d’autres pays sur les questions de finance inclusive pour le compte d’organismes internationaux. Il faut comprendre qu’aujourd’hui, la majorité de la population en Afrique surtout au sud du Sahara est une population qui vit dans l’extrême pauvreté. Il est question de les accompagner en terme d’accessibilité aux moyens de production d’ où la notion d’économie inclusive. L’espoir reste grand que l’Afrique améliore ses performances en termes de lutte contre la pauvreté. Mais je demeure persuadée que pour y parvenir la nécessité est absolue que les pays pauvres du continent fassent de plus en plus la promotion d’instruments inclusifs de croissance? On ne peut pas appuyer les populations, ni résoudre les questions d’extrême pauvreté sans apporter une réponse à travers la finance inclusive, qui elle même constitue une réponse de plein fouet contre l’exclusion financière que subissent énormément de ménages dans nos pays. De sérieuses études de perspectives économiques pour 2015 annoncent l’Afrique comme la région du monde qui connaîtra le plus fort taux de croissance. Mais il faut œuvrer à une croissance inclusive, celle qui profitera au grand nombre. C’est mon leitmotiv.
Vous avez quitté le gouvernement en 2013, quels sont désormais vos projets puisque vous étiez très engagée dans le gouvernement ? Vous avez été Garde des sceaux, vous avez été ministre de la microfinance... N’est-il pas dommage quand on est dans l’Exécutif et on est engagé comme vous l’êtes, de quitter cette machine qui permet de faire bouger les choses peut-être ?
Non. Bien au contraire. C’est vrai que c’est une expérience qui permet après tout d’aider les populations mais ce qui est important, c’est qu’il faut savoir capitaliser cette expérience, en tirer les leçons et pouvoir aller de l’avant.
Aujourd’hui je mets cette expérience au service de plusieurs groupes cibles, que ce soit des organismes internationaux comme le Bureau international du travail (Bit) ou le Pnud, des gouvernements, ou le secteur privé, je pense que c’est une formidable chose parce qu’on élargit non seulement le champ de compétences mais également les perspectives et l’expérience.
Source externe