Pour le compte du gouvernement béninois, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Issa Azizou, a procédé hier mardi 24 février, avec le représentant résident de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), Tiémoko Yo, à la signature de trois documents de projets. Tous attendus pour impulser une nouvelle dynamique aux secteurs qu’ils couvrent.
Le projet portant «Elimination des pops et pesticides obsolètes et le renforcement de la gestion du cycle de vie des pesticides», porte sur un montant de 1 830 000 dollars US (1 milliard FCFA) et couvre tout le pays. Son objectif est de minimiser les risques sanitaires et environnementaux posés par les polluants organiques en particulier l’endosulfan et autres pesticides par le biais de l’élimination, en toute sécurité, des stocks existants et le renforcement des capacités en gestion rationnelle des pesticides tout au long de leur cycle de vie. Il en est attendu comme impacts, la sécurisation et l’élimination de pesticides obsolètes au Bénin, la mise en œuvre d’un système de gestion des conteneurs, le renforcement du cadre réglementaire et des capacités institutionnelles en matière de gestion rationnelle des pesticides ; et la promotion des alternatives aux pesticides chimiques.
Il permettra, à terme, d’éliminer au moins 250 tonnes de pesticides obsolètes et les sites hautement contaminés par les pesticides seront dépollués. Précisément, une stratégie de gestion des emballages vides dans les départements du Borgou et de l’Alibori sera élaborée et soumise à la validation ; un système de gestion des emballages vides sera mis en œuvre (collecte, regroupement, rinçage, stockage, transport et recyclage) ; un cadre législatif et règlementaire détaillé pour l’homologation et le contrôle des pesticides tout au long du cycle de gestion des pesticides sera élaboré et soumis au gouvernement pour adoption ; les capacités des services d’inspection et de contrôle des pesticides seront renforcées ; un Comité national de gestion des pesticides (CNGP) sera mis en place et fonctionnel pour la prise en charge des activités post homologation…
Racines, tubercules et filière cunicole aussi
S’agissant du projet «Renforcement des relations commerciales entre les petits acteurs et les acheteurs dans la filière des racines et des tubercules en Afrique», il porte sur 5 000 000 d’euros (3,3 milliards F CFA dont 500 millions F CFA pour le Bénin) mis à disposition par l’Union Européenne et s’étend au Bénin, au Malawi, au Cameroun, à l’Ouganda, au Rwanda, à la Côte d’Ivoire et au Ghana. Il se justifie par le fait que la filière des racines et tubercules constitue l’un des sous-secteurs alimentaires les plus importants dans les régions d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique où sa commercialisation, en tant que stratégie de réduction de la pauvreté dans le cadre du programme «Tous ACP» relatif aux produits de base agricoles menée de 2008 à 2011, a été prouvée à travers le renforcement des relations commerciales entre les petits exploitants et les marchés semi formels et informels. Or, l’urbanisation nationale et régionale galopante constituent le principal moteur de la demande sans cesse croissante des produits de base tels que le manioc, l’igname et la pomme de terre en Afrique. D’après les prévisions de la FAO en 2010, la population urbaine devrait augmenter de 40% à 60% dans 20 ans. Et, selon la Banque Mondiale, les marchés urbains des denrées alimentaires pourraient quadrupler au cours des deux prochaines décennies.
Ce qui signifie que les marchés nationaux et régionaux offriront d’importantes opportunités aux producteurs africains. Dans ce contexte, ce projet aidera à améliorer les moyens d’existence des petits agriculteurs engagés dans les chaînes de valeur des racines et des tubercules dans les pays concernés. Concrètement, la mise en œuvre du projet devrait favoriser un alignement des stratégies nationales et régionales aux initiatives qui soutiennent le développement d’une meilleure intégration du marché régionale de la filière des racines et tubercules dans les régions ACP d’Afrique. Un renforcement de la compétitivité et de la viabilité des chaînes de valeur des racines et tubercules à travers l’amélioration des modèles d’entreprise inclusifs, l’intensification durable de la production, la capacité des PME et des organisations paysannes. De même qu’une amélioration de l’accès des petits agriculteurs aux services d’information et de financement, et un accès des petits producteurs aux instruments de gestion des risques climatiques.
Quant au projet «Appui à la professionnalisation de la filière d’Elevage cunicole au Sud-Bénin (APFECS), il est financé directement par la FAO et porte sur un montant de 339 000 dollars US soit environ 200 000 000 F CFA. Il vise à améliorer, dans sept communes réparties dans 4 départements du Sud-Bénin, la production, la productivité et la compétitivité des élevages cunicoles ainsi que les revenus des producteurs, des transformateurs, des commerçants et autres acteurs impliqués dans la fourniture de biens et services à la filière cunicole.
Gratitude du Bénin
Pour Tiémoko Yo, plusieurs domaines d’intervention sont couverts par la coopération entre la FAO et le Bénin, avec des projets retenus d’accord parties et portant sur des domaines prioritaires. Ici, il s’agit du renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la gestion durable des ressources naturelles et du renforcement des capacités institutionnelles et des acteurs du secteur agricole. Tiémoko Yo fait remarquer que ces trois projets auront de réels impacts sur l’amélioration de l’agriculture béninoise.
Heureux des perspectives positives qu’annoncent ces projets, le ministre Issa Azizou se répand en remerciements à l’endroit de ce partenaire stratégique dont l’appui au Bénin est essentiel. Relevant la pertinence des projets, notamment celui relatif à l’élimination des pops et pesticides et au renforcement de la gestion du cycle de vie des pesticides, il prie les acteurs concernés de faire en sorte que pour compter de la campagne agricole en cours, les pesticides soient acquis dans la juste proportion des besoins afin que la gestion des stocks ne devienne plus un problème.
Wilfried Léandre HOUNGBEDJI