A la demande de certaines organisations syndicales, le gouvernement et les représentants des travailleurs étaient face à face hier, lundi 2 mars à l’Infosec à Cotonou. Principales préoccupations à l’ordre du jour de cette rencontre, la question de l’incitation à la fonction enseignante et des 25% réclamés par les travailleurs. La concertation n’a pas duré longtemps et on peut en retenir que les responsables syndicaux ont émis le vœu d’aller soumettre à leurs bases respectives, les nouvelles propositions du gouvernement qui a exprimé son incapacité à satisfaire à cette demande.
Les divergences entre responsables confédéraux ont failli porter un coup dur à la séance de négociation gouvernement/syndicats organisée hier à l’Infosec. Une fois encore, Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou, Noël Chadaré, Paul Essè Iko sont venus étaler au grand jour leurs éternelles divergences, du moins, la guerre des clans qui sévit en leur sein. On pouvait ainsi noter d’un côté, seul face aux autres, le secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (CSTB), Paul Essè Iko. Et comme s’il s’était douté de quelque chose, il était venu lui aussi «en conséquence», renforcé par une poignée de militants. Lesquels, dehors banderoles et pancartes à la main, scandaient des slogans hostiles aux membres du gouvernement présents, au chef de l’Etat et aux responsables des autres confédérations syndicales qui, à les en croire, ne militeraient pas pour la cause des travailleurs. «Leur message était clair : appliquer aux enseignants les 1,25% comme cela l'a été pour tous les autres travailleurs».
Tension !
Le bruit de leurs vuvuzelas ne permettant pas une bonne ambiance de travail et une bonne écoute, le ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur, François Abiola, avait même souhaité que leur premier responsable aille leur faire entendre raison. «Nous avons déjà entendu leurs revendications», avait-il adressé à Paul Essè Iko. Mais celui-ci estime que les manifestants sont dans leurs droits et qu’il revenait à l’autorité d’aller à leur rencontre pour se mettre au parfum de leurs doléances. Aucun membre du gouvernement n’accèdera à cette demande. Et c’est dans cette ambiance que la séance a été ouverte par le ministre d’Etat en présence de ses collègues de l’Economie et des Finances, de la Santé, de l’Enseignement secondaire, de la Fonction publique, de la Justice, du Développement, de la directrice de cabinet du chef de l’Etat et des autres membres de la commission paritaire. Passé ce premier incident vite maîtrisé, l’assistance a eu droit à des invectives à peine voilées entre responsables syndicaux avant que l’ordre du jour de la séance ne soit clairement défini.
Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin) a ainsi, par exemple, déploré à demi-mot le bruitage orchestré dehors et estimé que cela ne devrait pas avoir droit de cité, puisque la paternité de la séance revenait à lui, à Pascal Todjinou, Noël Chadaré… a-t-il soutenu. «On peut ne pas s’entendre, mais nous voulons négocier sérieusement», a-t-il conclu.
Légère avancée !
L’ordre du jour de cette session extraordinaire, tel qu’annoncé par le ministre François Abiola se rapporte essentiellement à l’incitation à la fonction enseignante. Les autres points de revendication, selon lui, pouvant être débattus au cours d’une session ordinaire. Dès cet instant, et comme à l’accoutumée, les médias sont tenus loin de la suite des discussions. Après environ une heure d’échanges, interviendra une suspension de quinze minutes. Laquelle, visiblement, devrait permettre aux représentants des travailleurs d’échanger entre eux. Ils le feront bien loin des regards avisés, tous sauf les représentants de la CSTB. Rien ne filtrera non plus de cette concertation à laquelle succédera un peu plus tard, la suspension des travaux.
Selon le ministre d’Etat François Abiola, le gouvernement a exprimé clairement son incapacité, eu égard aux disponibilités financières actuelles du pays, de concéder les 25% aux enseignants tel que souhaité par ceux-ci. En lieu et place, il leur propose une prime de 10.000F CFA par enseignant. Pour lui, c’est déjà un effort même si cela n’est pas suffisant. Cette nouvelle proposition passera-t-elle ?
Les deux parties se donnent rendez-vous mardi prochain pour connaître de la suite. Le temps pour les responsables confédéraux syndicaux de retourner vers leurs mandants. «Il faudrait que nous retournions à la base pour rendre compte», a laissé entendre Dieudonné Lokossou à la fin des travaux. Entre temps, il est aussi envisagé la mise en place d’une commission pour étudier des modalités d’élaboration d’un statut particulier aux enseignants. Mais Paul Essè Iko, lui ne voit pas pointer encore le bout du tunnel. «Nous n’avons jamais demandé une incitation à la fonction enseignante. Nous réclamons les 25% accordés à tous les travailleurs», revendique-t-il de son côté.