Les différentes listes de candidatures pour les législatives 2015 devraient être prêtes et déposées ce 24 février 2015, date buttoir. Tous les partis et alliances de partis politiques y sont suffisamment édifiés.
C’est depuis hier qu’est intervenue à minuit, la clôture du dépôt des dossiers pour les élections législatives, 7ème mandature. Trois visages se dégagent de la lecture des différentes listes en compétition pour le palais des Gouverneurs à Porto-Novo.
Point n’est besoin de rappeler les critères qui ont présidé aux choix opérés pour la constitution des listes. Des critères taillés par endroits sur mesure, pour peut-être permettre que quelqu’un plutôt qu’un autre soit positionné, bien positionné. L’exercice a été difficile, étant dominé par le stress, la foi, la conviction, la subjectivité aussi, le doute et l’inquiétude, l’anxiété même. Mais enfin, les listes ont été accouchées, dans la douleur particulière. Elles présentent dans la plupart des cas des grands ensembles, trois figures : il y a ceux qui ont rageusement négocié et obtenu leur positionnement ; il y a ensuite ceux qui, malgré leurs multiples démarches, n’ont pas réussi à passer cette étape ; entre ces deux camps se trouvent ceux qui, de guerre lasse, ont reçu des positions inattendues, c’est-à-dire inespérées.
Si pour certaines formations politiques l’exercice a été fait sans coup férir, telles le PRD de Me Adrien Houngbédji, ou encore Alternative citoyenne ou la Renaissance du Bénin (RB) des Soglo, pour d’autres ensembles tels les FCBE de la mouvance au pouvoir, le critère dominant reste la fidélité au chef, non la représentativité. Ceci est interprété dans l’opinion comme une mauvaise gestion des ressources à faire valoir dans l’univers politique national.
De façon générale, cette importante opération de positionnement sur les listes de candidatures a été une sérieuse épreuve des partis, surtout qu’il y est question de gérer et des humeurs, et des ambitions parfois démesurées.
Résultats, des listes qui devraient paraitre ridicules ont reçu de sérieuses candidatures à cause de l’exigüité des places disponibles, au détriment des grands ensembles. Du coup, la joute électorale s’annonce épique entre frères d’hier.
De même, les déçus ou déchus de leurs ambitions qui se retrouvent aujourd’hui à jouer les seconds rôles, blessés qu’ils sont dans leur amour propre. Très remontés pour certains d’entre eux, ils vont jouer contre leur propre camp, même ostensiblement. Laissés en rade, ils sont comme des chiens enragés. Aux FCBE, ceux qui manquent de courage et de force pour se venger pour leur déchéance de la liste, joueront en souterrain.
Par ailleurs, ceux qui n’ont pas reçu les positions escomptées, quant à eux, baisseront la garde, courberont l’échine face aux adversaires les plus minables. Ils feront économie de moyens parce que démoralisés. Leur chance de gain étant réduite, ils ne pourraient plus s’investir comme ils le pouvaient. C’est là que gît l’ascendance des « petits » sur les soi-disant « grands » déjà fragilisés par la mauvaise gestion des ressources humaines dans cet important tournant où se joue l’avenir politique de quelqu’un.
Les jours à venir réservent de grosses surprises. Les politiques ont plus de mille tours dans leur sac. Les choix opérés par les soins de dirigeants s’ils ne sont pas francs ou ne répondent à la réalité du terrain, subiront le revers de l’opération. Partant, ils entraineront la dislocation certaine des partis. Et la politique béninoise montrera son vrai visage.
La problématique du positionnement des jeunes et des femmes
Plus les échéances des 26 avril et 31 mai 2015 approchent, plus le débat s’anime quant au positionnement des jeunes et des femmes. Si les femmes ont mis en débet le micro, tel n’est pas le cas des jeunes qui haussent le ton.
Une étude de la représentativité des élus au parlement et au niveau communal, municipal et local montre que, la proportion des femmes et des jeunes est faible. Celle des femmes l’étant encore plus que celle des jeunes.
Dans le cadre des prochaines élections, la jeunesse hausse le ton au sein de certains partis pour que les gérontes vautrés dans les instances décisionnelles de leur parti se ravisent. C’est pourquoi, les jeunes ne veulent plus se faire duper par les promesses fallacieuses et celles rejetant le positionnement de certains d’entre eux, aux calendes grecques. Ils ne veulent plus seulement servir de coursiers à leurs aînés, encore moins de démarcheurs expérimentés des voix des électeurs hésitants dans les différentes circonscriptions électorales où, leurs partis sont représentés. Ils réclament désormais que les gérontes leur accordent plus de considération et aient plus confiance en eux.
Aussi, refusent-ils la portion congrue qui leur est réservée ! Ils entendent aller à l’assaut de l’Assemblée nationale et dans les instances en rapport avec la décentralisation en grand nombre afin de les rajeunir en âge et en idées de développement. Ils se veulent les pionniers d’une nouvelle race de politiciens impliqués dans la gestion des affaires de la cité. Une chose est de vouloir, une autre est de pouvoir. Combien sont-ils réellement au sein de ces partis à avoir l’étoffe de candidats crédibles, de l’acteur politique national dont ils se réclament ? Ont-ils les ressources morales, les bases électorales et les moyens financiers de leur ambition ? Sont-ce des ambitieux qui pensent comme beaucoup d’autres que, la politique est l’un des moyens les plus rapides pour s’enrichir et se faire un nom ! Ce qui n’est pas toujours vrai ?
En parlant des femmes, leur sort semble scellé. Des différents prétoires de défense de la cause des sous-représentés, les jeunes montés au créneau sont quasiment restés silencieux sur leur sort. Sont-elles prises en compte dans les réclamations effectuées où sont-elles minorisées comme c’est le cas habituellement ? Malheureusement, ni la constitution béninoise, ni un texte de loi voté à l’Assemblée nationale encore moins une instruction de la Commission électorale nationale autonome (CENA) et surtout pas une injonction de la Cour Constitutionnelle ne précisent le pourcentage de représentativité des vieux, des jeunes et des femmes. Et il est à craindre que, le schéma classique jusqu’à présent respecté perdure encore ! Seuls les instances de décision des partis ont l’autorité de clarifier les débats en décidant de la conduite à tenir.
Assoiffés de pouvoir politique, la jeunesse et les femmes doivent comprendre que le pouvoir se conquiert. Aussi, doivent-ils comprendre que la longueur du chemin à parcourir pour la conquête du pouvoir dépend de leur ténacité, de leur volonté et de leur jusqu’auboutisme ! Qu’ils ne s’attendent surtout pas à voir leur parti leur ouvrir grandement les portes de leur positionnement ! Ne dit-on qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années!
Félix MAHOUGNON
& Kolawolé Maxime SANNY